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2015 : les communismes comme combats : une exploration des voies de la révolution
6 juillet 2014 le monde à l'envers, esquisses théoriques j'appelle à un approfondissement des problèmes liés à la communisation, à la
refondation et à la reformulation de ses approches théoriques, faute de quoi le concept sera confronté à sa dégénérescence comme toute progéniture de mariages consanguins
« - On s' amusait, nous. On inventait nos jeux et nos chansons. C'était jamais pareil. Ton père disait que ceux qui ne savent plus rien faire que
remâcher le caca des autres, ils sont déjà morts. » « Elle avait le défaut des tempéraments riches, elle brouillait, ouvrait des portes et partait sans les refermer, mais c'était le contraire
de l'incohérence, elle savait très bien où elle allait. » Jean Meckert (Jean Amila) Comme un écho errant 1986 p. 164 et 160
« Et puisque je parle de communisme, le concept de dictature du prolétariat nous rappelle aussi, et par dessus tout, que le communisme n’est pas un mot, ni un rêve pour on ne
sait quel avenir perdu. Le communisme est notre unique stratégie, et, comme toute stratégie vraie, non seulement il commande aujourd’hui, mais il commence
aujourd’hui. Mieux : il a déjà commencé. Il nous redit le vieux mot de Marx : le communisme n’est pas pour nous un idéal, mais le mouvement réel qui se produit sous nos
yeux. Oui, réel. Le communisme est une tendance objective déjà inscrite dans notre société. La collectivisation accrue de la production capitaliste, les formes d’organisation et de lutte
du mouvement ouvrier, les initiatives des masses populaires, et pourquoi pas certaines audaces d’artistes, d’écrivains, de chercheurs, ce sont dès aujourd’hui des esquisses et
traces du communisme. » Louis Althusser Conférence sur la dictature du prolétariat à Barcelone 1976
13 août 2015
nous appelons COMMUNISME DÉCOLONIAL le mouvement des luttes au présent qui, dans la DOUBLE CRISE de l'OCCIDENT et du CAPITAL, transforment en permanence la perspective révolutionnaire d'abolition du capitalisme comme
totalité économique et sociale, politique et sociétale, l'exploitation et les dominations le constituant comme structure à dominante et idéologie (structure of feeling) : exploitation du prolétariat, expulsion des
'nègres du monde', dominations masculines et racialistes, aliénation des individus, destruction de l'humain et du
vivant
l'ensemble des dossiers est dans le forum-livre
éponyme
COMMUNISME DÉCOLONIAL

PLAN COMPLET (état 10 août 2015)
COMMUNISME DECOLONIAL, LIVRE OUVERT
dans la DOUBLE CRISE du CAPITAL et de l'OCCIDENT,
pour une reformulation permanente de PERSPECTIVES RÉVOLUTIONNAIRES,
il n'y a que les LUTTES !
avertissement : dans chaque catégorie, l'ordre des sujets dans les catégories qui s'affiche est fonction des messages les plus récents
OBJECTIFS, DÉFINITIONS, PLAN COMPLET. Quelles ruptures théoriques et quelles luttes ?
- PLAN COMPLET du LIVRE-FORUM-JOURNAL...
- COMMUNISME DECOLONIAL : abandon du concept de communisation, pas de communisme sans décolonisation, pas de décolonialités sans communisme
- dans la DOUBLE CRISE de l'OCCIDENT et du CAPITAL, une reformulation permanente des PERSPECTIVES RÉVOLUTIONNAIRES
- objectifs : pourquoi ce livre-forum, ce plan, ces catégories et ressources ? Structure dynamique, cohérence d'un chantier permanent
- une "méthode" DIALECTIQUE DYNAMIQUE et COMPLEXE des CONTRADICTIONS, analyse de DÉPASSEMENTS à PRODUIRE
- pourquoi pas un LIVRE ?
- communisation janvier 2015 : texte de rupture/ouverture théorique, communiste et décoloniale - Patlotch
- principes pour les discussions
ACTUALITÉS : dans le moment présent du capitalisme, des colonialités, et des luttes, ou pas...
LUTTES, ANALYSES et THÉORIES, STRATÉGIES et ACTIVITÉS : QUE FAIRE ?
I. ANALYSES et THÉORIES des LUTTES, STRATÉGIES et ACTIVITÉS : QUE FAIRE ?
- STRATÉGIES COMMUNISTES et DÉCOLONIALES... THÉORIE POLITIQUE et LUTTES RÉVOLUTIONNAIRES...
- sur le 'THÉORICISME' : on ne peut réaliser la théorie sans la supprimer
- RAYMOND WILLIAMS : une longue révolution... un lien théorique essentiel entre critique marxiste de la société et critique décoloniale !
- PENSER-LUTTER-TRANSFORMER, avec Henri Meschonnic
- LES DERNIERS FEUX du MILIEU THÉORISTE RADICAL POST-ULTRAGAUCHE : une LONGUE IMPOSTURE !
- ÊTRE ou NE PAS ÊTRE "RÉVOLUTIONNAIRE" : qu'en est-il ?
- pour en finir avec les PROFESSEURS en révolution et les ÉDUCATEURS SOCIAUX encadrant les radicalités
- un MANIFESTE révolutionnaire ? des "so called marxistes", "anarchistes", et autres "communisateurs" faisons table rase...
- L'ANTI-COMMUNISME nouveau est arrivé : Woland de Sic en Syrisa, Corcuff anarchiste d'État... Homs, Wajnsztejn, Dréan, et "anarchistes" lavant plus blanc, communisation identitaire européenne ? "ultra-gauches" et "communisateurs" off-side
!
- Théorie et enquête, Crise et enquête... Viewpoint Magazine : bonnes nouvelles d'Amérique ?
- pour en finir avec la théorie de la COMMUNISATION
- "Que faire en période non-révolutionnaire ?" troploin 'Le Tout sur le tout' 2010
- du 'maximalisme ULTRAGAUCHE', un DOGME du 'Prolétariat universel', entre pertinence et aberrationscritiques
- de l'AUTOGESTION et de l'AUTONOMIE, Autonomie et "Principe espérance" (Bloch)
- COMMUNISATION et WERTKRITIK (CRITIQUE de la VALEUR) : entre 'vases vides' et 'outres gonflées' par le vent
- L’hypothèse communiste et la question de l’organisation / The Idea of Communism and the Party-Form (on Negri/Hardt...)
- critique de l'INTERVENTION par Théorie Communiste, 2008, 2010, et autres considérations de 1981 à aujourd'hui
- Trapped at a Party Where No One Likes You, Communist in Situ 2015
II. LE MOMENT ACTUEL et les LUTTES, textes et discussions
- L'IDÉOLOGIE FRANÇAISE de l'extrême-droite aux anarchistes, avec Théorie Communiste (Roland Simon)... Todd... Alain Bertho... contre les temps a-critiques
- la République et l'Idéologie française en images : Maréchal Gavroche, nous voilà !
- SYRISA en Grèce, PODEMOS en Espagne... Et la France radicale de gauche ? Quel paradigme en Europe ? Une leçon d'histoire au présent
- dans la CRISE, des LUTTES : grèves, manifestations, occupations...
- QUANTITÉS et QUALITÉS, SEUILS... DÉMOGRAPHIES et GÉOSTRATÉGIES du capital et des luttes
- LE NÉO-POPULISME et le FASCISME FRANÇAIS, la nébuleuse anti-système entre extrême-droite et "ultragauche", écolo-national-anarchisme... entre racisme et anti-racisme abstrait...
- "QUARTIERS POPULAIRES", PROLOPHOBIE RACIALISÉE : histoire, témoignages, luttes et théorie-
- ÉMEUTES, Riots... / 2005, 10 ans après... / VIOLENCES POLICIÈRES...
- émeutes et revendications, à propos de la Suède...
- un retour du PROGRAMMATISME ? et les néo-trotskistes libertaires, Bihr, Corcuff... ANARCHISME D'ÉTAT
- d'une plongée dans le Club Médiapart de l'Idéologie française : des fins et de la suite dans les idées
CLASSES et CAPITAL : comme 'économie politique', pas de capitalisme sans EXPLOITATION du prolétariat
- PAUVRETÉ et RICHESSE : un produit de l'exploitation capitaliste, du racisme, du sexisme
- des "CLASSES MOYENNES", encadrement, prolétarisation, trans-classisme et prolophobie racialiste
- au boulot !? et si l'on parlait du TRAVAIL ?... des précaires, des chômeurs, des expulsés, des morts...
- IM)MIGRANT.E.S, (im)migrations, 'transnationalisme' et 'précariat globalisé' / Refugee Movement
- travailleuses et travailleurs DOMESTIQUES / Servants / Domestic Workers 7 Admin 71 le Ven 31 Juil - 18:16
- le TRAVAIL TUE plus que les violences policières 4 Admin 72 le Ven 31 Juil - 16:27
- ÉCONOMIE POLITIQUE, quand tu nous tiens : et la CRISE ?
- les ROBOTS contre le prolétariat ? mais... quelle plus-value ?
- 'STRUCTURE à DOMINANTE', CONJONCTURE, "STRUCTURE of FEELING'... (Althusser, Gramsci, Raymond Williams, Stuart Hall...)
- RESTRUCTURATION du CAPITAL mondial et perte de SUPRÉMATIE OCCIDENTALE : et la Chine, l'Inde, les BRICS, l'Afrique... ?
- les ENFANTS au TRAVAIL dans le monde
- PROLÉTARIAT : je t'aime, un peu, beaucoup... à la folie... pas du tout ?
- "le PRÉCARIAT définit le SALARIAT" : Seuls 25% de tous les travailleurs du monde ont un emploi stable
- la société est générale, critique poétique de l'économie politique
- économies parallèles, mafias, États "corrompus"... encore le capitalisme
- implication réciproque : Théorie de la régulation, ou de la collaboration des classes ?
- la grève historique du rail souligne la radicalisation des conflits en Allemagne
- où en sont-ils dans la crise ? Tout va très bien, Madame la Marquise
- ruptures dans "la société capitaliste", crise et réactions antisociales, antisociétales, contre-culture...
ÉTAT, POLICE, ARMÉE, MÉDIAS, DOMINATIONS des populations : Impérialisme ? Colonialisme ? Fascisme ? Critique de la démocratie politique
- combattre l'État, c'est combattre le capital, et réciproquement...
- critique de la DÉMOCRATIE POLITIQUE, de la République, et de la politique
- VILLES et DISQUALIFICATIONS : pauvreté, immigration, marginalité urbaine, banlieue, intégration et colonialisme
- l'IDÉOLOGIE
- ÉTAT TRANSNATIONAL, GÉOSTRATÉGIE et capitalisme global : "néo-impérialismes" ?
- des ÉTATS aux ambitions HÉGÉMONIQUES ?
- mais où est l'État ?!! « L'ÉTAT PROFOND » : késako ?
- informations, déformations, "complots" et "révélations" : les MÉDIAS, les journalistes, et l'idéologie
- SURVEILLANCE de la POPULATION, mesures sécuritaires et liberticides, caméras, écoutes, numérique...
- abolir les PRISONS : contre tous les lieux d'ENFERMEMENT
- MILITARISATION de la POLICE et contrôle des populations, L'INDUSTRIE RACIALE DES PRISONS
- LUTTE ANTITERRORISTE : la grande imposture
- GUERRES, «nos» armées et les autres... Guerre pour l'économie... guerres idéologiques, etc.
- SOUVERAINISMES, NATIONALISMES, POPULISMES, SÉPARATISMES...
- (ANTI-)IMPÉRIALISMES en AFRIQUE... et l'AMÉRIQUE LATINE ?
- la théorie de la communisation et la question du FASCISME, Cherry Angiona 2012
- implosion du paradigme politique gauche/droite ? décomposition institutionnelle ?
- the Ends of the State / L'État et la stratégie de la révolution. Rountable 2014
DÉCOLONIALITÉS pour des COMMUNISMES PLURIVERSELS, sans frontières et sans classes
>> COLONIALISME, RACISME, COLONIALITÉS et CAPITALISME d'hier à aujourd'hui
- LA LOGIQUE COLONIALE FRANÇAISE d'hier à aujourd'hui 8 Admin 62 Aujourd'hui à 3:54
- CAPITALISME et COLONIALISME : quelques aspects d'un mariage durable, de raison et d'amour
- 'RACES' et rapports de CLASSES, racisme structurel, racisme systémique, racisme d'État...
- les "BLANCS" forment-il une 'race' à part ? Whiteness ? BLANCHITÉ ?
- repenser le RACISME et l'ANTIRACISME, dépasser la racialisation et abolir le racialisme : auto-organisation !
- COLOR LINE, W.E.B Dubois
- contre l'ANTIRACISME UNIVERSEL INCOLORE HUMANISTE ou PROLÉTARIEN et le matérialisme abstrait, les luttes décoloniales (limites du PIR et environs)
- CLASSES, 'RACES', FEMMES aux USA... Luttes, émeutes... Riot Ferguson, Baltimore...
- races, classes, femmes et dieux, vus de mon quartier : photographies et poèmes
- La construction étatique d’une hiérarchisation « des racismes » et autres textes de Saïd Bouamama
- Black Feminist Revolution in Japan ?... Immigration et racisme, immigration et robotisation
- Guadeloupe: réquisitoire du LKP contre François Hollande
>> les LUTTES DÉCOLONIALES, le MARXISME et le COMMUNISME : définitions et problématiques
- DÉCOLONISER les ESPRITS et les SAVOIRS = Deconstructing Colonial Mentality
- critiques décoloniales de l'INTERSECTIONNALITÉ et du POST-COLONIAL
- DÉCOLONIALITÉ, vue des DOGMES 'marxistes', 'anarchistes' et féministes eurocentristes... et la 'communisation' ?
- DÉCOLONIALITÉ : introduction, définitions, textes... et la LUTTE des CLASSES ?
- PERSPECTIVE COMMUNISTE PLURIVERSELLE, transfrontière et transmoderne
- des usages "réformistes" de la critique décoloniale
- LUTTES DÉCOLONIALES, FÉMINISTES et contre la RACIALISATION... Vers l'auto-organisation ?
- DÉCOLONISER l'ANARCHISME et les "COMMUNISATEURS"... Les anarchistes, le racisme et l'antiracisme, l'antisémitisme et l'antisionisme, le colonialisme et les luttes décoloniales
- pour une THÉORIE DÉCOLONIALE du COMMUNISME : décoloniser les théories de la révolution
- transmodernité, pensée-frontalière et colonialité globale : altérités épistémiques et capitalisme global
- CULTURE, "Siècle des Lumières", and EUROCENTRISME : "The universality of Marx" Loren Goldner 1989
FEMMES, CLASSES, COLONIALITÉS : la DOMINATION MASCULINE => auto-organisation...
SEXE, GENRE et CAPITALISME / FÉMINISME et MARXISME, avec Cinzia Arruzza... Limites de théories réductrices ou totalisantes / Et le "féminisme matérialiste" ?
- FÉMINISMES DÉCOLONIAUX... Critique du concept de "genre"...
- FÉMINISME et ISLAM, VOILE... FÉMINISME et RACISME...
- la DOMINATION MASCULINE dans le monde
- la DOMINATION MASCULINE en FRANCE, sexime, machisme, violences... Madame domestique...
- FÉMINISME et COMMUNISATION, Constance Chatterley janvier 2015 : actualité de la théorie communiste, femmes et luttes de classes, critique de la famille, de la "théorie du genre", etc.
- FEMMES : CORPS à prendre ? CORPS à vendre ? CORPS à ventres ? CORPS à aimer ? CORPS à danser ? CORPS à jouer... de quoi de quoi ?
- luttes des FEMMES... AUTO-ORGANISATION ?
- travailleuses et travailleurs DOMESTIQUES / Domestic Workers => renvoi au sujet pour info
- féminisme, marxisme, communisme... Révolution ! avec Nicole-Edith Thévenin
- 'paternalisme lubrique' ou domination mâle sur des 'privilégiéEs' ?
- "Mère ou domestique, le rôle de la femme à Singapour reste soumis aux valeurs patriarcales"
- le site INCENDO, beaucoup de genre, un manque de classe : un coup de la sorcière ?
IDENTITÉS, PARTICULARITÉS et CLASSES, NATIONS, RELIGIONS, PARTIS... : DÉPASSEMENTS à PRODUIRE
'DÉPASSEMENTS à PRODUIRE' : un concept capital renouvelé par la DIALECTIQUE COMPLEXE de Patlotch / 'Temps critiques' dans l'idéologie française anti-dialectique, 'Théorie Communiste' dans son carcan structuralo-conceptuel, ces 2 TC
impénitents eurocentrés
- ANTISÉMITISME, SIONISME, antisionisme... Identité juive... Judaïsme... Juifs anti-colonialistes et décoloniaux...
- ISLAM, un ennemi idéal : « EUX » et « NOUS »... l'«ISLAMOPHOBIE» en question
- Claude Guillon, un cadavre : l'anarchisme communautariste et l'identité non dépassable ? Yves Coleman : Patlotch raciste... le surf des bobos anars dans l'idéologie française universelle... de cheval blanc
- ANARCHISTE ou COMMUNISTE ? Quel BESOIN d'un NOM ?
- sur « LA RELIGION, OPIUM DU PEUPLE », athéisme, communismes et religions, idéologie...
- Prolétariat et Classes, PEUPLES et NATIONS
- contre les fragmentations d'un potentiel sujet révolutionnaire, pour la subjectivation révolutionnaire, œuvrer à la transversalité de l'activité des communistes
l'HUMAIN', l'AGRICULTURE, la 'NATURE', la SCIENCE et le 'PROGRÈS' : destruction ou communauté du vivant ?
- le 'PROGRÈS', la SCIENCE, l'HUMAIN et le capital... TRANSHUMANISME sans frontières humaines
- AGRICULTURE, PAYSANS, capitalisme et luttes pour la TERRE
- POLLUTIONS: ras-le-bol ! bols d'air, bols d'eau... qui valent de l'or
- L'ÉCOLOGIE RÉVOLUTIONNAIRE, ça n'existe pas ? Jean Zin
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- DÉSASTRES "écologiques" du colonialisme et du capitalisme
- l’écosocialisme entre théories révolutionnaires et alternative capitalisme verte 4 Admin 72 le Mar 30 Juin - 12:43
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- "La nature n’existe pas" Paul Guillibert
- Marx écologiste ?... le marxisme actuel a abandonné le "productivisme
- L'«HUMAIN», un RAPPORT intrinsèque à la «NATURE» à créer
L'INDIVIDU au-delà de L'INDIVIDUALISME => "Je est des autres" : « Ni l'un, ni l'autre, mais quelque chose au-delà »
- "l'individualisme révolutionnaire", et autres serpents à sornettes
- Philosophie, aliénation et néocapitalisme : entretien avec Stéphane Haber
- pour et par les individus 2011-2012 et autres textes depuis 2004 Patlotch
- Organizing and Identity: Intersections, Eviscerations and Individuality
- "l'individu chez Marx" Noun de Los Cobos 1997-98, "Marx philosophe de l'intersubjectivité", Jad Hatem 2002
RÉVOLUTION de la POÉTIQUE et POÉTIQUE de la RÉVOLUTION de Guy Debord à Patlotch... JAZZ... RAP...
- L'ARTISTE ? UN CADAVRE ! un renversement poétique et révolutionnaire de Guy Debord à... Patlotch...
- PATLOTCH : UN CADAVRE ! Mise à mort de "l'artiste" par lui même (sur Guy Debord et la révolution poétique)
- POÈMES : ŒUVRES-SUJETS performatrices (Meschonnic) / POÉTIQUE de la RELATION (Édouard Glissant)
- JAZZ et COMMUNISME : une matrice de la poétique révolutionnaire / la révolution comme 'œuvre-sujet'
- ŒUVRES-SUJETS PERFORMATRICES en ARTS : des usages révolutionnaires ? JAZZ... RAP...
- PENSÉES diverses à marier sans modération
- LITTÉRATURE INDISCUTABLE : bonnes pages et mauvais esprits
- LIVRES : ya pas photo ? mon œil !
LIENS communisme, décolonial, féminisme, écologie radicale et autres ressources
- liens communisme, révolution, et alentours (ex "communisation")
- décolonialité, critique post-coloniale et subalterne... et marxisme
- liens 'féminisme' dans une perspective révolutionnaire
- liens 'écologie radicale'
- 'ressources' et sources d'infos diverses
PROBLÈMES du forum, propositions, réclamations, insultes...
- la vie du forum : visites, réception, conseils, mises à jour, etc.
- Problèmes ? Suggestions ? Hurlements en faveur de Patlotch ? Insultes ?
- présentation, lisibilité, couleurs...
- 'droits' des invités
26 avril
de la lutte à la tôle, contre l'État de la classe du racisme
« L’autonomie italienne n’est pas à mon sens le moment le plus haut de cette période, sa synthèse. L’Italie
n’avait plus de colonies dès 1943 mais il y a bien à la base un rapport entre les ouvriers du sud et ceux du nord. À un niveau global, ce sont les Black Panthers qui nous donnent
la synthèse de l’époque » Oserons-nous vaincre ? dndf 9 avril 2015
De la répression à la révolution : un discours de Kenneth Cockrel 1970 revue Période 23
avril
à mon ami Motherlode, musicien/compositeur afro-américain de Detroit, FreeJazzInstitute : Music and Theory Analysis, Original Compositions - sketches, scores, and recordings

Originalement paru dans Kenneth V. Cockrel, « From repression to revolution » [libcom], Inner City Voice (1970), Detroit Revolutionnary Movements Collection, The Walter P. Reuther Library of Labor and Urban
Affaires, Detroit. Traduit de l’anglais par Clément Petitjean
Face à la forte vague de répression qui s’abat alors sur les mouvements radicaux noirs et aux réactions entachées de romantisme qu’elle suscite parfois, Kenneth Cockrel insiste dans ce discours sur la
nécessité d’un programme et d’une stratégie révolutionnaires se donnant pour objectif la prise du pouvoir. Organiser les travailleurs dans les usines et dans la société, exercer une pression massive sur la police et
la justice sont en effet pour Cockrel les meilleurs moyens de lutter contre la répression. Car, pour mettre fin à celle-ci il faut en définitive en détruire la source : l’État et les rapports d’exploitation. Ce
discours prononcé à Détroit en 1970 constitue un témoignage précieux sur l’expérience politique de la Ligue des travailleurs révolutionnaires noirs, dont le livre prochainement publié aux éditions Agone, Détroit : pas
d’accords pour crever, retrace l’histoire.
Une critique nécessaire / Du besoin révolutionnaire d’éviter les arrestations / Sur la révolution à Detroit / Pris pour cible / Sur la première des
responsabilités
Kenneth Cockrel, Sr. (at left) with Detroit hero Hayward Brown, who fought STRESS and police-operated drug houses;
Cockrel, Sr. got him acquitted at trial after his comrades John Percy Boyd and Mark Clyde Bethune were killed by police
en relation Etats-Unis : violences à Baltimore après la mort d’un Noir arrêté Libération 26 avril
2015
.
21
avril
anarchistes contre le capital et l'État
Loi sur le renseignement : halte au pilonnage de nos libertés individuelles et collectives Coordination des groupes anarchistes Anarkismo 21
avril
Sous couvert de lutte antiterroriste, c'est bien contre tout mouvement de contestation sociale et politique que l’État se prémunit, renforçant son rôle de protecteur des classes dominantes, de garant de leurs
privilèges, de bras armé du capitalisme. En assurant les cadres de notre exploitation, en organisant la précarité généralisée et le creusement des inégalités sociales, ce sont l’État et le capitalisme qui menacent tout d'abord
notre sécurité.
Exigeons le retrait de ce projet de loi et de toutes les lois sécuritaires et liberticides !
Résistons à la surveillance, à la répression, et à la criminalisation des mouvements sociaux !
Le 20 avril 2015,
Relations Extérieures de la Coordination des Groupes Anarchistes
4 avril
méchants dirigeants et bons dirigés ? Imposture ou Idéologie ? 17:35
« les luttes sont impures comme le sang qui les abreuve, les sillons de la pureté anarchiste ou théoriste creusés dans le vent
» blasflemme du pro-fête Patlotch 4 avril MMIV
à propos de « J’ai vu le futur, et ça fonctionne. » – Questions critiques pour les partisans de la révolution au Rojava Non-Fides avril 2015
Non-Fides, qui n'a pas trop regardé à diffuser le « PIR = FN » de Yves Coleman, se propose ici d'alerter sur l'imposture dans l'histoire des luttes de classes
« L’histoire des luttes de classe foisonne d’une multitude d’impostures... l'URSS, la Chine, l’Albanie, le Vietnam, Cuba… qui servirent de modèle à des
générations d’idiots utiles qui crurent qu’un simple ravalement de façade en rouge suffirait à faire disparaître la misère et l’exploitation sandiniste au Nicaragua, zapatiste au Chiapas... nous ne confondons pas
l’EZLN avec la lutte des prolétaires agricoles au Mexique, ni le PKK/PYD avec la lutte au Kurdistan »
nous y voilà, puisqu'en effet, la dernier truc la mode chez nos gauchistes de France et d'avatars, c'est de soutenir le « Rojava en lutte »
Non-Fides « présente donc ici trois textes qui participent de ce processus de rupture d’avec la vision romantique de la « campagne de solidarité » envers la « Révolution au Rojava » », dont
celui de Dauvé, « Kudistan ? » à propos duquel je me suis déjà exprimé
Non-Fides est un blog anarchiste très intéressant, et j'y puise beaucoup. Mais l'anarchisme, quand il se réduit à son essence historique anti-hiérarchique, excusez de leur peu, ça pisse pas
loin : « Ni Dieu ni Maître ! » parfait, je signe des deux mains, mais sans oublier que le dieu, c'est l'idéologie, et le maître, le capital
nulle part, il n'a existé, il n'existe et il n'existera de luttes qui se caractérisent par une mauvaise direction, des mauvais chefs, et une bonne base qu'ils manipuleraient. Bien sûr cette
opposition existe, mais elle ne caractérise jamais à elle seule et pour l'essentiel les luttes, les situations, les enjeux. Il est évident que toutes les situations sont traversées de contradictions, portées par une dynamique et
confrontées à des limites qui ne sont pas tant entre haut et bas, dirigeants et dirigés, qu'au sein même de l'ensemble des parties combattantes et surtout face à l'ennemi, le capital, l'État, l'armée ou la police nationales ou les
puissances étrangères intervenant militairement à des fins économiques et stratégiques. Ces contradictions existent même au sein des partis, quand ils sont des partis de masse tels que le PKK/PYD, avec des militant.e.s
engagées sur le terrain dans les réalités des enjeux en présence (en tous cas il faut y regarder de près, ce n'est pas si simple)
tout cela donne un mélange en mouvement où personne n'est susceptible d'avoir la bonne vision, la juste position, et même si c'était le cas, ce qui compte, c'est l'état des confrontations et les rapports de
force présents
Dauvé ne commet pas cette erreur et ce n'est pas ce que je lui reproche, puisqu'au fond, nos gauchistes méritent bien une petite leçon de choses. Ce que je ne supporte plus, c'est la prétention de certains à
dire le vrai et le juste du monde entier, comme si leur pureté révolutionnaire en était garante, alors qu'ils n'ont pas plus que les autres de solution à proposer
ce que je reproche, c'est de considérer, d'un côté que l'histoire, le mouvement du communisme, n'avance que pas ses contradictions présentes, et de l'autre de laisser entendre qu'il ne faudrait pas
se battre avec et dans ces contradictions, au présent, dans la dynamique et les limites à repousser telles qu'elles sont, et qui donnent un sens à la participation de militant.e.s ou d'activistes communistes à ces
luttes
bref, et comme disait Karl Nesic, il ne faut pas se tromper d'époque, surtout quand on prétend parler de luttes auxquelles on ne participe pas, dans un pays à l'autre bout du monde
PS : j'ai une ex «belle-sœur » qui a élevé seule un enfant qu'elle a eu avec un camarade kurde, mort au combat en « idiot utile » quelques années après la naissance. Il était étudiant à
Besançon, où l'Université accueillait nombre d'étranger.e.s. C'est ainsi que j'ai pu en 1972-73 rencontrer là-bas des camarades kurdes, japonais, palestiniens, africains, etc. Toujours est-il que même aujourd'hui, l'idée ne me
viendrait pas de m'en souvenir comme d'« un salaud de militant du PKK » : de chacun selon sa pudeur, à chacun ce qu'il fait, en communiste, anar ou pas
27 mars
la pharse du jour, à propos d'un morceau de tissu
L'agression d'une femme voilée enceinte à Toulouse provoque l'indignation Itélé autres infos
SOS Racisme (c'est une veille d'élections pour ces racoleurs du PS...) : « Cette agression "s'inscrit dans un climat lourd dont les responsables sont les dirigeants de l'UMP et du
Front National qui se livrent à une surenchère folle sur la question du port du voile ou de la question des repas dans les cantines", a également dénoncé Dominique Sopo, président de l'association SOS Racisme
»
ma lectrice appréciera tout le sel de cette "analyse"
1) qui a voté la loi interdisant le voile à l'école ?
« Le 10 février 2004, l'Assemblée nationale a voté l'appui de l'interdiction à une large majorité, 494 voix pour (330 groupe UMP, 140 groupe PS, 13 groupe UDF, 7 groupe PCF, 4 non-inscrits), 36 contre (12 UMP, 2 PS
dont Christiane Taubira, 4 UDF, 14 PCF, 4 NI dont les 2 Verts et Philippe de Villiers), 31 abstentions (17 UMP, 12 UDF, 2 NI)»
le PS est alors le parti le moins partagé, moins que l'UMP et l'UDF, l'extrême-droitier souverainiste de Villiers a voté contre...
aujourd'hui « Le Parti socialiste condamne de façon très ferme cette agression raciste (...) et réaffirme qu'aucun comportement raciste et islamophobe ne doit être toléré dans notre République.»
2) à l'extrême-gauche institutionnelle, LO en a rajouté, et la LCR fait un enjeu électoraliste en milieu «musulman»
3) que disent à ce sujet les débris de l'ultra-gauche néo-négationniste (de la question indigène, qui n'est plus juive, mais n'a cessé d'être génoccidable), des anarchistes et autres libertaires
prétendus communistes ?>
lire Yves Coleman, leader objectif sur Internet de l'islamalgame et du combat principal contre les anti-colonialistes français et indigènes de France. Après Charlie, le soldat Coleman a produit des dizaines
d'interventions reprises par les anars sans frontières sauf de couleur et de genre, fier de ses 65 fatwa anti «islamo-gauchistes» dans les dix années précédentes : De la loi contre le hijab (2004) aux 17 exécutions de janvier 2015 : quelques textes pour réfléchir, le ton étant donné dès 2004 (pas lu avant) : Saïd Bouamama, un sociologue au service du hijab... pour en juger voir le Blog de Saïd Bouamama. Qu'en pense Temps Critiques *, bénéficiaire des services du webmestre Coleman sur Mondialisme.org ?
* on peut en avoir un aperçu dans une réponse de Jacques Wajnzstejn à Yves Coleman de juillet 2014, L’argent, les banques, le complot (« sioniste ») : un anti-capitalisme de façade à vertu fédératrice : « Pour être juste encore et malgré nos différends, la
revue Théorie Communiste ne me semble pas du tout touchée par ce travers et ce n’est pas par refus de l’anti-sémitisme puisqu’ils soutiennent toujours Dauvé et ses positions de l’époque de La Guerre
sociale, mais tout simplement parce que leur critique concerne prioritairement la critique du capital et que pour eux, les questions du travail, de l’argent et de la marchandises n’en sont que des
dérivés. 3) Je suis entièrement d’accord avec ton point 9 sur les théories multiculturalistes et post-coloniales sauf qu’il paraît déjà presque démodé quand il aborde
la question du néo-féminisme et des mouvements homosexuels qui sont maintenant eux aussi pénétrés par cette obsession de la blanchitude des dominants. » TC et Dauvé apprécieront, pour le reste, circulez, ya rien à voir
pour les aveugles à un racisme qui ne les touche pas comme celui qui les touche... de façon communautaire. En relation 27 mars : à propos d'une imposture de l'idéologie française : l'antisémitisme, les Juifs, le «terrorisme», les Autres et
moi
pourquoi SOS Racisme ne conseille-t-il pas à Yves Coleman de prendre sa carte à l'UMP ou au Front National, pour s'y livrer en toute cohérence de cause, «sans confusion ni amalgame», à sa « surenchère folle
sur la question du port du voile » ?
qu'ils partent tous et que l'Occident crève de lui-même
aucune organisation, aucune tendance de gauche ou extrême, aucun groupe théorique radical révolutionnaire ne sera épargné d'avoir participé ou cautionné, de près ou de loin, l'idéologie française,
expression particulière de l'universalisme du racisme de classe, et qui annonce le meilleur des mondes : une sortie de crise et une restructuration néo-esclavagiste du capital, au coude à coude avec le
transhumanisme et autres réjouissances bio-numériques à usage militaire entre autres, pour créer le non-homme nouveau et la non-femme nouvelle dans l'abolition du genre annoncée par... la communisation (canal Saint-Martin ou
Saint-Simon, c'est le même)
Palim-Psao, «critique radicale de la valeur», avant-garde éclairée de la lutte contre le «marxisme traditionnel» et l'antisémitisme, bien que certains n'y soient pas
très clairs avec Israël, se défend avec une citation de... 1989 : « dans le capitalisme, le sujet d'une telle société est structurellement Mâle-Occidental-Blanc, la forme de conscience raciste est
intrinsèquement capitaliste »
la structure, elle leur fait une belle jambe, aux indigènes, et la théorie ne descend pas dans la rue
« Demain, la société tout entière devra assumer pleinement le racisme anti-Blanc. Et ce sera toi, ce seront tes enfants qui subiront ça. Celui qui n’aura rien à se reprocher devra quand même assumer
toute son histoire depuis 1830. N’importe quel Blanc, le plus antiraciste des antiracistes, le moins paternaliste des paternalistes, le plus sympa des sympas, devra subir comme les autres [...] Le racisme
structurel de la société française provoque un conflit d’intérêt entre les classes populaires indigènes et les classes populaires blanches, les premières se battant pour l’égalité des droits et pour le respect,
les autres bien sûr pour préserver leurs acquis ou gagner des droits mais aussi pour maintenir leurs privilèges vis-à-vis des premiers. Ce conflit d’intérêt « blancs/non blancs » empêche les alliances entre
les classes populaires et pousse les indigènes à s’organiser de manière autonome.» Houria Bouteldja, février 2006, entretien avec Christine Delphy (cité à l'ouverture de 'la question indigène' et la 'communisation' (ex une "caution intellectuelle" à Houria Bouteldja ?)
en relation
à propos d'une imposture de l'idéologie française : l'antisémitisme, les Juifs, le «terrorisme», les Autres et moi
.
le communisme expliqué aux enfants de ma lectrice 12:31
banalités de base
« par ce qu'elle dit et ne dit pas, une théorie du capital porte un message subliminal, elle produit des effets idéologiques qui la situe face au capital comme étant, ou
non, partie prenante de la lutte de classe. La théorie communiste intervient dans la lutte des idées pour abolir le capital. Elle est une activité communiste dans la lutte de
classe » Patlotch Senior Seven
en quelques mots pour ceux qui croient savoir
le capitalisme n'est pas une abstraction dont il s'agirait seulement de comprendre les mécanismes, les rouages, le fonctionnement tel celui d'une machine monstrueuse, d'un robot, d'un automate. Le capitalisme n'est pas
une option philosophique et politique telle que le suppose sa définition d'ultra-libéralisme qui laisse toujours entendre sa possible amélioration par une politique plus morale, éliminant ses défauts pour garder
ses qualités, comme si la liberté, l'égalité et la fraternité en était le principe de base
le capitalisme ne peut exister que s'il exploite, oppresse, domine, appauvrit, mutile, rend malade, fou, jette dans la misère, rejette comme inutiles des hommes, des femmes et des enfants, des jeunes et des
vieux. Le capitalisme épuise les ressources naturelles, détruit la nature et invente sans cesse de quoi déshumaniser l'humain. Chaque jour, chaque semaine, chaque année, chaque siècle depuis qu'il existe
le capitalisme n'est pas ailleurs, chez les autres, les pays méchants contre les bonnes nations, les bonnes races contre les mauvaises, les civilisés contre les barbares
le capitalisme n'est pas une abstraction dont personne ne serait responsable, ou faute de l'humanité entière parce qu'elle ne fait rien ou pas assez pour s'en débarrasser. Le capitalisme procure des profits, de l'argent,
des plaisirs et du sexe faciles à ceux qui en tirent les ficelles, parce qu'ils possèdent, soit hérités soit appropriés ou volés, la terre, les usines, les entreprises, les moyens commerciaux, et dirigent les États, leurs armées,
polices, administration, leur moyen médiatique de propagande et de contrôle, tout ce qui permet de continuer de génération en génération
personne n'aime être exploité, oppressé, dominé, mutilé, malade sans soin, jeté dans la misère ou dans la guerre, rejetté par qu'inutile. Personne n'aime respirer la pollution, manger de la nourriture empoisonnée,
personne ne se réjouit de la destruction du vivant. La plupart donc résistent, tentent de s'opposer au pire qui leur est imposé, pour le limiter, l'empêcher, l'interdire. Mais la plupart n'ont pas d'autre choix pour vivre ou
survivre que se plier encore à la règle du jeu du capitalisme, de l'économie, de la politique
le communisme n'est pas plus que le capitalisme une option philosophique et politique, un système à appliquer pour le remplacer. Le communisme est le combat de tous ceux qui veulent abolir la règle du jeu du capitalisme
pour ne pas en être à jamais les perdants. Le communisme n'est pas une idée, mais son combat produit des idées, et parmi elles, au plus haut niveau d'intellectualité et d'abstraction, des théories, des théories
communistes
les théories communistes ont besoin de comprendre comment fonctionne le capitalisme, comment il évolue. Besoin de comprendre pourquoi les luttes menées contre lui depuis qu'il existe sont toujours vaincues. Cela produit
des idées, qui rejoignent celles de ceux qui se battent. Ensemble ce sont des idées communistes, les idées des communistes pour en finir avec le capitalisme. Elles n'appartiennent à personne, ne sont pas meilleures sous la forme
de théories que dans l'expression la plus simple qui soit chez ceux qui luttent
les communistes sont ceux qui dans les luttes portent ces idées, qui combattent l'idéologie capitaliste avec ces idées. Les communistes sont ceux qui s'opposent à l'exploitation des humains et de la nature
jusqu'à leur destruction, à la domination des femmes, à l'oppression raciale, à toutes injustices, à la guerre et à la mort en boîte de conserve. Les communistes l'ont fait le font et le feront chaque siècle, chaque année,
chaque semaine, chaque jour qu'a existé, qu'existe et existera le capitalisme, jusqu'à la fin, sans attendre
des théories sont fières de leur compréhension du capitalisme comme système, comme économie politique, comme monstre inhumain ou comme automate promis à sa décomposition. Que font ces théories dont
personne ne fait rien que parler, théories pour amateurs de théories ? Que font ces théories qui ne s'en prennent qu'aux idées de ceux qui se battent, parce qu'elles seraient mauvaises ou illusoires ? A quoi
servent ces théories, que se montrer meilleures que d'autres, sans jamais descendre dans la rue, sans jamais avoir la moindre incidence dans les luttes pour qu'elles soient plus efficaces, moins systématiquement vaincues,
moins inutiles ou moins dangereuses pour ceux qui les mènent ?
que font ces théories qui n'atteignent jamais les victimes d'en-bas du capitalisme, ceux qui ne les lisent pas, ceux qui n'ont ni les moyens ni l'envie, ni le besoin de les comprendre quand ils se battent ? Ces théories
sont-elles une aide à ceux qui luttent, sont-elles une aide aux communistes ?
si alors ces théories ne sont pas des théories communistes, que font-elles dans le combat d'idées ? Comment s'en prennent-elles au capitalisme et à ses suppporters ? Jusqu'où remettent-elles en cause l'idéologie
dominante, et à partir de quand en sont-elles partie prenante, du fait qu'elles ne participent pas aux combats communistes ? Jusqu'où ces théories du capital ne sont-elles pas au mieux inutiles, au pire anti-communistes
?
le communisme comme combat n'est pas une clause de style théorique, les idées communistes sont des armes contre le capital quand elles en font la preuve par les armes
25 mars
conjoncture, une affaire de langage aussi
difficile d'ouvrir des pages pertinentes pour regouper les sujets. Je place cette vidéo ici en relation avec la question de la conjoncture évoquée plus bas (21 février) avec Gramsci, Althusser et Stuart Hall, et du
fait de l'importance qu'elle prende dans la théorie de la communisation avec le concept qu'en a proposé Rolland Simon
Penser le langage en conjoncture Entretien avec Jean-Jacques Lecercle Revue Période vidéo 47 mn
Le langage est souvent séparé de son histoire. Pourtant, toutes les langues cristallisent des usages et des règles passés, présents et futurs ; elles sont aussi le produit de rapports de force, un agencement de locuteurs
embarqués dans les luttes de leur époque, du monde matériel, d’écrits littéraires, juridiques, politiques. Jean-Jacques Lecercle revient ici sur les penseurs qui permettent de penser le langage en conjoncture à
partir du marxisme : Gramsci, Deleuze et Guattari, Althusser, Raymond Williams.
De la pratique politique à la littérature, intervenir dans une idéologie c’est, indissociablement, intervenir dans une conjoncture linguistique
en relation Lire Raymond Williams aujourd’hui Jean-Jacques Lecercle (j'y reviendrai)
23 mars
abstention, un retrait fécond ?
L’ABSTENTION, SEUL VAINQUEUR DE TOUTES ELECTIONS : TOMBEAU DE LEUR MONDE, BERCEAU DES MONSTRES ET DES RESISTANCES Réseaux CLA Communistes Libertaires
Autonomes
Le FN est la carte joker utile pour rafler la mise tant pour le PS que l’UMP, qui le brandissent comme l’épouvantail monstrueux tout en récupérant son vocabulaire et son programme. Mais le FN
n’est pas l’en-dehors de la gauche et de la droite bourgeoises, il en est la synthèse même. Le FN leur permet d’exister, jusqu’à qu’il réussisse à les absorber et les digérer. En cela, le FN est
exhibé comme « menace » à combattre par le « front républicain », mais simultanément est laissé omniprésent dans tous les médias afin de faire le « sale boulot » de bourrage de crâne raciste et anti-pauvres : d’une
pierre deux coups, UMP et PS laissent le FN parler à leur place, pour appliquer la même perspective. Autrement dit, UMP et PS se font oublier dans leurs propres politiques racistes et antisociales, camouflées dans le faux
combat contre le FN. Telle est la stratégie bourgeoise et de tout le spectacle-politicard depuis les présidentielles de 2002. Et nous savons la dangerosité d’un tel jeu. Mais si le FN rafle 26 % des suffrages,
c’est sur fond de 50 % d’abstention, seule réelle gagnante de ces élections. Précisons encore : 50 % de 43 millions d’électeurs, au sein d’une population de près de 70 millions
d’habitants.
Pitoyable bourgeoisie qui martèle à tout-va le besoin d’être légitimée, qu’il faut aller voter, massivement, du moment que la démocratie représentative tienne encore. Mais depuis longtemps déjà, ça ne
prend plus. Les partis politiques de gouvernement à la tête de l’Etat français sont soutenus par moins d’un quart des électeurs. En cela, la structure même de la République est sur le point de s’effondrer.
Si la montée de l’extrême-droite FN est certes inédite depuis l’avènement de la Ve République, elle ne cristallise pas à elle seule la menace d’une restructuration autoritaire fascisante décisive à même de
renverser leur démocratie bourgeoise. Elle en est un facteur parmi d’autres. Et c’est cela que désigne l’abstention, entre autre : La vie réelle de chacun-e d’entre nous est l’enjeu déterminant
de ce qui ressortira des ruines de leur Ve République bourgeoise. Contre l’isolement et la résignation qui seront le véritable ciment des monstres fascistoïdes à venir, les réseaux de luttes et de solidarité à tous les
niveaux seront le seul rempart de résistance pour empêcher ces monstres de nous écraser.
analyse semblable après les Européennes, qui s'appuie sur l'idée que « Dans l’histoire de France à chaque fois qu’une République a perdu sa base sociale – ne fût-t-elle que
bourgeoise – elle a été renversée.»
Nous sommes la Résistance de demain Quartiers libres
depuis 25 ans que je ne vote plus, j'ai tendance à compter dans mon camp les abstentionnistes et non inscrits... Il est indéniable que l'abstention a pris un contenu nouveau depuis une quinzaine
d'années, un rejet passif de la démocratie politique, voire de la politique, mais aussi de la démocratie en ce qu'elle n'est pas la dictature. Il existe à l'extrême-droite un courant qui n'est pas électoraliste, mais putschiste,
et dans la situation instable que nous vivons, bien malin qui peut faire des pronostics
il faudrait recouper cet optimisme concernant l'abstention par un constat d'une montée des luttes pour qu'elle ne traduise pas tout simplement une résignation négative. Or si l'on observe un plus grand
nombre de grèves sur les salaires*, dont certaines victorieuses, ça ne va pas beaucoup plus loin...
* voir De plus en plus de grèves sur les salaires Jack, Bellaciao 19 mars : « Le nombre de grèves et débrayages pour des augmentations de salaires augmente régulièrement depuis 4 mois.
Ci dessous, la liste des grèves sur le dernier mois, du 20 février au 19 mars 2015 »
qui s'abstient ?
« l’institut de sondage Ipsos note que le profil sociologique des abstentionnistes «reste classique»: l'abstention concerne d’abord les jeunes (64% chez les moins de
35 ans), les ouvriers (64%), les bas revenus (55%) et les moins diplômés (53%).»
personnellement, j'ai exprimé mon pessimisme dans la nébuleuse anti-système dans la crise politique du capital en France et la possible montée d'un activisme
néo-fascisant comme alternative à la vision interprétant les émeutes comme nécessairement d'essence communiste, fréquente chez les anarchistes et à l'ultra-gauche, latente chez
les 'communisateurs'
cela dit, si ces Communistes libertaires autonomes ont en partie raison d'affirmer que « les réseaux de luttes et de solidarité à tous les niveaux seront le seul rempart de
résistance pour empêcher ces monstres de nous écraser », c'est encore dans une vision militante organisée comme structure de l'auto-organisation des luttes. Autrement dit ils ont un peu tendance à se considérer comme le
sujet révolutionnaire, ou du moins 'résistant' par excellence. Mais devant la menace d'un néo-fascisme, peut-on leur donner tort ? Ne serait-ce pas se tromper d'époque que de voir et faire comme si la situation annonçait un
mouvement révolutionnaire imminent ?
souvenir souvenir...
en 2005 ou 2006, alors que je découvrais la théorie de la communisation et fréquentais quelques participants à Meeting, un garçon a voulu me rencontrer. Dans la discussion j'ai fait part d'une
façon ou d'une autre de ma crainte du fascisme. Il n'en fallait pas plus pour qu'il me soupçonne de fébrilité dans mon rejet "communisateur" de la politique, puisque pour lui, aucune différence... Lors d'une réunion
informelle à Paris, il a posé comme condition de sa participation à Meeting que je n'en sois pas, en d'autres termes mon exclusion, un peu comme si j'étais un flic infiltré. Les copains, qui ne me connaissaient pas, en
furent un peu abasourdis, d'autant que j'ai réagis posément en disant ce que je pensais de ce genre de procès... Il a disparu peu après, je suis encore là et j'ai quitté ce milieu sans besoin d'en être
exclu
toujours est-il que, depuis les fascismes du siècle dernier, traîne dans plusieurs courants de la gauche communiste l'idée que ce n'est pas l'affaire du prolétariat que de choisir son modèle de l'État
du capital. Il est certain que l'on apparaît d'autant plus révolutionnaire qu'on a sur la question un point de vue radicalement radical. Bof ! Il faut dire que certains ont des moyens peu prolétariens d'émigrer en
Amérique...
7 mars 2015
communisation et théorie politique au présent
réflexions à bâtons rompus sur la politique et la droite, la gauche, le nouvel "anticolonialisme"... en rapport à la théorie politique de la communisation
19:42
les questions abordées n'ayant rien d'évident et portant sur une période particulièrement instable, ces notes n'ont pas la prétention d'être
abouties. Elle ne visent qu'à me clarifier l'esprit, et à alimenter la réflexion à défaut d'échanges ou de débats
intervenir en communiste contre la politique, du point de vue de la communisation
il existe plusieurs questions croisées sur lesquelles il ne saurait être question de laisser s'exprimer, au nom de "la lutte declasses", la seule critique
d'extrême-gauche selon ses dogmes arrêtés à tel ou tel point de vue "marxiste"
on aura remarqué que je me fais plaisir en polémiques diverses contre des positions qui ne sont pas d'un grand intérêt
théorique. C'est le cas avec Yves Coleman de mondialisme.org et quelques autres gauchistes, ou le drôlatique Jean-Louis Roche du Prolétariat universel, etc. Au-delà d'un simple amusement, est-ce que je perds mon temps
?
le problème de l'intervention politique, depuis des (mes) positions théoriques relevant de la communisation, se pose à condition d'évacuer les illusions de la politique et du militantisme qui l'accompagne,
avec l'idée que cela déterminerait le devenir révolutionnaire des luttes contre le capital
le point d'implosion de l'opposition politique gauche-droite
nous vivons une période instable et confuse au point même que le « confusionnisme » deviendrait une catégorie valide pour la critique, alors qu'on constate qu'elle entretient la
confusion, de même que les catégories de l'antiracisme et de l'antifascisme ou leurs dérivés islamophobie, antisémitisme, etc. Toutes renvoient à un classement selon celles, politiques, de droite et de gauche, d'extrême-droite et
d'extrême-gauche, et bien souvent à la catégories de peuple plutôt qu'à celle, même si elle est convoquée formellement, de classes. Il est un même un intervenant bavard (Médiapart, Le Grand Soir...), Christian Delarue, pour prétendre théoriser Peuple nation, peuple-classe, peuple social
la critique politique "radicale de gauche"
il existe néanmoins un intérêt théorique, voire dans le sens où je l'utilise théorico-politique, à observer ces évolutions dans le contexte de la montée tous azimuts du
national-populisme autoritaire, partagé à droite et à gauche comme au milieu quand il prétend ne relever ni de l'une ni de l'autre. J'en ai donné l'exemple avec Jean-Claude Michéa et sa critique par Yves Coleman ou plus sérieuse par Isabelle Garo. Mais je l'ai fait en précisant que ce sont des critiques "de gauche", et qu'à ce titre elles ne peuvent que formuler les
limites de la politique, et reproduire des illusions, gauchistes chez Coleman; pour redonner à la gauche une vigueur marxiste chez Garo, qui au-delà d'apports théoriques parfois féconds, se fait l'idéologue de l'alternative
anticapitaliste aux côtés de théoriciens ou économistes liés aux tendances de gauche ou libertaires du NPA (Artous, Corcuff, Vakaloulis de Paris8 et Syrisa...)
parlant de Syrisa (ou de Podemos à confirmer) c'est précisément ce que signifie Le point d'Explosion des Illusions dans le texte Grèce : Est-il possible de gagner la guerre après avoir perdu toutes les batailles ?. La Grèce est un "laboratoire" des évolutions européennes,
un peu comme si la question était, pour l'extrême-gauche européenne, de produire à partir d'elle, de l'Espagne (Podemos), de la France (Front de gauche, NPA...), et d'autres pays (l'Italie ?) un « rapport de forces
politiques » tel que l'emprise « ultra-libérale » par l'Allemagne et les institutions politiques et bancaires européennes pourrait être vaincue, et déboucher sur des prises de pouvoirs gouvernementaux ouvrant une nouvelle
période de « gauche radicale » en Europe, et contrebalancer « la domination américaine » ou éviter l'instauration du Traité transatlantique
la critique du capital entre "extrême-droite" et "extrême-gauche"
avec un peu d'honnêteté intellectuelle, ceux qui se font ces illusions devraient admettre que les critiques d'extrême-droite à ce traité ne sont pas plus mauvaises que les leurs, par
exemple celles d'Alain de Benoist : son livre récent « Le Traité transatlantique et autres menaces », son entretien pour le site Rebellion "Face aux attaques du capital" (août 14), ses conférences pour Egalité et Réconciliation, etc. Ce théoricien de la nouvelle droite depuis 1968 ne s'est jamais autant agité publiquement. Pour
autant, il est avant tout un idéologue au service du Front national *
* une nouvelle identité prolétarienne à connotation fascisante ? concernant le rapport entre montée du Front national et disparition de l'identité ouvrière, on (re-)lira Monsieur Le Pen et la disparition de l'identité ouvrière, de Roland Simon en 2002, tout en comprenant bien que si le mouvement était très
engagé et si ses fondements demeurent les mêmes, la situation a évolué de telle sorte que s'en tenir à cette analyse n'y répond plus adéquatement. Dans la mesure où le prolétariat ouvrier qui vote encore vote majoritairement
pour le FN, et où son discours politique populiste flatte le prolo autant qu'il est alimenté par une théorisation 'prolétariste', la question est peut-être posée de la production d'une identité prolétarienne à connotation
fascisante
le site et journal Rebellion, sous des dehors socialistes révolutionnaires radicalement anti-bourgeois, diffuse des textes de Proudhon, George Sorel, René Guesnon, SOB, Camatte, Bordiga, Guy
Debord, Critique de la valeur, Alain de Benoist...

par conséquent nous percevons bien que les catégories de gauche et de droite n'ont plus d'intérêt que pour ceux qui font de la politique, et ce n'est pas notre cas. Pourtant la question se pose de savoir
quelle est l'objectivité de cette implosion annoncée de la politique traditionnelle. On peut noter la forte montée de l'abstention, mais aussi le nombre important de non-inscrits en France. Les chiffres varient entre 3 millions
et 9,5 millions de français ne participant pas à telle ou telle élection : Non-inscrits et mal-inscrits : un risque d’extinction de voix aux départementales Le Monde 6
mars
Le nombre d’inscrits, basé sur les travaux de Mme Braconnier et M. Dormagen, s’établissait à 3 millions de personnes en 2012. Soit 7 % du corps électoral. / En 2012, les travaux
des deux professeurs de sciences politiques estimaient à 6,5 millions le nombre de personnes mal-inscrites. / Non-inscrits et mal-inscrits représentaient donc près de 9,5 millions de Français en 2012. Soit le nombre de voix
recueillies par Nicolas Sarkozy à la présidentielle de la même année et ~ 20% du corps électoral
autrement dit il y a comme un écart entre illusions politiques tendant à apparaître pour ce qu'elles sont relativement à la lutte de classes, et désaffection réelle du champ électoral, ou électoraliste, par un
fort nombre de gens, dont on peut supposer sans grand risque d'erreur que la plupart appartiennent aux couches sociales d'en-bas, prolétaires ou exclus de la vie sociale du travail. C'est de ce point de vue qu'il n'est pas
anodin de se poser la question de l'intervention politique dans la perspective de la communisation
retour sur la "récupération" des thèses communisatrices par Francis Cousin
je mets des guillemets à récupération parce qu'en fait il n'y en n'a pas, dès lors qu'on cesse justement de penser selon les catégories de gauche et de droite, ce que sont incapables
de comprendre ceux qui dressent des listes de « confusionnistes » : « Le succès du "populisme autoritaire" et son efficacité ne reposent pas sur sa capacité à duper des gens naïfs, mais sur le fait qu'il s'attaque à de vrais problèmes, à des expériences vécues et bien réelles (...) tout en
étant capable de les représenter dans une logique discursive qui les inscrit systématiquement dans les politiques et les stratégies de classe de la droite ». Inscrites dans les restes de programmatisme ouvrier dans le
contexte des années Thatcher, ces phrases de Stuart Hall se comprennent comme un combat politique contre « les stratégies de classe de la droite », mais nous devons les lire aujourd'hui contre les stratégies de classe de la
politique même, qu'elle soit de droite ou de gauche, parce qu'elle n'a pas d'alternative, qu'elle est au pied de l'explosion des illusions
une récupération possible car eurocentrée
j'ai noté à cet égard l'usage 'récupéré' des thèses communisatrices par Francis Cousin (ici), un syncrétisme n'hésitant pas à copier-coller (sans le dire) du Théorie communiste et de la révolution à titre
humain, comme à diffuser sa lecture de Marx via des conférences diffusées sur Youtube (j'avoue n'avoir pas pris le temps d'écouter ces interventions-là). Il n'empêche que son
discours sur l'immigration en Europe comme contre-révolution du capital contre le prolétariat potentiellement révolutionnaire, à savoir le prolétariat européen de souche, est très proche de celui d'Alain de Benoist : L’immigration, armée de réserve du capital, Éléments n°139 janvier 2013 / L’immigration massive et le grand remplacement vus par Francis Cousin FdeSouche juillet 2013
j'avoue avoir un peu de mal à comprendre parfaitement cet usage des thèses communisatrices, qui en apparence n'entraîne pas Cousin à un positionnement d'extrême-droite, du moins s'en défend-il. Il faut lui
reconnaître une certaine cohérence critique, même si elle est faite d'un fatras d'emprunts divers, dans lesquelles il ne faut pas négliger un certain mysticisme post-situ et un dessin de l'arc historique de l'humanité plutôt
vaseux (L'Être contre l'avoir)
à mon sens, parler de la question de l'immigration comme si elle était un obstacle à l'unité du prolétariat, ou au soulèvement du prolétarait vraiment européen, ne sert pas à grand chose puisqu'il n'est pas envisageable
que l'immigration diminue, et encore moins que les immigrés, ou leurs enfants selon les générations, s'en aillent ou soient chassés comme le souhaite Zemmour et, comme il dit lui-même « en rêver », Alain de
Benoist
toujours est-il que les apories des thèses communisatrices et leur caractère euro-centré ne les épargnent pas de leur utilisation en tous sens et contre-sens. C'est précisément en quoi l'intervention
théorico-politique est nécessaire. Voilà à quoi je pense utile de fournir des éléments théoriques dans le champ de l'articulation entre races, ethnicité et lutte de classes contre le capital
luttes "indigènes" et "anti-coloniales", perspective communisatrice et combat communiste
dans le même ordre de remarques, il serait inutile de vouloir combler le fossé entre l'extrême-gauche et des représentions des "indigènes" telles que le PIR ou des associations de luttes dans les banlieues. Un enjeu par
contre est que, de ce côté là des combats de libération contre le capital en tant qu'il est aussi racisme structurel, la théorie de la communisation puisse marquer quelques points
il est en effet évident que, pour nécessaires que soient les interventions politiques d'un Saïd Bouamama, parce qu'ils n'ont pas le choix des armes pour l'auto-organisation actuelle qu'ils se proposent, leur contenu
théorique laisse à désirer de s'inscrire dans une perspective ayant fait le tri de son ancrage dans les luttes anti-colonialistes (je n'ai pas confronté ses textes aux positions de Samir
Amin...)
mais il est tout aussi évident que si les théories de la communisation ne s'ouvrent pas dans le sens que je propose, elles n'ont aucune chance d'intéresser les luttes spécifiques du prolétariat racialisé, ni ceux et
celles qui en expriment la théorisation, c'est-à-dire ses évidentes limites
théorie politique de la communisation et retour à Marx
de ce point de vue, nous verrons, avec la lecture de Marx aux antipodes, que lui avait une tout autre conception des rapports entre luttes du prolétariat blanc et luttes du prolétariat noir entre autres, et nous
pouvons faire le consternant constat que du point de vue théorique, nous avons régressé dans cette articulation
4 mars
Communisation Theory : From Crisis To Communisation by Gilles Dauvé August 2015
un livre qui s'annonce conjecturable

“Communisation” means something quite straightforward: a revolution that starts to change social relations immediately. It would extend over years, decades probably, but from Day One it would begin to
do away with wage-labour, profit, productivity, private property, classes, States, masculine domination, etc. There would be no “transition period” in the Marxist sense, no period when the “associated
producers” continue furthering economic growth to create the industrial foundations of a new world. Communisation means a creative insurrection that would bring about communism, not its
preconditions.
Thus stated, it sounds simple enough. The questions are what, how, and by whom. That is what this book is about.
Communisation is not the be-all and end-all that solves everything and proves wrong all past critical theory. The concept was born out of a specific period, and we can fully understand it by going back to how
people personally and collectively experienced the crises of the 1960s and ’70s. The notion is now developing in the maelstrom of a new crisis, deeper than the Depression of the 1930s, among other reasons because of its
ecological dimension, a crisis that has the scope and magnitude of a crisis of civilisation.
This is not a book that glorifies existing struggles as if their present accumulation was enough to result in revolution. Radical theory is meaningful if it addresses this question: how can proletarian resistance
to exploitation and dispossession achieve more than aggravate the crisis? How can it reshape the world?
en français (ma traduction sans garantie... Le livre est à paraître en anglais, une version française suivra aussi vite que possible)
La « Communisation » signifie quelque chose de très simple : une révolution qui commence à changer immédiatement les relations sociales. Elle s'étendrait sur des années, des décennies, sans doute, mais
dès le premier jour commencerait à en finir avec le salariat, le profit, la productivité, la propriété privée, les classes, les Etats, la domination masculine, etc.. Il n'y n'aurait aucune « période de transition » au sens
marxien, aucune période pendant laquelle les « producteurs associés » continueraient de favoriser la croissance économique pour créer les bases industrielles d'un monde nouveau. Communisation signifie une
insurrection créative qui amènerait le communisme, pas ses conditions préalables.
Dit ainsi, cela paraît assez simple. Les questions sont quoi, comment et par qui. C'est le sujet de ce livre.
La communisation n'est pas l'alpha et l'oméga qui résout tout et démontre la fausseté de tout le passé de la théorie critique. Le concept est né d'une période donnée, et nous pouvons le
comprendre pleinement en revenant à comment les gens ont personnellement et collectivement vécu les crises des années 60 et 70. La notion se développe actuellement dans la tourmente d'une nouvelle crise, plus profonde
que la dépression des années 1930, entre autres raisons à cause de sa dimension écologique, une crise qui a la portée et l'ampleur d'une crise de civilisation.
Ce n'est pas un livre glorifiant les luttes existantes comme si leur accumulation actuelle était suffisante pour aboutir à la révolution. La théorie radicale a du sens si elle répond à cette
question : Comment la résistance prolétarienne à l'exploitation et à la dépossession aboutit à plus qu'aggraver la crise ? Comment est-ce que cela peut remodeler le monde ?
21 février
autour d'Althusser, Gramsci, Laclau, Stuart Hall...
ou comment boucler la boucle des références théoriques
communiquées ces derniers jours. Nous pouvons ainsi considérer que la théorie de la communisation (troisième courant en attendant mieux), se retrouve ainsi engagée de plein pied dans les débats marxistes
contemporains, ce qui mériterait sans doute une petite synthèse dans sa propre cohérence théorique...
Althusser et Gramsci, Gramsci et Althusser décalages mai 2014
La saison des critiques althussériennes de Gramsci semble
définitivement écoulée, car les images que nous pouvons avoir de chacun d'entre eux ont les dernières vingt années radicalement changées. Depuis qu’Althusser écrivit Le marxisme n’est pas un historicisme
(1965) trois années après Le marxisme comme historicisme de Nicola Badaloni, la signification même de la pensée de Gramsci a profondément été revisitée. En 1985, Hegemony and socialist strategy a contribué,
à l'intérieur de la galaxie althussérienne, à dissoudre l'image de l’historicisme auquel Althusser avait ajouté foi, image qui correspondait plus à la culture italienne des années cinquante qu'à celle que Gramsci avait
commencé à élaborer dans les années trente. En définissant l' « historicisme absolu » des Cahiers de prison comme le « refus radical de tout essentialisme et de toute téléologie a priori
», Laclau et Mouffe* ont produit un changement dans l'histoire des rapports possibles entre Gramsci et Althusser et ont contribué à réactiver au moins une des significations présentes dans ce concept, de profonde rupture
avec toute la tradition philosophique.
* Ernesto Laclau (1935-2014) croisé avec Stuart Hall et Gramsci, voir sur la conjoncture 18 février / Chantal Mouffe
Aujourd’hui nous sommes spectateurs des derniers effets de
ce changement : entre « Italian theory », le mélange entre l’opéraisme et un Gramsci passé au crible par les Postcolonial studies, et les confrontations entre Gramsci et Foucault, il semble que nous allons vers une complète
confusion des distinctions historiques et théoriques*. Il est donc indispensable de réfléchir sur Gramsci et Althusser, une réflexion qui révise non seulement le jugement d’Althusser sur la base des nouvelles connaissances
que nous avons sur Gramsci mais qui révise aussi la biographie d'Althusser en utilisant les nouveaux documents qui entre temps ont été rendus
disponibles.
* c'est le moins qu'on puisse dire, mais séparer le bon grain de
l'ivresse théorique ne va pas sans passer par la structure à dominante de classe du capitalisme et la sortie de l'eurocentrisme marxisme par le meilleur, de ce point de vue, des études
post-coloniales
Entre cet ensemble de questions nous proposons au moins trois
tracés :
a) une reconstruction historiographique de la rencontre entre
Althusser et Gramsci et, grâce à cette rencontre, de toute une série d’autres théoriciens liés à Althusser, comme Poulantzas, Balibar, Macherey, Buci-Glucksmann. Il s’agit de reprendre les vicissitudes qui
conduisirent Althusser à insérer sa propre intervention à l'intérieur d'une particulière conjoncture italienne, marquée par la crise de l'historicisme communiste, par la lutte entre Luporini et Della Volpe, et par les signes
aurorales, dans le domaine communiste, d’une réflexion sur les nouvelles formes de communication. Il s’agit aussi de reconstruire comment chez Poulantzas et Balibar la rencontre avec Gramsci favorise la réactivation
d'importants aspects de la pensée de Althusser.
b) La rencontre entre Althusser et Gramsci a eu une importance
extraordinaire – grâce aussi à la médiation de Laclau – pour toute une série de contextes dans lesquels les fonctionnements de la culture de masse, des moyens de communication ainsi que des formes hégémoniques
de la politique ont été mis au centre de l'analyse. On pense – sans prétendre être exhaustifs – à Stuart Hall et aux « cultural studies », au développement d'une théorie discursive de
l’hégémonie et de l’idéologie, à la question du « populisme » et de sa logique, surtout en Amérique Latine [et le voit mieux maintenant en Europe et en France
particulièrement]
c) Sur cette base seulement nous proposons un renouveau dans la
réflexion théorique sur Gramsci et Althusser. Quelques-unes parmi les plus récentes lectures de Gramsci et d’Althusser permettent en effet d'établir un dialogue tout à fait neuf entre les deux auteurs, au-delà des
vielles oppositions. Nous pensons que ce dialogue peut être important pour le renouvellement du marxisme en termes
actuels.
.
autour d'Althusser, suite avec Ichida Yoshihiko et François Matheron
Ichida Yoshihiko est signalé par G. M. Goshgarian comme « un auteur dont les quelques travaux sur Althusser accessibles en français et en allemand attestent l’importance. Et
Ichida n’est, sans doute, qu’un exemple parmi beaucoup d’autres : grecs, chinois, koréens, croates, arabes, polonais, etc.»
Un, deux, trois, quatre, dix mille Althusser ? Considérations aléatoires sur le matérialisme aléatoire Ichida Yoshihiko* et François Matheron
Multitudes 21 2005
* Philosophe, professeur à l'Université de Kobé, Japon, auteur notamment de Penser la lutte (1992) et traducteur en japonais de Louis Althusser, Écrits philosophiques et politiques, II tomes
(Stock/Imec, 1994-1995). Membre du comité de rédaction transnational de Multitudes
Aléatoire ou dialectique ? « Ça dépend » / Procès sans sujet ou commencement ? / Le commencement comme hallucination / Le commencement comme « prise » : subjectivation politique
résumé : Le « matérialisme aléatoire » ne constitue pas simplement la philosophie de ce que, dans une perspective un peu trop linéaire, on pourrait appeler le « quatrième Althusser ». Même si, dans
la dernière décennie de sa vie, Althusser tente bien de construire comme une « philosophie nouvelle », conçue comme une alternative au « matérialisme dialectique », il faut plutôt y voir, derrière les arguments passés, si
fermes et si tranchants, des différents Althusser, quelque chose comme une couche pratique discrète, consciente ou inconsciente, dans laquelle ils auraient trouvé leur véritable point d’ancrage. Dans
cette philosophie du « commencement à partir de rien », il est d’abord question de ce qui a toujours été pour lui à la fois la question la plus nécessaire et la plus impensable : celle de la subjectivation
politique.
“Des problèmes qu’il faudra bien appeler d’un autre nom et peut-être politique” Althusser et l’insituabilité de la
politique, François Matheron Multitudes 22 2007
Une “zone qui n’est pas située dans les concepts théoriques” ; une “zone libérée par la fin du politique...” / “Penser sous la conjoncture”. Machiavel, ou d’un
“étrange vacillement de la théorie” / Philosophie, politique : brouiller les cartes / Politique un “concept intérieurement déséquilibré”
théorie, conjoncture, stratégie, politique
« La philosophie a pour objet de penser la conjoncture de l’ensemble des Théories générales et des Théories régionales existantes. Dire qu’elle est la théorie de la
conjoncture des théories existantes veut dire qu’elle n’en est pas la théorie : il n’y a pas de Théorie générale des Théories générales, sinon ce serait le savoir absolu — elle est seulement la Théorie
de l’articulation des théories existantes dans leur conjonction actuelle — son objet n’est que la complexité actuelle des objets existants, dont la Théorie philosophique est elle-même un élément. Étant
théorie de la conjoncture elle se pense elle-même comme effet de la conjoncture, et effet rectifiant-reclassant-ouvrant : elle est donc une stratégie en même temps qu’une théorie et une tactique en même temps
qu’une stratégie. Penser la conjoncture c’est penser l’effet de rectification-reclassement-ouverture de cette pensée sur la conjoncture. Au sens large toute philosophie est donc politique ou
pratique : “Éthique” ». « Théorie de la conjoncture des théories existantes », la philosophie est bien la théorie « la plus générale » ; mais si elle est « la plus générale », c’est en tant
qu’elle est une stratégie visant à intervenir, pour « faire bouger les choses », dans la conjoncture qui est toujours « actuelle », c’est-à-dire justement en tant qu’elle n’est pas « générale », au
sens habituel du terme : en tant qu’elle est « politique ».
Inversement, l’un des effets de cette stratégie est que la philosophie s’assigne à elle-même sa propre place comme simple « élément » de la complexité. Mais c’est justement en
tant que « simple élément », en tant que pratique « située » qu’elle vise à cette généralité. Elle y vise, en général, en plein aveuglement sur sa propre pratique, en pleine dénégation de ce qu’elle est pourtant.
Parlant toujours d’un autre lieu qu’elle-même, du lieu de la politique, elle ne cesse de dénier sa dimension politique en prétendant affirmer le vrai sur les choses. La philosophie marxiste, ou ce
qu’Althusser préférera dénommer « pratique nouvelle de la philosophie » parle (parlera ?) explicitement depuis son propre lieu : celui de la politique. Ce qui pose, naturellement, un redoutable problème, car si
tout ce que nous avons vu est exact, la politique, en un sens au moins du terme, ne saurait occuper de lieu, étant ce qui est irréductible à toute place assignable.
décalages, an Althusser Studies Journal Warren Montage Textes en lignes
.
du nouveau autour d'Althusser, un texte remet toute l'œuvre en perspective :
Philosophie et révolution. Althusser sans le théoricisme : entretien avec G. M. Goshgarian Revue Période 19 février
« l’État de la dictature du prolétariat est un « Nichtstaat », un « État-non-État » (Engels, Lénine) voué à son dépérissement, et la
philosophie qui y correspond est donc, selon Althusser, une philosophie-non-philosophie. C’est écrit en toutes lettres dans « La transformation de la philosophie », le texte de
la conférence de Grenade [Barcelone ?] du printemps 1976 / chercher un rapport entre matérialisme de la rencontre et
État-non-État / Depuis 1966, donc, rencontre née « conjoncture » et théoricisme né « savoir absolu » ou « Idée du Bien » se trouvent en instance de divorce
»
Beaucoup n’ont retenu d’Althusser que deux images d’Épinal : celle d’un penseur abstrait attaché à une « Science » détachée des luttes de classes ou celle du « dernier
Althusser » postmoderne voire mysticiste. Ce sont là des lecteurs pressés, comme nous le montre ici G. M. Goshgarian, spécialiste international de l’œuvre d’Althusser. Pour Goshgarian, les textes et leur
chronologie y révèlent une constante : la centralité de la dictature du prolétariat. Ainsi, il faut relire tout ce corpus à l’aune des anni mirabiles de 1976-1978, celles où Althusser donne cohérence à une « nouvelle
pratique de la philosophie » qui démasque les philosophies traditionnelles – philosophies d’État – et repense le marxisme comme « science de cette rencontre toujours aléatoire qu’est la lutte des classes
». Véritable tour d’horizon de la production althussérienne, cet entretien invite en outre à lire « Être marxiste en philosophie », ouvrage inédit et majeur à paraître le 18 mars 2015 [avec une centaine de lettres échangées entre
Sève et Althusser de 1949 à 1987 / il est permis d’espérer que les 5500 pages posthumes qui auront paru entre 1992 et fin 2015 seront suivies de quelques milliers de plus dans les huit à
dix ans à venir.]
« En un mot : les commentateurs ne se sont pas aperçus du fait que la pensée du dernier Althusser est la dictature du prolétariat pensée. Ils n’ont donc pas compris un des enjeux de
l’omniprésence d’une théorie de la rencontre chez Althusser, même quand ils ont remarqué cette omniprésence. À peu d’exceptions près, ils ont donc tendance à minimiser les continuités
dans sa conceptualisation de l’aléatoire, [...] ils n’ont pas compris que cette discontinuité témoignait, elle-aussi, de la continuité d’un projet politico-philosophique marxiste.
»
18 février
théorie communiste
sur la conjoncture, « la classe communisatrice » et le dépassement des identités... avec Stuart Hall et Gramsci 19:51
« À la fin de ce petit texte (A propos de Charlie – suite -), le lecteur attentif (comme Patlotch sur son blog) n’a pas pu manquer de relever un léger
glissement terminologique du « prolétariat » à la « classe communisatrice ». Il faut s’expliquer là-dessus, d’autant plus que ce n’est pas la première fois que ce qui peut
paraitre comme une « entourloupe théorique » est présent dans un texte de Théorie Communiste (cf. TC 20).
« Classe communisatrice » cela pourrait simplement dire que l’on considère le prolétariat dans son activité. A ce moment là, cette activité étant les mesures communistes, le prolétariat
est alors la classe communisatrice ; c’est exact, mais… pas tout à fait. Cela demande quelques explications
[...]
la classe n’apparait pas toujours en clair et même rarement (« il n’est pas dans la nature de la révolution de faire sonner l’heure de la dernière instance ») : c’est
dans une multiplicité de pratiques et de contradictions avec le capital et internes, de confrontations avec toutes sortes d’identités, d’actions à partir d’elles et de dépassement
de celles-ci, qu’elle s’autotransforme en classe communisatrice et s’abolit. » un commentaire de RS dndf
je reviens ici, en terme théoriques, sur des concepts qui agitent dorénavant les débats sur la "communisation", à propos de conjoncture et de dépassement produit des classes par l'activité du prolétariat
(Astarian) dans les termes de Théorie Communiste (TC/RS) ou dans les miens de dépassement des identités (abolir les classes / dépasser les identités de 'genre', 'race'... de militants et d'individus)
j'y reviens, façon de parler, parce que je vais me taire pour y revenir par le biais d'un autre texte de Stuart Hall dans Identités et Cultures 2 -Politiques des différences (voir extraits dans
le monde et le capital, l'Occident et les autres)...
j'y reviens ici, dans 'combats communistes' et non comme précédemment dans les rapports entre le capital et l'Occident, parce que l'intérêt théorique dépasse ce seul angle d'approche et qu'il est en relation avec des
discussions portant sur les conditions (circonstances, conjonctures, articulation, identités, subjectivation...) de la lutte de classes entre capital et prolétariat
un intérêt théorique au-delà du rapport classes/race/ethnicité
ce texte de 1986 est intitulé La pertinence de Gramsci pour l'étude de la race et de l'ethnicité et compte 140 pages (p.179-221), ce qui ne me permet pas dans l'immédiat de citer les longs passages
que Hall consacre d'abord à certains concepts, thèses ou idées de Gramsci (qui ne parle pas de la race), avant d'aborder lui-même dans les dernières pages la question qui fait le titre. Ici encore, hors de sa pertinence pour la
compilation établie par Maxime Cervulle en français, le titre de l'ouvrage comme celui de ce texte apparaissent comme réducteurs relativement à la question centrale sur laquelle Stuart Hall construit ses développements : la
contradiction de classe et si j'ose dire ses apparitions
l'intérêt actuel : ouvrir théoriquement, concrètement et politiquement l'unité complexe du concept de prolétariat
à qui se demande le rapport entre tout ça, le fil historique passe, du point de vue théorique, par Marx - Gramsci et Althusser - Stuart Hall... jusqu'à mes formulations ou aux plus récentes de Roland Simon sur
le comment du dépassement « dans une multiplicité de pratiques et de contradictions avec le capital et internes, de confrontations avec toutes sortes d’identités, d’actions à partir d’elles et de
dépassement de celles-ci, qu’elle s’autotransforme en classe communisatrice et s’abolit.» (RS) (quant à la formule « classe communisatrice » dans TC20, je ne l'avais pas relevée alors, mais il est vrai qu'on la
trouve en 2005 dans La révolution sera communiste ou ne sera pas, Meeting 2, texte non publié : « La constitution du prolétariat en classe communisatrice, c'est-à-dire son
autotransformation... »)
l'intérêt est de pouvoir théoriser et formuler plus concrètement la conjoncture révolutionnaire et comment elle se construit entre le moment présent et le moment communisateur, étant posé de mon point de vue que
parler au présent de communisation, c'est chercher les processus par lesquels, dans les luttes actuelles, s'articulent (cf Hall/Althusser et le concept d'articulation) les identités avec/sous/dans lesquelles se
mènent les luttes de classes dans leurs diversités conjoncturelles (localisées, particulières et spécifiques)
voici pour mieux saisir cet intérêt théorique quelques pages de Hall dans lesquelles il explique le rapport et les apports de Gramsci à la théorie, où il souligne que « si les concepts de Gramsci opéraient à un niveau
aussi concret » ce n'est pas faute de temps ou d'envie pour « les élever à un niveau supérieur » (il vise Althusser et Poulantzas qui ont « entrepris une théorisation des textes
de Gramsci »), mais que « ces concepts peuvent opérer opérer à des niveaux d'abstraction très différents, et qu'ils ont été consciemment conçus ainsi. » (Hall p.182)




les textes de Gramsci lus par Suart Hall
dans un premier temps, je me contente de lister les textes nombreux auxquels Suart Hall fait référence au fil des pages, avec les liens vers des versions des textes de Gramsci en français, soit sur les pages Gramsci / Marxist.org soit sur le site québecquois Gramsci / Classiques en sciences sociales. Voici ces textes au fil de leur apparitions dans celui de Stuart Hall
Cahiers de prison (sommaire)
- dans La philosophie de la praxis face à la réduction mécaniste du matérialisme historique 1932-33 (sommaire et accès) :
- Introduction à l'étude de la philosophie. Quelques points de référence préliminaires
- 4. Problèmes pour l'étude de la philosophie de la praxis Régularité et nécessité
- Notes sur Machiavel, sur la politique et sur le Prince moderne 1931-33 (sommaire) :
3. Analyses des situations - Rapports de forces
4. Quelques aspects théoriques et pratiques de l'« économisme »
11. Passage de la guerre de mouvement (et par attaque frontale) à la guerre de position dans le domaine politique
10. Lutte politique et guerre militaire
- Problèmes de civilisation et de culture 1930-35
- Quelques thèmes de la question méridionale 1926
- Gramsci et la stratégie de la gauche contemporaine : le « bloc historique » comme concept stratégique Panagiotis Sotiris Période (pour certains thèmes évoqué par Stuart
Hall, le concept d'idéologie...
- Gramsci notre contemporain (à propos de césarisme, d'hégémonie, de « groupes sociaux subalternes »)
14 février
désoccidentalisation du capital, globalisation des capitaux, Etats-nations&régions... et théorie du communisme comme combat stratégique
nous avançons dans une perception plus exacte du capitalisme comme monde global, sans perdre de vue que le moment présent, dans le mouvement historique est construit et remodelé sans cesse par
un ensemble de processus engageant des particularités et leurs contradictions dans l'ensemble des rapports sociaux, comme économie politique subsumant les rapports de genre, de races et autres
identités
le point important est de ne pas confondre désoccidentalisation du monde et du capitalisme avec affaiblissement du capitalisme, ce que tend à faire toute perception de la crise qui confond
suprématie capitaliste occidentale et reproduction globale du mode de production
parallèlement les marxismes occidentalistes étaient en phase avec la suprématie capitaliste occidentale, et leur déclin, leur perte de pertinence, correspond à la désoccidentalisation du
monde
capitalisme transnational de concurrence
dire capitalisme de concurrence est un pléonasme, et pourtant des livres entiers de théories sont écrits sans un mot évoquant ce petit problème, auquel Marx a consacré une bonne
part du Capital. La concurrence capitaliste est une guerre marchande qui porte la guerre militaire pour la maîtris des ressources et des populations
le capitalisme est un système fondé sur l'exploitation et l'expropriation mais qui ne fonctionne pas sans la concurrence entre capitaux, plus que jamais enjeu actuel.
La restructuration du capital intervenue depuis quarante ans a elle-même une histoire, dans laquelle la concurrence se fait de moins en moins entre capitaux à bases nationales. La concurrence est de moins en moins structurée de façon
inter--nationale. Il y a une déconnection de la lutte de classes par rapport aux cibles antérieures des luttes qui pouvaient d'un même mouvement attaquer le patron et l'Etat. Les grands groupes mondiaux sont transnationaux et leurs
ramifications en sous-traitant nationaux innombrables
il est surprenant que des théoriciens qui ont une claire compréhension du processus général en soient encore à se demander ce que va devenir la Chine, le Brésil ou tel pays "émergent". Cela n'a
guère qu'un sens partiel et réducteur dans l'analyse de l'ensemble. Ainsi, la question n'est pas de savoir si la Chine pourra construire un capitalisme endogène, mais où vont les capitaux chinois, à quoi ils servent, et que feront
les prolétaires chinois face aux capitaux qui les exploitent, qu'ils soient ou non chinois
la cartographie du fonctionnement capitaliste actuel, et celle des luttes de classes qu'elle implique réciproquement (l'implication réciproque est réelle comme on dit de la
subsomption du capital), cette cartographie est pratiquement impossible tant elle serait complexe et mouvante, selon les secteurs d'activités, leurs croisements, etc. Mais elle serait foncièrement différente de celle qui
permettait de comprendre les guerres mondiales du 20ème siècle. Peut-on dire que le capitalisme occidental est entré en phase défensive dans la guerre concurrentielle, même si cela prend l'allure de conquêtes commerciales
? C'est caractéristique concernant la France en Afrique, dans la remodélisation qu'elle tente pour sortir de son pré-carré d'AFO, en se donnant des allures de bonne sœur militaire suppliant les autres pays
africains de lui demander d'intervenir (Cameroun), et ses partenaires internationaux de l'accompagner dans ses aventures. Pendant ce temps la Chine fait de l'Afrique un continent moderne où elle sera chez elle en ayant
payé, alors que l'Occident n'a fait que s'y servir gratuitement depuis plus de cinq siècles
une stratégie capitaliste ?
il n'existe de stratégie unitaire du capitalisme mondial qu'en tant qu'elle permet l'exploitation, la poursuite de l'expropriation tout en facilitant la concurrence et en bridant toute
possibilité de luttes trans-nationales. C'est là le rôle des Etats-nations, des Etats-régions (Europe...), des organismes internationaux et transnationaux, le rôle de frontières autant territoriales qu'ethniques, avec
passe-droit à la sur-exploitation. Cela a néanmoins le mérite de pointer non pas un front, mais une multiplicité de lieux et lignes de front
une stratégie communiste ?
c'est dans ce contexte que se posera de façon toujours plus actuelle la question d'une stratégie communiste mondiale. Dans la mesure où le font n'est pas unique contre un capital
unitaire abstrait, les liaisons entre lieux et lignes de front ne sauraient émerger defaçon spontanée, ni se résumer à cette échelle à un pari sur l'auto-organisation comme premier pas... Là encore on constate la vacuité
des théories de la communisation, puisqu'elles ne font qu'observer des morceaux d'événements dans le monde en espérant y lire les signes d'une révolution définie en termes abstraits ou de fiction, l'autre face d'une description
unitaire du capitalisme actuel. C'est de façon inhérente* que ces théories sont éloignées du communisme comme combat, parce qu'aucun ne sera jamais à la hauteur de leur abstraction du monde
* avec les théoriciens de la communisation, on peut effectivement parler de «marxisme occidental» au sens de Perry Anderson, des théoriciens-philosophes qui, après Marx, Lénine, Luxembourg ou
Gramsci, n'ont eu aucun engagement de leader d'un parti communiste (Lukacs... Adorno, Althusser, Jameson)
22 janvier
deux textes pour la réflexion théorique
Pour une nouvelle historiographie marxiste. Entretien avec Jairus Banaji revue Période janvier 2015
Nombre de gardiens du temple du « matérialisme historique » considèrent que l’histoire humaine se résume à une succession d’étapes bien démarquées : esclavage, féodalisme,
capitalisme. Pour ce marxisme canonisé, le capitalisme s’identifierait en outre au salariat – à une forme de travail « libre » – et exclurait les formes « archaïques » que sont l’esclavage ou le salariat
bridé. Le travail de Jairus Banaji s’inscrit en faux contre ces lectures dogmatiques. Pour Banaji, les modes de production ne sont pas des mondes clos : le salariat a existé dans l’antiquité, et l’esclavage de
plantation a permis l’essor du capitalisme. Une historiographie marxiste doit donner sa part à la richesse empirique des sociétés humaines et fournir des conceptualisations complexes sur les transitions historiques. Une telle
démarche implique de repenser le travail d’hier à aujourd’hui, à envisager la pluralité irréductible des formes de travail qui constituent le prolétariat global. Jairus Banaji revient avec nous sur son cheminement
intellectuel, de son histoire magistrale de l’antiquité tardive à ses textes d’intervention sur le fascisme en Inde.
L’hypothèse communiste et la question de l’organisation Peter D. Thomas, revue Période traduit d'avril
2013
L’hypothèse communiste / L’horizon de la forme-parti / Die organisationsfrage au tournant du millénaire / Le parti compositionnel et la multitude / Le parti-laboratoire et le sujet politique / Le prince
moderne et la forme-parti expansive
Quelles leçons politiques, stratégiques et organisationnelles peut-on tirer de la discussion philosophique sur le communisme ? C’est à cette question que se propose ici de répondre Peter Thomas, en
replaçant le débat sur « l’hypothèse communiste » dans la perspective des théorisations de la forme-parti qui, de Lukács à l’opéraïsme en passant par Gramsci, ont émergé du mouvement ouvrier. Loin de toute fétichisation
ou de toute critique abstraite du parti, l’auteur milite en faveur du réinvestissement de la figure gramscienne du « prince moderne », susceptible à ses yeux de promouvoir et de consolider les diverses luttes qui travaillent
le présent historique.
ce texte pointe et interroge, entre autres réflexions aussi foisonnantes que stimulantes, un changement de point de vue chez Hardt et Negri, entre Empire et Multitude d'une part, et Commenwealth, qui
m'avait frappé, mais pas au point de le théoriser
15 janvier 2015
comment se situer maintenant en communiste, mémoire, théorie et politique
pour ne pas rater une rencontre qui s'impose comme une nécessité historique
ce texte ne concerne pas, en fait, les seul.e.s à se reconnaître sous le nom de communisme, dont l'absence parfois les rend sourds, mais les
interpelle plus spécifiquement en raison d'une longue et lourde histoire de leurs rapports avec les "Autres de l'Occident" alors que le capital poursuivait ses guerres
il fait brièvement le lien entre ces passés de guerres mondiales et/ou coloniales, le lien entre les théories comme telles ou sous-jacentes à
des choix politiques ou pratiques, un lien que j'ai tenté de tisser depuis nombre d'années et repris dernièrement, et voilà que tomba la nouvelle du pire au présent pour le pire devant, qu'il nous faudra une fois
encore traverser, et nos frontières, comme disait Glissant
traverser le pire pour peut-être un jour inventer le meilleur, que ce soit autant que possible dès maintenant ensemble, c'est à quoi invite ce
texte, sans que personne n'y perde ni son âme, ni ne prive nous de son apport
vers la "résistance" ?
je n'aime pas ce mot de résistance et je l'ai écrit récemment, parce qu'il contient sa part de conservation. Pas plus que je ne suis indigné, ce
terme de morale qui annonçait la compassion des marches de dimanche dernier, au double sens d'hommage aux victimes et d'évacuation des causes du carnage ouvrant la voie à l'Union
inter-nationale et sacrée, cette accélération de la réponse militaire et idéologique du capitalisme occidental confronté à son déclin économique
les références historiques au passé sont bien sûr nécessaires pour comprendre ce qui s'est produit, condition première pour savoir comment réagir, et que faire, ou ne pas faire. De ce point de vue,
on rappelle aujourd'hui l'Union sacrée sur la base nécessaire de laquelle la population française devait s'engager en 1914, avec l'assassinat de Jaurès, dans la première guerre impérialiste mondiale,
conflit ayant aussi son arrière-plan colonial pour le partage des colonies pourvoyeuses déjà de matières premières, de forces de travail et de reproduction de la population prolétaire quasi gratuites pour le capitalisme européen,
celle-la même dont est cyniquement programmée aujourd'hui non seulement l'exclusion, mais la destruction de masse
des précédents ?
on évoquera aussi, concernant la France, deux précédentes guerres, car on préfère ne se souvenir que de celles qui ont touché son territoire métropolitain : la seconde guerre mondiale et la
guerre d'Algérie, et sans m'appesantir sur la place qu'y ont tenu les résistances, j'en balaye quelques caractéristiques communes et des différences :
1) une montée en puissance de la résistance au fur et à mesure que la position de l'ennemi devenait déterminante, soit qu'il allait perdre (l'Allemagne nazie et ses alliés), soit
qu'il allait gagner (l'Algérie, son indépendance)
2) dans ces mouvements de résistances une grande diversité de points de vue pas toujours compatibles, avec deux points centraux qui reviennent aujourd'hui : la question raciale et la question juive (j'y reviens
plus bas), que l'on pourrait symboliser
- concernant la première guerre mondiale, par la Shoah pour le plus massif (comme on dit destruction massive), et pour un détail de l'histoire, les relations de la résistance communiste avec celle des
immigrés juifs, dont a référence la plus connue (de moi) a pour symbole Manoukian, à l'époque comme groupe FTP-MOI, plus tard comme «Affaire Manoukian»
- concernant la guerre d'Algérie, par la position du PCF considérant que les jeunes appelés de la classe ouvrière devaient participer aux engagements militaires en Algérie pour porter la bonne parole aux
prolétaires du contingents, alors que d'autres communistes, anarchistes, ou anticolonialistes, les appelaient à la désertion voire à l'engagement aux côtés du FLN (Front de Libération Nationale de l'Algérie), voire
de son armée l'ALN, y compris sur le territoire métropolitain
je ne m'intéresse ici qu'à ce qui a pris un caractère massif ou déterminant (pour ce que j'en connais), pas aux différents points de vue certes intéressants voire plus justes en terme de compréhension théorique,
mais sans effets sur la réalité d'alors (j'y reviens aussi)
3) une ligne de partage, tant en France dès avant la Libération qu'en Algérie dans les différentes composantes alors susceptibles de prendre le pouvoir d'Etat à l'indépendance, sur
la possibilité de prolonger ces guerres impérialistes par une guerre sociale aboutissant au socialisme, déterminant entre autres des positions telles qu'en France, en substance et à l'extrême « cela ne concerne pas les
communistes, qui ne défendent pas l'unité nationale, mais les intérêts internationalistes de la classe ouvrière », sans parler de règlements de compte à balles perdues dans les maquis, notamment entre staliniens et troskistes,
avec en toile de fonds le jeu du Komintern et les intérêts de l'URSS de Staline. Rappelons que le PCF avaient marié pour le Front populaire (sic), en 1936, le drapeau national et la vulgate marxiste, un mélange que l'on retrouve
étrangement remanié aujourd'hui par le Front National et les héritiers du National-Socialisme (en allemand Nationalsozialismus = Nazi), ou encore sous le label rouge-brun relancé récemment par le
"marxiste" Jean-Louis Amcelle
une continuité historique sans rupture
entre hier et aujourd'hui en passant par de Gaulle et Mitterrand, Papon et Le Pen, une continuité sans rupture jusqu'à Hollande et Marine, sarcousus de fils
blancs
tous ces ingrédients constituent partie d'un héritage qui remonte à la surface de temps à autres mais en continu, par exemple « l'affaire Papon », entre sa collaboration pour envoyer des Juifs au crématoire, sa
nomination par de Gaulle comme Préfet à Constantine de 1956 à 1958 pendant la guerre d'Algérie, puis comme Préfet de police de 1958 à 1967 (!), pour jeter des manifestants algériens dans la Seine (17 octobre
1961), et finalement à l'affaire Papon lourdement médiatisée de son procès en 1997 à 2004
un continuum sans rupture dont les tristes héros sont les mêmes ou leurs progénitures idéologiques, sans parler d'autres guerres impérialistes menées par la France dans ses colonies, de l'après
1945 en "Indochine" relayée en "Guerre du Vietnam" avec le passage de témoin aux USA après la déroute, les guerres d'indépendance en Afrique du Nord et en Afrique occidentale française jusqu'en 1961, suivies de ce qu'on a appelé
le post-colonialisme, la Françafrique...
on comprend d'où vient à quelques-uns l'idée que les Juifs d'hier sont les "Musulmans" d'aujourd'hui... la personnalité de Maurice Papon comme l'évolution d'un Jean-marie Le Pen
en sont emblématiques, puisqu'ils auront servi sans faillir les deux causes, qu'on retrouve à présent, de l'antisémitisme et de l'islamophobie, en termes de mise à mort de ces « périls » pour l'Europe d'Hitler à celle
d'aujourd'hui. Les deux textes que j'ai référencés ce matin, l'un du meilleur de la mouvance dites des Indigènes de la République, l'autre de l'Union juive française pour la paix proviennent des héritiers tant
Nords-Africains que Juifs des résistants aux guerres évoquées
un clivage politique, un autre théorique pour un même « angle-mort » chez communistes et marxistes français
ressortent depuis dix ans la même sorte de clivage :
- d'une part sur le plan politique institutionnel avec les partis ou organisations communistes français, du PCF à LO en passant par la LCR puis le NPA, autour par exemple de la loi "sur le
voile" de 2004 ou de la conduite à tenir avec la création du PIR, Parti des Indigènes de la République, après les émeutes de banlieue en 2005, événement finalement plus symbolique que véritablement déterminant sur le terrain chez
les Indigènes d'en-bas, mais prenant valeur historique mondiale, à la lumière de ce qui se produit sous nos yeux 10 ans après
« La fragilisation touche encore plus fortement la composante issue de l’immigration des classes populaires, qui est confrontée aux discriminations racistes systémiques (angle absolument
mort des discours des organisations politiques se réclamant des classes populaires) » l'attentat contre Charlie Hebdo : l'occultation politique et médiatique des causes, des conséquences et des
enjeux Saïd Bouamama 14 janvier
- d'autre part sur le plan théorique a-pratique, puisque c'est au fond sur cette question que j'ai pris mes distances jusqu'à rompre avec le milieu radical issu de
l'ultra-gauche, auquel je reproche le même angle mort concernant la théorie de la communisation et alentours, tant dans l'ensemble du courant communisateur (cf ma critique, et par suite mes réflexions sur la question raciale en relation avec la classe et le genre, jusqu'aux jours prédédents l'attentat Charlie le monde et le capital, l'Occident et les autres ). Je ne m'arrête pas ici sur ce que Karl Nesic appelle la fin d'un
cycle théorique*, avec l'échec des tentatives d'insuffler dans les luttes radicales les thèses communisatrices (Meeting/Sic puis silence radio), la problématique qui était en son cœur ayant fait la preuve empirique de sa
caducité momentanée ou définitive, on verra
je m'en tiens à relever depuis une semaine d'événements mondiaux l'absence de toute expression propre de groupes théoriciens tels que Théorie Communiste,
TropLoin, Temps Critiques, Critique radicale de la valeur... J'y vois certes bien sûr la nécessité d'un recul sans précipitation (comme la mienne), une cohérence entre principe d'existence strictement théoricienne
de certains, et leur refus de toute intervention politique dans une lutte de classes qu'ils considèrent disparue ou pas assez mûre pour mériter leurs lumières. Exception toutefois de la critique radicale de la
valeur, qui mène sa propagande théorique aux bords du politique en douteuse compagnie de marxismes officiels aseptisés, et celle de Théorie Communiste qui a considéré au contraire nécessaire, entre
2002 et 2013, de constituer des réseaux militants avec des "activistes" en mal de théorie tout en condamnant l'usage "immédiatiste" qu'ils en faisaient. En un mot (d'ordre), pour reprendre celui de TropLoin (Dauvé et
Nesic) en 2002 : Il va falloir attendre... *
* pour ne pas être injuste, je crois, à vérifier, que TropLoin qui, en suspendant sa production de textes, a critiqué l'eurocentrisme du
Courant communisateur, attendait "une bonne guerre" [guillemets de moi], ce que souhaitait aussi Marx en son temps (guerre en Europe, aux Indes, aux Etats-Unis...), qui nous renvoie aux espoirs communistes, durant la
seconde guerre mondiale, d'aboutir à une prise du pouvoir (en France et en Italie non occupées par l'URSS), et à la sorte de socialisme tiers-mondiste qu'on a vu évoluer en Afrique de la décolonisation (sic) / Je mets de côté Sans
Patrie ni frontières, dans la mesure où s'exprimer aussi abondamment pour entretenir - de la dénonciation des antisémites d'extrême-gauche à celle des islamo-gauchistes en passant par celle du marxisme en
général -, la plus grande confusion théorique et pratique, ne cache pas chez lui l'absence d'une critique sérieuse du capitalisme actuel
voilà dessiné à gros traits un état des lieux, tel que je l'ai vécu et saisi personnellement, car ce fut aussi pour moi un parcours initiatique, dont je veux évoquer le point de départ, en 1971, j'avais alors vingt ans,
ma rencontre simultanée avec le communisme et l'anticolonialisme, en la personne d'Alain Gresh sur la situation internationale d'alors
le premier jour où j'ai été mis en contact avec des communistes, c'était des '"staliniens", en répondant en 1971 à une invitation des « cercles de classes préparatoires
aux grandes écoles de l'UEC (jeunes du PCF)» à Lyon, j'étais matheux. J'avais vingt ans et pas encore de carte. L'ordre du jour était « la situation internationale » et la direction nationale de l'UEC nous avait envoyé un de
ces éminents dirigeants, en la personne d'un certain Alain Gresh, fils du résistant anticolonialiste d'origine juive Henri Curiel assassiné à Paris en 1978. Alain Gresh, qui avait lui 23 ans, nous a présenté ce qui
était alors un classique "stalinien", « les trois composantes des forces révolutionnaires dans le monde : l'existence des pays socialistes, les partis communistes des pays capitalistes, et les mouvements de
libération nationales du tiers-monde »
je me souviens très bien d'une de ses phrases dans le débat qui s'ensuivit, un autre classique, « la roue de l'histoire qui tourne à l'envers » qui prête à sourire quant au
déterminisme historique en vigueur alors, et toujours présent, ici ou là, aujourd'hui. C'était l'époque où l'on manifestait pour hâter la défaite américaine au Vietnam, alors qu'Angela Davis était encore en prison, et
j'avais au mur de ma chambre un poster d'elle que nous avions tiré en sérigraphie avec les étudiants des Beaux-Arts, de même que quelques citations, dont celle-ci de Lénine, que je cite de mémoire, que pourtant j'ai fort
mauvaise :
« les individus seront toujours les dupes stupides d’eux-mêmes tant qu’ils ne sauront pas discerner derrière tel discours les intérêts de telle ou telle classe
»
je reviens au véritable objet de cette intervention : comment se situer maintenant en communiste, mémoire, théorie et politique ?
une conjoncture fatale
les jours passant, les choses évoluant avec une logique que l'on peut lire dans l'enchaînement d'événements quotidiens de toutes natures, j'ai insisté sur la conjoncture, en quelque sorte, qui a
permis cette formidable (qui fait peur) conjonction de circonstances. Cette conjoncture, les gouvernants occidentaux l'ont saisie d'autant mieux qu'ils l'avaient produite en toute connaissance de causes et de conséquences
du moins immédiates, en attendant la prochaine échéance importante, leur réunion sur la sécurité, à Washington en février prochain
« un islamogauchiste particulièrement gratiné »
à cet égard, j'ai signalé comme "excellent" le texte de Saïd Bouamama, parce qu'il me semble bien expliquer ce faisceau de circonstances entre remontée du passé, situation présente, et enjeux de part et d'autre d'une
ligne de front entre le capitalisme post-colonialiste, et la classe de sa chair à profits. Que ce soit clair : je ne soutiens aucune position personnelle, de parti ou groupe, ni texte ni tract, j'en
fais des matériaux pour le chantier d'une pensée critique, et plus si affinités. Le texte de Bouamama est un des premiers manifestant du recul, proposant à la fois une analyse sérieuse, et prenant une position
politique qui, si elle a ses fondements théoriques, est aussi un engagement de plein pied dans l'action, à la tonalité qui tranche avec ce que entend ailleurs, y compris jusque-là à l'extrême gauche, et pour les raisons que j'ai
esquissées plus haut
ce faisant, je sais bien que je risque une fois de plus de me faire des inimitiés, puisque qu'on m'a déjà reproché d'apporter « une caution intellectuelle » à Houria Bouteldja, et que j'ai reçu (c'était avant le
texte de Bouamama) un mail sympathique, d'une personne intéressée par ces théories communistes radicales, évoquant Saïd Bouamama comme un « islamogauchiste particulièrement gratiné »
les conseils sont bien bons, comme les radotages, du haut des chaires "marxistes", qu'il faut yaka la guerre de classes, meilleure riposte au "conflit de civilisation", tout en protégeant ses billes au prétexte que ce qu'on peut faire ne serait pas assez purement
théorico-compatible. Où l'on retrouve ma remarque plus haut sur l'argument de la fin des années 30 : « cette guerre ne concerne pas la classe ouvrière, c'est un problème de concurrence inter-capitalistes », qu'ont alimenté
divers courants communistes anti-staliniens, et dont étaient tirés diverses positions personnelles, de cultiver son jardin tant que les bombes n'y tombaient pas, ou de traverser l'Atlantique, parce qu'on y vivait plus tranquille
(ça ne vise évidemment pas l'émigration juive), mais certains ont tout de même choisi de "résister", ne serait-ce que pour protéger ceux qui n'avaient pas les moyens de partir et sauver leur peau
un mot à mes amis communistes et d'autres qui voudront bien l'entendre
je ne lis pas dans le marc de café, mais il fait peu de doute qu'après la manifestation de dimanche, entre « proches de nos idées » qui n'étaient pas Charlie, et ceux qui se sont réveillés avec la gueule de bois
pour s'être fait avoir, des voix qu'on entend déjà vont s'amplifier pour dire que quelque chose ne tourne pas rond, et qu'il faut faire quelque chose
ça va s'orienter vers des ripostes sous différentes formes, du papier au pavé, qui porteront ou pas le nom de « résistance », qui se cliveront entre combats de classe et pacifisme
naïvement a-classiste dans le prolongement du funeste dimanche, mais qui se grefferont quoi qu'il en soit sur les problèmes sociaux que tout ce ramdam islamalgamé, comme dit Bouamama, a permis de passer à la trappe, ce qui était
après tout un des buts avant d'ouvrir en grands, à nous tous extrêmistes réunis pour cette sinistre cause, tribunaux, prisons, et cimetières pour qui croyait au ciel et qui n'y croyait pas
fort de tout ça, je n'ai pas grand chose à ajouter, chacun.e voyant la nuit à sa porte, mais je serais plus que peiné d'un silence trop prolongé de mes amis, dans le bruit blanc des médias, des partis, des prières et
convois militaires, en attendant d'autres bombes et des balles non perdues
si, après l'angle mort d'analyses politiques ou théoriques comptables à mes yeux de cette situation du communisme en France, avec le clivage qu'elles ont elles-mêmes
produit entre communistes vivants en France et 'indigènes' du prolétariat le plus menacé aujourd'hui et demain, dans le miroir de leur stigmatisation par les forces du capital
si, après tout ça, il fallait de surcroît supporter des insultes théorisées, vraies celle-ci, quant à l'islamo-gauchisme, au soutien à de prétendus communautarismes identitaires,
critique commune à de purs marxistes révolutionnaires et à l'extrême-droite fachiste, comme menaçant l'unité théorisée comme impossible d'une classe ouvrière défaite et sans espoir
si, après tout ça, certains d'entre vous éprouvaient encore le besoin de l'ouvrir pour en rajouter une couche sans avoir l'honnêteté de reconnaître des erreurs voire des fautes théoriques et
politiques aux lourdes conséquences
alors je préfèrerais franchement qu'ils continuent à la fermer courageusement, et qu'on comprenne ce que signifie au fond critiquer aujourd'hui toute forme d'organisation
voire d'auto-organisation, dénoncer mais instrumentaliser l'immédiatisme, l'activisme, voir en tout militant un subjectiviste, et en fin de compte attendre des jours meilleurs pour engager
une révolution adéquate à des théories aujourd'hui inutiles, signifiant face au capital non pas un attentisme, mais une théorie de la démission
mieux vaut une théorie inutile ou une bonne histoire des choses advenues qu'un appel à la démission sous couvert d'analyse théorique
mais il est vrai que je m'accorde, à vous aussi, un peu trop d'importance, car il est vrai et toujours frais en ce qui me concerne « Patlotch, combien de divisions ? »
.
28 décembre 2014
politique et police, État et capital
en lisant le dictionnaire des mots savants employés à tort et à travers, de Tristan Savin, Express Roularta Éditions, 2011 p.203
« Politique : adj. et n. Du grec politikos (« en ce qui concerne les citoyens »), de politês (« de la cité »), de polis (« cité »). Étymologiquement, la politique
est donc avant tout communale. Le grec polis a donné un autre mot : « police ». D'ailleurs, au XVIe siècle, un « politique » désignait... un agent de police (le terme « policier » est apparu deux siècles
plus tard). Les cités sont devenues des États et la politique une affaire internationale. Elle s'applique à tous les domaines : politique agricole, politique sociale, politique des prix, politique culturelle, etc.
dans le cas d'une « politique commerciale », on ne sait plus s'il s'agit d'une activité ou d'une stratégie. « Politique » est devenu un terme de marketing. [...]
« Chaque jour nous constatons encore que, dans le jeu ambigu et souvent criminel de lapolitique, auquel les peuples confient toujours avec crédulité leurs enfants et leur avenir, ce ne
sont pas des hommes aux idées larges et morales. » (Stefan Zweig) « La politique est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde » (Paul Valéry).
[...]
Quant à la « politique politicienne », c'est à la fois un pléonasme, un concept paradoxal et un secret de polichinelle. »
ainsi donc, politique et police dévoilent, par leur origine étymologique, entre passé de la cité citoyenne et présent du Capital/État, leur lien économique et social
tout est dit, ou presque, pour comprendre comment l'on peut souhaiter la révolution, sans attendre rien de la politique et sans y inscrire les combats communistes. Ce qui ne signifie pas qu'ils
puissent se mener sans politique : le politique # la politique. Toute lutte nécessite un sens politique, en particulier contre la politique du Capital et de l'État
.
17 décembre 2014
comment peut-on être communiste ? vs anarchiste ?
cette question me vient d'une part parce que j'imagine que le seul mot de communisme en page d'accueil de mon site suffit à en éloigner nombre de passant.e.s peu curieux d'aller y voir
de plus près. D'autre part, je vois que Claude Guillon annonce sur son nouveau « blogue généraliste, Lignes de force » la sortie en 2015 de « Comment peut-on être anarchiste ? »
pourquoi je fais dans mes interventions davantage référence au communisme qu'à l'anarchisme ou à l'anarchie ? Il est vrai que je tape souvent sur les anars même "de gauche", dans le sens où le principal défaut des
anarchistes, avec d'heureuses exceptions, c'est de s'en prendre davantage à l'État, à son ordre et à sa police, qu'au Capital qui les justifie. mais je ne m'en prends pas moins aux marxistes et communistes pour qui l'État, ou le
parti, sont en quelques sorte des médiations possibles d'une transition au communisme, sous le nom de socialisme ou autre
à vrai dire, pour moi, une fois dépassés les conceptions anciennes du communisme ou de l'anarchisme, les deux questions Comment peut-on être anarchiste ? et Comment peut-on être communiste ? n'en sont
qu'une seule et même
si je m'interroge sur le pourquoi de la différence que j'établis de fait en privilégiant communisme plutôt qu'anarchie, je n'en trouve les raisons que dans mon parcours politique puis critique, davantage passé par des
compagnonnages avec des organisations ou groupes se disant communistes plutôt qu'anarchistes
* Je constate par exemple que le courant communisateur, s'il se réfère plutôt au communisme en ce qu'il pose d'abord le Capital puis l'Etat comme lui étant nécessaire, a cherché à se faire connaître plutôt par
le milieu "anarchiste de gauche" (les activistes autonomes se considèreent plus héritiers des anarchistes que des communistes en général, ce dont témoignent leurs attaques privilégiés contre la police et le grand cas qu'ils
font des émeutes en général, sans trop regarder ce qu'elles mettent en cause, pourvu que ce soit la police). On le comprend aisément dans la mesure où des organisations qui se nomment encore communistes, bien au-delà du PCF dans
la mouvance démocratique radicale, et sans parler des syndicats, ne sont pas sans être souvent du côté de la police (on l'a vu en Grèce comme en France) dans le cas d'affrontements violents
on me dira qu'il existe depuis longtemps des anarcho-communistes ou des communistes libertaires *, alors pourquoi simplement pas m'inscrire dans ces courants ? Ma réponse tient à ce
qu'ils sont aujourd'hui; les groupes qui s'en réclament s'inscrivent dans une continuité historique remontant à Kropotkine et Malatesta, avec les restes d'idéologie programmatiste et partisane qui les animent.
Du point de vue théorique comme politique, du point de vue de l'activité, cela rend impossible que je m'y reconnaisse
* « Le « communisme libertaire » est proclamé pour la première fois à la Fédération italienne de l'AIT (anti-autoritaire de St-Imier créée en 1872) au congrès de Florence de 1876 par Costa, Errico Malatesta, Carlo
Cafiero et Covelli4. Ce positionnement est pris en opposition au collectivisme qui est la position officielle de l'AIT anti-autoritaire (avec l'influence de Bakounine) de cette époque.» Wikipédia anarcho-communisme
« Toute société qui aura rompu avec la propriété privée sera forcée, selon nous, de s'organiser en communisme anarchiste. L'anarchie mène au communisme, et le
communisme à l'anarchie, l'un et l’autre n'étant que l'expression de la tendance prédominante des sociétés modernes, la recherche de l'égalité.» Kropotkine, La Conquête du Pain (1892)
1903 texte intégral
« Je déteste le communisme, parce qu'il est la négation de la liberté et que je ne puis
concevoir rien d'humain sans liberté.» Michel Bakounine
un argument pour préférer communisme à anarchisme et surtout à libertaire, c'est qu'à part les dynosaures en quête d'un parti de masse
et d'avant-garde, communiste est moins qu'anarchiste ou libertaire sujet à la tendance qu'ont ces deux-là à recouvrir n'importe quoi de droite à gauche et du milieu, puisqu'être contre l'autorité vous vaut toujours une belle
considération. L'autorité renvoie à des dominations, plus qu'à l'exploitation capitaliste, et combien vous diront : je suis anarchiste plus que communiste parce que ce terme ne renvoie pour eux qu'à une privation de
liberté, mais surtout parce que l'antagonisme de classes, ils s'en moquent comme de leur première chemise (blanche à col ouvert). Gilles Dauvé le dit bien concernant l'autonomie dans le paragraphe horizontalité du
texte Le militant au XXIème siècle
cela étant j'ai mis beaucoup d'anarchisme dans mon communisme, et d'autres l'inverse, et franchement je ne vois pas pourquoi opposer ces rapprochements ni comment faire autrement.
Quand au nom, il n'importe que pour qui les mots sont plus importants que les choses, les idées que les actes, et je ne peux rien pour ceux qui sont incapables de dépasser ce stade. Je constate simplement que les deux mots, communisme et
anarchisme, sont toujours bons à créer des identités militantes et sectaires, ces poisons dans l'eau du bain de l'émancipation humaine
.
11 décembre 2014
communisme : un schéma théorique en action... revendicative
(plus qu'une analyse, un coup de gueule)
On veut des thunes en attendant le communisme AntigestionToulouse 5 décembre
hormis l'on suppose le refus de la forme parti, mais pas de l'organisation « en réseau », rien de bien nouveau sous le soleil. Depuis plus d'un siècle, les communistes de divers courants historiques discernent
luttes revendicatives et luttes révolutionnaires. On ne s'en plaindra pas : comment faire autrement ?
plus intéressant les fondements de l'activité de ce nouveau « Réseau communiste antigestionnaire » RCA, dont voici la plate-forme : http://www.reseauantigestion.org/
il y aurait bien des remarques à faire sur le contenu de cette nouveauté, mais j'en tiens au fil de mes considérations antérieures, sur l'articulation classes/genre/'Races'
il ressort des textes de ce nouveau réseau RCA, dont on ne connaît ni l'ampleur ni le nombre de divisions dans Toulouse et au-delà, qu'il s'appuie plus ou moins sur les thèses du Courant
Communisateur, si ce n'est directement celles de Théorie Communiste (dndf le relaie). Exemple dans l'Appel Pour un réseau « Communiste anti-gestionnaire » (je souligne en gras)
« nous sommes pour le communisme, c’est-à-dire pour un mouvement révolutionnaire qui abolit les classes, les genres, l’État, la valeur, la propriété…
La liste est longue de toutes les merdes qui forment le capitalisme et qu’il faudra supprimer.
Et nous pensons que la dynamique de cette suppression, c’est l’abolition des classes et des genres. Ces deux mouvements nécessitent de fonctionner parfois de
manière séparée parce que le rapport hommes/femmes est conflictuel. Par l’expression « ces deux mouvements », nous entendons la lutte des prolétaires pour l’abolition des classes et, au sein du prolétariat, la lutte
pour l’abolition des genres qui implique l’auto-organisation des femmes entre elles.»
lors des Rencontres d'été 2014 je relève ces deux débats
« 3ème débat de fond. La centralité de la question de genre dans la lutte des classes aujourd’hui. Quelles luttes des femmes? Quelles perspectives révolutionnaires
?
4ème débat de fond. Nationalisme et communautarisme en période de crise. Volonté de discuter de deux phénomènes en expansion depuis la crise. La montée
d’un nationalisme populiste dans les discours face aux prétendues causes de la crise (mondialisation, finance, étrangers…), de l’extrême droite au front de gauche (voir plus loin). Et en parallèle le
réflexe communautaire comme réflexe de survie pour de larges franges du prolétariat.»
et je remarque l'absence de la question raciale, ou plutôt sa présence en creux sous la forme du « communautarisme » - catégorie discutable, très idéologique, et qui n'a rien de marxiste * - côte à
côte avec le « nationalisme » (déjà plus clair dans son rapport à l'Etat-Nation), signifiant clairement sa condamnation, ce que l'on peut soutenir, mais à la condition d'aller voir en quoi elle ne serait pas celle des luttes des
racisé.e.s en tant que tel.le.s
* il faudra revenir sur ce manque de sérieux, car depuis quand les communistes devraient-ils faire une analyse avec les catégories fourre-tout de l'idéologie capitaliste, et qui servent
précisément à noyer le poisson pour structurer la fragmentation du prolétariat sur une base racialiste ?
quelques questions :
où sont les luttes des racisé.e.s ? en quoi ne concernent-elles pas le combat communiste ? alors que la plupart associent précisément luttes de femmes et luttes de classes dans
la mesure où ce sont des migrant.e.s où des populations visées par le racisme, comme aux Etats-Unis, et en France de façon quasi institutionnelle, face au travail et à la police (voir Dans la jungle des migrants de Calais, des femmes aussi, article des Inrocks rapporté par Incendo Genres&Classes ?)
la condamnation du « communautarisme » (qui est loin d'être ou de se réduire « un réflexe de survie pour de larges franges du prolétariat ») sous-entend-elle
celle d'une auto-organisation des racisées ? (telle qu'elle apparaît chez les Indigènes de la République bien que non mono-raciale donc non communautariste, il n'existe pas par exemple de communauté arabo-noire en France ni
l'envie au PIR d'en fonder une). Ce dont on ne veut pas (parler) ici, c'est de leurs luttes spécifiques ou du moins considérer qu'elles peuvent participer aux contradictions du mouvement
communiste
les femmes doivent s'auto-organiser, pas les "racisé.e.s" ?
si oui, pourquoi reconnaître que « l’abolition des genres implique l’auto-organisation des femmes entre elles », et la dénier aux racisé.e.s sur la base même de leur oppression ? Parce que
c'est gravé dans la théorie-mère, la communisation selon Théorie Communiste, communisation dont bizarrement le nom n'est pas prononcé alors que la création de ce réseau est justifiée par ses thèses ? L'aventure SIC
en farce toulousaine ? Quid des féministes de classe et de races aux Etats-Unis , en Amérique Latine, en Afrique... ? Pas communistes ? Communautaristes le Black Panther Party, Carmechael, Angela Davis et tant d'autres
depuis ?
qui met des étiquettes pour distribuer les bons et mauvais points dans la grande tradition de la critique marxiste occidentale, et particulièrement française, dont ne se démarquent pas ici fondamentalement
ce Réseau Communiste Antigestionnaire (ni au demeurant Théorie communiste) ? Qui tranche pour dire ceci est une bonne lutte de genre et/ou de classe et cela une mauvaise, un handicap, une idéologie à
combattre, etc. ? Qui fait le tri entre bon Nègres du monde (qui rejoindront le Réseau, autant dire le parti), et mauvais Négres "communautaristes" ?
petite contradiction : dans un événement tel que l'a produit Exhibit B, que pourraient-ils à dire, si ce n'est se retrouver, avec de tels présupposés, du même côté - et grosso-modo avec le beau
prétexte anti-communautariste - à côté du problème, avec le Ministère de la Culture, la Justice républicaine, l'essentiel des commentaires médiatiques, « les mairies communiste et socialiste de Saint-Denis et de Paris
et le Parti de Gauche, les organisations des droits de l’homme et antiracistes qui y ont pignon sur rue, comme le MRAP, la LDH et la LICRA, pour venir à la rescousse de l’exposition. La CGT « Spectacle »... » comme
dit le texte « Abstraction blanche et matérialisme noir », c'est-à-dire tout ce que critique à juste titre le RCA comme gestionnaire du capital ?
oui ou non, est-ce que les Noir.e.s et Autres, avec leurs spécificités (que leur reconnaît le Capital et l'Etat depuis qu'ils les ont inventés), peuvent inscrire leurs combats dans un combat communiste
plus général sans se voir donner les mêmes leçons "marxistes" depuis la colonisation et la décolonisation, par des communistes blancs ?
il y a une façon de ne pas être antiraciste (TC/BL : « nous ne sommes pas anti...»), et de refuser aux racisé.e.s de s'organiser comme ils et elles l'entendent - comme il est reconnu aux
féministes qu'on n'accuse pas en celà de communautarisme de genre -, une façon qui fraye dangereusement avec le racisme idéologique occidental. Qu'on le prenne en théorie ou en pratique, ça n'a rien à voir
avec le communisme dans lequel l'émancipation des travailleurs sera leur œuvre propre, et pas celle d'un réseau militant
qu'il y ait des contradictions, que les questions de genre et de 'races' ne se posent pas dans les mêmes termes historiques et de structures pour le capital, c'est vrai. C'est beaucoup débattu
en théorie et dans les luttes concrètes depuis des décennies, ailleurs qu'en France, par des marxistes fémininistes le plus souvent non-Blanc.he.s, comme j'en ai apporté les éléments. Il est inévitable que ces
contradictions se traduisent par des fragmentations y compris dans les luttes face au capital - le féminisme blanc est mis en cause, le marxisme et l'anarchisme mâles aussi
le pire n'est-il pas que les divisions soient encouragées au nom du communisme, avec le risque d'aggraver les oppositions dans les luttes, tout ça au nom d'une théorie communiste
blanche occidentale, avec un nouveau petit livre rouge sur la classe et le genre ?
source RCA source les années Mao
le maoisme communisateur, quand bien même ce détournement serait de l'humour (va savoir), quel dé-goût !
je souhaite que ça fasse long feu, mais après tout, le RCA n'est jamais qu'un petit groupe toulousain dont la seule action manifeste a consisté à revendiquer de l'argent en attendant la fin, relayé
par la complaisance habituelle de dndf qui a aimé la banderolle et dont on sait l'attrait pour les slogans confus
3 décembre 2014
communisme : aimerait-on qu'il en fut ainsi ?
10 Signs That Communists Are Infiltrating The Ferguson Protests Freedom Outpost
non je ne me suis pas rallié à Jim Crow et aux obsédés de la lutte anti-communiste aux USA. Ce genre de réactions fleurit malheureusement davantage que les pauvres variantes de l'idéologie communiste des
deux côtés de l'Atlantique
je note toutefois que cette analyse est le pendant de celles de certains activistes sur le terrain ou de théoriciens communistes plus loin, qui tirent de Ferguson matière à alimenter leur
conviction de « la nécessité de l'organisation ce classe et du parti révolutionnaire pour organiser et diriger la lutte pour changer le système » (PCI 20 octobre cité ci-dessous le 1er décembre)
il est dommage que le texte Ferguson : l'incendie impossible à éteindre ne soit pas plus clair et précis pour faire la distinction entre les « militants » dont il parle* au nom du
néo-maoïste Revolutionary Communist Party (RCP, Bob Avakian...) et du "marxiste-léniniste" Workers World Party. Mais il est vrai que son texte est daté du 17 novembre, avant le procès en acquittement du policier meurtrier et les événements qui ont
suivi, avec l'intervention de ces deux organisations sur place et dans leurs colonnes
* « C’est peut-être les militants, en particulier les fractions ultrapériphériques des exclus, dont les actes et la perspective nihiliste globale désespérée parle le mieux de la situation des
Noirs en Amérique. Les militants comprennent un réseau informel de jeunes hommes chômeurs noirs, dont beaucoup viennent non seulement des villes voisines dans le comté de St. Louis, mais aussi des villes des états voisins, tels que
Chicago, Detroit, New York, et d’autres environnements urbains qui ont partagé un destin historique semblable à Saint-Louis. Leur principal objectif était de s’affronter à la police directement par tous les moyens
nécessaires. » [ce qui effectivement ne pose pas leurs activités comme activisme communiste, mais renvoie davantage aux priorités de courants anarchistes]
RCP 4 décembre 2014 PDF
autant dire que tout ça n'a guère à voir avec les thèses sur la communisation, y compris dans mon approche critique. Ce n'est pas une voie que je souhaite explorer...
30 novembre 2014
communisme : demandez le programme
Actualiser le communisme Alain Bihr àL'indépendant 29 novembre
autant le Bihr critique du capital est intéressant (La reproduction du capital. Prolégomènes à une théorie générale du capitalisme, 2 tomes 2001), autant le Bihr théoricien du communisme est décevant. Il a
toutefois un mérite, formuler clairement une mise à jour du programme prolétarien dans l'idéologie de l'alternative. C'est grosso modo la matrice de la vision stratégique du NPA
pas grand chose à en dire, depuis les positions défendues ici, la lecture de ce texte sans originalité est immédiatement critique. L'expression "actualiser le communisme" peut se lire
"actualiser le programmatisme ouvrier" dans une version social-démocrate-écolo agrémentée de "l'institution du revenu social garanti" emprunté aux négristes de la belle époque... Le contre-pouvoir prolétarien, les
structures syndicales, l'autogestion, les "logiques alternatives", les réseaux militants, les mouvements sociaux... le sujet, le projet, le trajet...
le programme ? un sacré coup de vieux !
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24 novembre
la fin du capitalisme sans luttes ? Compte là-dessus et bois de l'eau (fraîche)
plus le capital fait des ravages, plus on annonce sa fin, mais moins souvent comme produit de luttes. J'ai déjà passé en revue les thèses de Jeremy Rifkin (cf. "Notre capitalisme est à bout de souffle", “Le capitalisme va laisser place à une économie de l’échange et du partage”, autres articles), en liaison avec l'idéologie des communs, qui hante toute représentation des évolutions économiques y compris dans la gauche anti-capitaliste (cf commun et/ou communisme : révolution ou réformisme ?)
pas besoin d'être un théoricien marxiste pour comprendre que ça ne marche pas, lire par exemple Fin du capitalisme : pourquoi la thèse idyllique que défend Jeremy Rifkin ne tient pas... Le dernier livre de Jeremy Rifkin, "The zero marginal cost
society", qui prédit la disparition du capitalisme, est encensé en France avec béatitude par une presse socialiste trop heureuse de célébrer toute critique du marché [...] ou même dans Les Echos Pourquoi Jeremy Rifkin fait fausse route, Philippe Bihouix, Ingénieur centralien : « c’est sur le volet énergétique que Rifkin reste le plus
irréaliste. Sa métaphore d’un Internet de l’énergie fleure bon l’économie «?dématérialisée?» et lui permet d’esquiver les questions trop concrètes. Las, on ne stocke pas l’énergie aussi aisément que des
octets, il n’y a pas de loi de Moore énergétique. Pour produire, stocker, transporter l’électricité, même «?verte?», il faut quantité de métaux?: platine des piles à hydrogène, néodyme des éoliennes ou des voitures
électriques, sélénium et indium des panneaux solaires... et bien d’autres métaux rares déjà utilisés en électronique, dont la demande exploserait avec une généralisation des «?smart grids?», des objets connectés et du Big Data.
L’offre minière, déjà contrainte, ne pourrait pas suivre.»
voici une variante, autour d'un livre dans la présentation duquel ne figure aucune lutte d'aucune sorte
Pourquoi le capitalisme aura disparu dans... moins de 40 ans La Tribune 21 novembre
Fin de l'accumulation du capital, automatisation, réchauffement climatique, pollution... Dans le livre “Le capitalisme a-t-il un avenir ?”, un collectif réunissant un sociologue, un historien
et un économiste voit dans la conjoncture actuelle certaines tendances qui pourraient mener à la fin de l’économie de marché

on ne s'étonnera pas de trouver en tête des auteurs Immanuel Wallerstein, l'historien du capitalisme système-monde dont les analyses sont mises en cause par Robert Brenner dans le texte
de 1981 signalé plus bas (La théorie du système-monde et la transition au capitalisme : perspectives historique et théorique, revue Période), précisément pour le peu de place qu'il donne à la lutte
de classes
de même, on peut évoquer parmi ces théories en vogue évoquant si peu le caractère contradictoire du capital comme lutte de classes (implication réciproque avec le prolétariat), la critique
radicale de la valeur, et particulièrement Moishe Postone, dont le capital automate fait l'objet de la critique de Jacques Bidet, théoricien lié au milieu trostko-marxiste (Misère dans la philosophie marxiste : Moishe Postone lecteur du Capital, revue Période)
la fin du capital = le communisme ? Ah bon...
quant à la théorie de la communisation, elle ne risque pas de tomber sous cette critique, fondée qu'elle est sur la contradiction de l'exploitation. Rien d'un automatisme donc quant à
la fin annoncée du capital, même si un des théoriciens de ce courant annonçait la révolution en 2020. On peut par contre se demander si la sorte d'identité que cette théorie établit entre cours du capital et lutte de classe en tant que
mouvement du communisme ne rejoint pas paradoxalement ces annonces d'une fin pour une raison ou une autre, toute reliée à la crise économique et/ou écologique
je me contenterai de remarquer que le monde peut s'effondrer, l'économie et le capital avec, sans que cela ne signifie en rien leur dépassement communiste, et le malheur est bien qu'on ne voit rien aller dans ce
sens au présent
c'est au demeurant pourquoi toute théorie ne prenant pas en compte le caractère surdéterminant dans le capitalisme de la crise écologique du monde terrestre ne peut poser dans toute son ampleur la
conjoncture éventuelle d'une révolution, et poser correctement le problème de la fragmentation du prolétariat selon ses activités et objectifs immédiats au-delà de revendiquer auprès des patrons ou des États, à toutes échelles
géographiques
Théorie Communiste a sans doute saisi bonne part du capitalisme au présent, mais tout cela est loin du compte pour prétendre saisir la question du communiste
au final, je partage avec ces derniers une conviction : on peut penser avec Marx que le capitalisme produit sa propre nécrologie, il n'en demeure pas moins que cela exige de considérer les communismes comme combats au-delà de détruire ce mode de production/reproduction, même si par quelque heureux hasard il s'effondrait
de lui-même
de l'eau fraîche : la positivité communiste est nécessaire dès maintenant pour offrir une issue vivable au capitalisme
le B.A.BA de la dialectique des contradictions nous dit que le communisme ne peut pas être seulement travail du négatif, négation dans le capitalisme. Il ne vit
qu'idéologiquement, c'est aussi nécessaire que l'eau fraîche, par et dans sa positivité. Il faut bien que celle-ci s'exprime d'une manière ou d'une autre, alors traiter en chiens crevés "ex-communistes" ceux qui
s'y essayent est aussi vain qu'inepte, aussi structuralistiquement cela soit-il élaboré
la question est peut-être de ne pas rêver, ou sérieusement disait Lénine, mais dans le genre les communisateurs sont plutôt mal barrés
18 novembre
perspective communiste : l'ennemi principal n'existe pas
nous n'avons plus de corpus théorique d'ensemble présentant une issue communiste au capital. Dans la reformulation permanente que je (me) propose, je tiens l'économie politique, le capital, comme produisant l'unité en lui-même
(comme état du monde) de tout ce qui participe à sa reproduction, et dans le même temps autant de luttes générant des fractionnements adversaires entre et au sein de contradictions majeures, de classes, de genres, de
'races', d'individualité et société, et du rapport de l'humanité à la nature. Cette réalité interdit tout espoir rapproché de renversement du capital, qui poursuit sa restructuration dans sa crise, sans qu'on puisse assurer
qu'il n'en sortira pas régénéré pour longtemps

alors que ces tares s'unissent à un degré si élevé de menace pour le vivant, que la conscience en est plus largement répandue qu'à toute période révolutionnaire du passé, il y a un apparent paradoxe à constater que
le mur du capital n'a jamais été ou semblé aussi élevé, auquel nous nous heurtons sans que l'idée de le renverser se constitue en pratiques socialement efficientes nulle part
paradoxe apparent, parce que nous ne manquons pas des ingrédients théoriques pour articuler - intersectionner - ces contradictions d'une manière ou d'une autre, et certes, plus ou moins bien ne serait-ce
qu'en logique complexe ou dialectique *. Chacun.e, qui fait de sa contradiction celle qui englobe toutes les autres, y va de leur exclusion comme inadéquates à dépasser la sienne. Je note cependant que c'est généralement le
cas, au niveau théorique, de personnes qui sont assez peu directement confronté.e.s à l'une ou l'autre de ces contradictions au point que leurs vies immédiates en dépendent. Cela explique sans doute pourquoi il leur faut
à tout prix exprimer leur sincère engagement dans un corpus surplombant, dont les luttes réelles n'ont que faire, sans qu'ils reconnaissent toujours prendre le problème à l'envers, c.a.d. en évitant le piège idéaliste du subjectivisme
et de l'objectivisme
* un grand mathématicien, Alexandre Grothendieck, vient de mourir, qui ne fut pas par hasard une sorte d'anarchiste écolo-radical autant qu'un esprit indépendant, rejetant les honneurs,
l'argent et la médiatisation qu'il aurait pu facilement obtenir de son vivant. Remarque ironique, je ne sais pas s'il aurait pu contribuer à un modèle mathématique de topologie à la hauteur de la problématique
capital/communisme, mais je suis sûr qu'il n'aurait pas manqué de théoriciens pour s'en réclamer, comme Freud de la thermodynamique ou Lacan de la topologie, ou d'autres depuis de la théorie du chaos ou des
catastrophes...
ce que j'ai dit du théorisme à propos des thèses communisatrices vaut pour tous les combats séparés de classe, de genre, écologiste ou identitaires à base
communautariste, car jamais les luttes ne se présentent de manière pure sans articuler en elles la plupart des contradictions évoquées plus haut. Elles les provoquent et les attisent au contraire, ce dont j'ai donné maints
exemples dans mes accumulations documentaires (un point que ne contesterait pas Théorie Communiste, ni au demeurant les missionnaires de la convergence anti-capitaliste)
ce n'est donc pas au nom d'une (la classe) voire deux ( la classe et le genre) quelconques contradictions principales qu'on aurait la moindre chance de dépasser les autres et le tout qui les conditionnent.
Il faut donc s'y résoudre : il n'y a pas d'ennemi principal, et le fait que le capital comme totalité sociale produise leur unité n'apporte pas la clé de son dépassement pratique dans les réalités globales, locales et
individuelles (les individus sont toujours partis d'eux-mêmes disait Marx, et avant de former une classe des abolitions...)
pour ma part je ne peux avancer beaucoup plus, et quelque part c'est heureux, puisqu'indépendamment de mon incompétence pour le faire, cela signifierait une foi en la nécessité d'une théorie révolutionnaire
d'ensemble élaborée dans la séparation spéculative de quelques-un.e.s, ce dont j'ai balayé la prétention dans le primat des luttes 'théorisantes' sur la théorie : inverser la perspective. La meilleure manière de ne pas être suivi est de ne pas proposer
un système. Nul doute que ça déstabilise les gens pressés d'un nouveau manifeste révolutionnaire, orphelins d'une théorie papa-maman qui les protége et alimente leur gesticulation : notre "doute de tout" est
aussi une garantie de sérieux dans l'humilité face à ce qui nous dépasse
c'est pourquoi je persiste à produire des éléments disparates alimentant cette exploration des voies de la révolution, au pluriel non parce que
je penserais qu'il y en a une de valable parmi plusieurs possibles, mais parce que ces voies seront nécessairement multiples, et que leur convergence ne doit pas signifier la production d'un système homogène de société, et donc pour
l'heure d'un projet communiste unificateur à résumer dans un manifeste à traduire dans les 6800 langues du monde
un pépé s'interroge sur la stratégie
ce soir à Fontenay-sous-Bois
perspective communiste : quelques constats partagés
suite de ce qui précède (misère de l'identité "camarade")
je ne saurais trop recommander, pour se sentir moins seul dans la solitude assumée, la (re)lecture dans ce contexte de Et maintenant, de Karl Nesic et Gilles Dauvé en 2012, qui ont au moins le courage de ne pas (se) raconter des histoires
je partage particulièrement ces passages de Karl Nesic
À quelqu’un qui me demandait récemment ce que je faisais, à quel projet révolutionnaire je m’occupais, j’ai répondu par mon insatisfaction d’avoir raison dans la « défaite », mon insatisfaction
d’analyser les raisons de notre incapacité à transformer le monde, donc de comprendre et d’expliquer en quoi le rapport de force est et sera pour longtemps encore en faveur du capitalisme. Ce constat m’oppose
d’emblée à la quasi-totalité du mouvement dit communisateur
bien que je n'y sois pas arrivé par le même chemin, ce constat recoupe partiellement le mien, et cette opposition est aussi mon cas (cf critique du 'courant communisateur')
Au plan externe, s’il est exact que parfois les publications de troploin ont suscité de la sympathie, et même quelques « accords » théoriques, il est évident que ces convergences n’ont pas été
jusqu’à la mise en commun de nos réflexions, ni le désir de faire ensemble un bout de chemin. Chacun a préféré continuer son propre jardin, son propre isolement.
j'ai mis du temps à considérer les vues de TropLoin comme aussi pertinentes que celles de Théorie Communiste, parce qu'elle n'apportaient guère à la théorie de grain nouveau
à moudre, et pour cause, mais l'intérêt a grandi au fur et à mesure de mes distances avec le courant communisateur en prenant acte de sa fuite en avant suicidaire (sic). Il est vrai que je continue à cultiver mon propre
jardin, mais mon isolement est plus contraint que choisi. Toujours est-il que je crois être le seul à parler des autres, tous les autres, soit pour souligner ce que je partage, soit pour les critiquer, et de cette façon, je pense
promouvoir un débat dans chaque tête plutôt qu'entre des groupes qui se regardent en chiens de faïence
Face à la domination sans partage aujourd’hui de l’idéologie capitaliste, ne reste que la fuite en avant sous forme soit de praticisme sans pratique, soit de réflexion théorico-théorique. Même à
ce simple niveau, la rupture entre critique pratique et critique théorique n’aura jamais été aussi importante. Il n’existe pas aujourd’hui l’amorce de la moindre praxis tendant à la fin de ces mondes séparés que
sont critique pratique et critique théorique : ces moments particuliers de la critique suivent un cheminement parallèle sans lieu de rencontre possible.
Un européocentrisme qui n’ose pas dire son nom, qui pose comme impossible le développement économique, politique et social de pays dits émergents comme la Chine ou l’Inde.
il me plaît bien que Nesic pointe ce défaut qui est au centre de mes désaccords avec les communisateurs et plus généralement les marxistes français
Le mouvement communisateur se trompe de période historique. Il commence d’ailleurs à être atteint de sclérose théorique, dont il ne se débarrassera ni aujourd’hui ni dans un avenir proche
ou lointain, tant il est évident qu’il n’y est poussé par aucune réalité sociale.
La publication en 2011 de "Communisation" a peut-être achevé un cycle.
il me faudrait relire ce texte "communisation"... Je suppose que Nesic ne parle pas d'un cycle seulement pour TropLoin, car je n'apprécie guère que l'on puisse considérer sa
propre théorisation comme adéquate à l'époque, comme l'a fait Théorie Communiste, mais j'évoquais récemment, avec l'effondrement du courant communisateur, la fin d'une période de la théorie communiste, et je reconnais à
cet égard que Dauvé et Nesic ont senti les choses avant moi
Je suppose que ce court texte suscitera ricanements et commentaires acerbes. Cela m’indiffère.
tel n'est pas mon cas, et je suppose qu'il en va de même concernant mes longs fragments. Cela m'indiffère aussi, d'autant qu'on en rit jaune
je partage par ailleurs le sens de l'initiative de Gilles Dauvé* avec DDT21, Douter de tout... pour tenir l'essentiel, même si je donne moins l'impression de douter et si je suis plus bavard quant à l'essentiel
* j'ai cru lire, mais je n'ai pas retrouvé où, qu'il préparait un livre sur la communisation, à paraître en anglais l'an prochain
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misère de l'identité "camarade" : qui ne drague pas les anarcho-libertaires ?
les anarchistes et libertaires, chacun les siens depuis qu'il en existe. Un signe des temps de l'impuissance théorique n'est-il pas que tout ce qui se réclame de l'héritage de Marx et d'une perspective révolutionnaire
d'abolition du capital se tourne vers les courants anarchistes pour se refaire une santé. L'anarchisme a le grand avantage de rester une utopie propre sur elle. Ainsi, je vois plus qu'une coïncidence au fait que ceux qui cherchent à
diffuser leur conception théorique de la révolution éprouvent le besoin du médium anarcho-libertaire
deux courants, une fiction
dernier avatar du genre, sorti cet été, le livre de Besancenot et Michael Löwy, dont la couverture est aussi recoco que le contenu idéologique, la poursuite sans fin de la synthèse du marxisme et de l'anarchisme

tout est dit ou presque dans l'idéologie creuse du marxisme libertaire (zones subversives septembre) de cette tentative pathétique de relancer le projet qui fut à l'origine de la
transformation de la LCR en NPA dans un projet politique similaire, appuyée sur le précédent "théorique" de 2003, orchestré par la revue Contretemps, Nouveaux communistes, nouveaux libertaires, ou le livre signé Antoine Artous*, Philippe Corcuff et Olivier Besancenot, Nouveaux défis pour la gauche radicale : Emancipation et individualité
* on a vu récemment Antoine Artous faire la critique du livre de Federici, Caliban et la sorcière. Ce chantre de la social-démocratie libertaire et défenseur de la nécessité de l'Etat s'interroge
sur le fait que Federici soit marxiste...
le flop anar du subjectivisme communisateur
dans une perspective plus radicale, le courant communisateur n'a pu exister publiquement qu'en s'associant à l'anarchisme de gauche et autres activistes, et la faiblesse de leur critique du capital ne l'aura pas empêché
de se saborder dans l'aventure SIC, revue internationale de la communisation
que seraient-ils sans les anarchistes ?
ni marxistes ni communistes - on les croit puisqu'ils le disent - c'est encore au Salon des éditions libertaires de Lyon – 22/23 novembre 2014, que les frères Jacques, Guigou et Wajnsztejn, présenteront
leur revue Temps Critiques, et c'est à la librairie Publico, "spécialisée en livres anarchistes", que le dernier livre de Wajnsztejn, Rapports à la nature, sexe, genre et capitalisme fut
l'occasion d'un débat fin octobre
"camarades", par définition, la révolution se fera sans vous
personnellement, je n'ai pas de ces affinités révolutionnaires et j'ai pris mes distances théoriques et pratiques avec toutes sortes de "camarades", surtout bons à fabriquer des sectes identitaires, pour la bonne cause bien
sûr. cf abolir les classes / dépasser les identités de 'genre', 'race'... de militants et d'individus
je me sentirais plutôt moins solidaire de ces "camarades", comme ailleurs des poètes ou jazzmen, que des déshérités de mon quartier
autant dire que c'est un beau paradoxe les concernant, et un signe des temps, qu'une perspective révolutionnaire ne puisse pas s'arracher d'une solidarité et de discours militants, comme s'il s'agissait non du
passé faire table rase, mais de le ressasser ad nauseam dans les rapprochements groupusculaires les plus hétéroclites et les plus affligeantes contradictions de la pratique théorique, sans parler
de la complaisance évacuant des désaccords rédhibitoires
moins on est de fous, moins on rit
ce disant je ne me fais pas que des amis, et moins encore chez eux. Qu'avec le mépris, l'ouverture à la discussion, et la rancune égotiste qui les caractérisent, ils fassent mine d'ignorer mes
réflexions ne saurait être qu'un encouragement à marquer notre différence
autant de bonnes raisons pour ne pas me sentir moins anarchiste que tous ces "camarades". On a ceux qu'on mérite
je ne saurais trop recommander, pour se sentir moins seul dans la solitude assumée, la (re)lecture dans ce contexte de Et maintenant, de Karl Nesic et Gilles Dauvé en 2012, qui ont au moins le courage de ne pas (se) raconter des histoires
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10 novembre
Idéologie et luttes de classes aujourd’hui. Où en est la bataille des idées ? Isabelle Garo
Dans ce texte, issu de sa communication au colloque « Penser l’émancipation », Isabelle Garo réactualise la notion d’idéologie à partir d’une analyse des concepts d’émancipation et de lutte des
classes. Ce texte a été initialement publié dans le numéro 22 (3ème trimestre 2013) de la revue Contretemps
Peut-on s’évader du prolétariat ? G. A. Cohen 1983 (marxisme analytique)
Dans ce texte fondateur du « marxisme analytique » paru en 1983, G. A. Cohen s’attache à interroger une hypothèse
canonique de la théorie marxiste, à savoir celle selon laquelle les prolétaires seraient, dans le cadre du mode de production capitaliste, forcés de vendre leur force de travail. Dans cette véritable enquête sur le sens de cet énoncé,
Cohen montre la logique implacable du raisonnement marxien : s’il est impossible de s’échapper collectivement de la classe ouvrière, alors la « liberté » des prolétaires est une fiction
idéologique.
un texte lourd et allambiqué qui accouche d'une souris, puisqu'il renvoie chaque prolétaire à un
choix individuel (la liberté blabla), mais concernant indirectement la nécessité pour dépasser le capitalisme d'une auto-abolition de la classe du prolétariat
15 octobre
banalités sans bases : lettre ouverte à personne
« De toute évidence, l’arme de la critique ne peut pas remplacer la critique des armes : La force
matérielle doit être renversée par une force matérielle, mais la théorie, elle aussi, se change en force matérielle, dès qu’elle s’empare des masses » Marx Contribution à une
critique de la philosophie hégélienne du droit - Introduction 1844
je ne retrouve pas cette formule de je ne sais plus qui (situationnistes ?) selon laquelle, en substance, dans les « périodes non révolutionnaires » on se
préoccupe de théorie, et dans les « périodes révolutionnaires » de pratique. Tant celle-ci que la citation de Marx ressortent d'une dialectique douteuse séparant théorie et pratique, de plus en les (op)posant comme
alternance
toujours est-il, si l'on observe la (courte) période actuelle, que la situation se caractérise, qu'on les prenne ensemble ou séparément, par l'absence apparente de l'une et de l'autre. Le prolétariat, les classes
populaires pour faire court, semblent ne pas se remettre du coup de massue, la défaite consécutive à la chute du programmatisme ouvrier depuis quarante ans, redoublée des effets de la crise depuis 2007. Cela côté lutte de
classe
du côté de la théorie, si l'on veut bien convenir que le meilleur, dans la perspective communiste, se trouvait dans la diaspora issue de l'utra-gauche depuis le
soubresaut de 1968, entendant pas là non seulement le courant théorique de la communisation mais toute la théorie radicale - celle qui « saisit les choses à la racine » poursuit ce passage de Marx) -, force est de
constater qu'elle est comme assommée aussi
on connaît mon impatience et certes l'histoire est longue. Si, pour m'en tenir à la France, j'en crois le mutisme dans lequel sont tombés tous ceux relevant
du courant communisateur, les blogs moribonds constituant les liens de dndf comme supposés proches de ses thèses et de celle de Théorie Communiste, en France comme en Europe; si j'en crois les centres d'intérêts du
blog de Temps Critiques; si j'en crois le stand-by de Incendo Genre et Classes; si j'en crois l'enfermement de Ni patrie ni frontières dans la critique lanscinante de l'antisémitisme de gauche, seule expression du site Mondialisme.org... tout se passe comme si nous vivions la fin
d'une période théorique correspondant à l'écrasement durable visé plus haut
sans trop d'ironie, je pourrais dire que du côté de Théorie Communiste, le silence de la théorie est adéquat au silence des armes
une question, que j'ai déjà formulée, est de savoir s'il s'agit d'une parenthèse, d'une séquence dit TC, qui se refermera dans un court avenir pour ouvrir à plus optimiste, ou de l'entrée dans une période plus
longue où la crise produirait des effets à moyen terme d'entrée dans un chaos "fin de civilisation" sans perspective révolutionnaire, bien au contraire
autant préciser que c'est le genre de questions sans réponses qu'attendre d'en (sa)voir un peu plus, me renvoyant pathétiquement à la formule de TropLoin Il va falloir attendre (Gilles Dauvé a néanmoins annoncé un livre sur la communisation pour
2015, en anglais), même si l'on sait bien que creuse la vieille taupe, et de plus jeunes
c'est dire sur quel fond d'angoisse je peux, ou ne peux pas, continuer de maintenir sur le feu, sans faire bouillir les marmites de l'avenir, du
communisme ce qui n'en serait plus qu'une idée, un idéal au sens commun, un espoir quasi religieux, un opium communiste, belle contradiction au moins personnelle ne relevant plus que de l'idéologie.
Ayant stoppé l'observation tous azimuts entreprise dansle CANARD des CHAÎNÉ·E·S anti-journal 1988-2014 qui garde pour moi valeur de
méthode, j'hésite à reprendre cette démarche, non seulement parce que c'est un gros travail consommateur de temps passé devant l'écran, mais parce qu'il me donne le sentiment de tourner en rond, pour ne pas dire de pédaler dans la
choucroute
états d'âmes, dira-t-on, hé bien oui, en attendant que d'autres s'y collent et me laisse penser que je ne rame pas en
vain
pour me répondre, la boîte aux lettres est là

12 octobre
le PCF et la mort du programmatisme
Julian Mischi, Le communisme désarmé. Le PCF et les classes populaires depuis les années 1970, Marseille, Éditions Agone 2014
on le savait, au PCF, la lutte des places a remplacé la lutte des classes, mais voici un travail de thèse qui en fait une démonstration non théorique, mais sociologique, politique, organisationnelle, sous des angles
multiples. Un travail sans appel
« depuis les années 1970, le communisme a tout autant été désarmé par ses adversaires socialistes et de droite, dans un contexte général d’offensive néolibérale, qu’il s’est désarmé lui-même, en
abandonnant l’ambition de représenter prioritairement les classes populaires »
« Le groupe a perdu en cohésion sociale et idéologique. Mais de ce déclin de la classe ouvrière comme classe, il ne faudrait pas en conclure à la fin des ouvriers »
à partir de 1981, le PCF devient « la caution ouvrière du gouvernement » (p. 45). En s’associant à l’État et aux industriels, les institutions syndicales et partisanes vont progressivement se distancier
de leurs bases populaires »
Cette distance prise avec les classes populaires est perceptible au travers du recrutement militant du PCF. La signature du Programme commun d’union de la gauche en 1972, avec le parti socialiste, marque une
période d’ouverture du parti communiste. Les nouveaux adhérents sont en majorité non-ouvriers et ont l’opportunité d’accéder rapidement à des responsabilités au sein de l’organisation. C’est
particulièrement le cas des enseignants qui tirent avantage, dans leur désignation à la tête de cellules ou de sections, des ressources scolaires et sociales dont ils disposent
Alors qu’en 1967, 40% des délégués appartiennent à cette catégorie, ils ne sont plus que 9% en 2009. Cette « désouvriérisation » du parti participe aux transformations du discours de la direction nationale au
cours des années 1990
Cette génération de « la bureaucratisation du militantisme communiste » accède rapidement aux fonctions de permanent du parti et n’exerce que peu de temps un métier d’exécution, ce qui explique
qu’elle tire sa légitimité de l’appareil partisan et non pas de son appartenance effective aux classes populaires. L’ambition est alors d’établir une représentation de la société dans sa « diversité »,
comme l’explicite la formule de Robert Hue, premier secrétaire général non ouvrier, qui dira vouloir former « un parti des gens ». Aujourd’hui, la sélection des cadres communistes profite essentiellement aux
fonctionnaires de l’éducation et des collectivités territoriales qui composent le noyau dur des directions locales et nationales
Le PCF existe aujourd’hui essentiellement par l’intermédiaire de ses élus puisqu’il demeure le troisième parti de France, au nombre de ses élus municipaux.. cette stratégie de consolidation
électorale s’opère au détriment de l’investissement au sein des cellules (notamment d’entreprises) et transforme progressivement le travailleur, qu’il fallait défendre, en un électeur, qu’il faut
conquérir. Dès lors, l’action militante se replie autour des instances politiques locales et épouse les formes d’organisation – gestionnaires, professionnelles, techniques… – mises en œuvre par
l’ensemble des partis politiques... Investi prioritairement dans l’action électorale et la gestion des collectivités, le PCF a progressivement renoncé à représenter les classes populaires, perdant simultanément son
ambition « subversive »
Dans l’ensemble, cet ouvrage apporte un regard précis sur les transformations structurelles qui ont affecté le PCF depuis le milieu des années 1970. Les hypothèses qu’il dégage avec beaucoup de finesse
nécessiteraient d’être éprouvées et précisées sur d’autres terrains, notamment autour d’une notion centrale de ce travail : les classes populaires. En effet, cette catégorie si facilement appréhendée a priori
mériterait une construction sociologique plus poussée, par exemple en affinant la distinction entre classes populaires et groupes ouvriers
11 octobre
Alain Badiou : beaucoup de mots pour
rien
« Réinventer le communisme pour le siècle qui commence » La Marseillaise 7 octobre
florilège
« Que des ouvriers revendiquent la propriété du capital productif est la vraie tradition populaire anticapitaliste, celle qui réclame une organisation de l’économie libérée de l’emprise des intérêts
privés, organisation que Marx nommait celle de la « libre association »
L’idée forte dont l’affaiblissement public est la source de notre misère politique, s’appelle depuis deux siècles le communisme, et sauf à se résigner au désastre de la privatisation de toutes
choses (même de la police, même de l’armée…), la tâche primordiale, dans la pensée comme dans l’action, est de réinventer le communisme pour le siècle qui commence.
Au point où nous en sommes, quand tout doit être repris dès le début, les tâches sont de trois ordres : régénérer, transformer et répandre partout, et à échelle immédiatement mondiale, la conviction communiste ;
organiser sur cette base les fractions les plus larges possibles des masses populaires ; participer pour ce faire aux affrontements, inventions, rassemblements et réunions qui agitent la situation politique selon les différents
lieux, usines, universités, bureaux, magasins, cités, foyers, campagnes, dans une vision des choses qui surplombe la cuisine politique nationale.
Le mot « résistance » ne me séduit du reste pas beaucoup. L’action politique ne peut jamais avoir un point de départ purement négatif, c’est la faiblesse des mots comme « révolte », « rébellion », «
résistance », qui sont les mots dominants d’une certaine levée anarchisante, d’une sorte de sympathique romantisme, finalement tout à fait compatible avec le déploiement du capitalisme mondialisé.
C’est du côté de l’émancipation que doit se trouver la vision d’un ordre acceptable pour que l’humanité libère en elle toutes les énergies dont elle est capable. C’est pourquoi il faut
partir de la positivité de la vision communiste, et non de la négativité du refus de ce qu’il y a. Le processus d’émancipation est une construction, une invention, et la négation, le conflit, ne sont que des étapes
imposées par l’adversaire. Nous devons créer une situation où il soit clair que c’est l’oligarchie acculée qui résiste et non pas nous. »
le paradoxe de Badiou, c'est qu'il reproche à d'autres, à juste titre, un romantisme qui est le fond de son communisme. Lui qui se réfère beaucoup à Marx, il a tout simplement oublié un des fondements de
sa critique et de sa conception du communisme : « Le communisme n'est pour nous ni un état qui doit être créé, ni un idéal sur lequel la réalité devra se régler. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l'état actuel.
Les conditions de ce mouvement résultent des prémisses actuellement existantes.» L'idéologie allemande
je partage, dans les deux derniers paragraphes extraits, l'idée de « partir de la positivité de la vision communiste », mais pas celle de lui opposer « la négativité du refus
de ce qu’il y a ». Je n'y vois aucune dialectique de contradictions entre classes antogonisme, entre un mode de production suivant son cours dans le « mouvement réel » et des luttes pour l'abolir. La
négativité, au demeurant, ne relève pas d'une refus, mais d'un processus contradictoire inhérent à l'exploitation comme fondement de l'économie, le capital comme lutte entre classes
Badiou fait comme si le communisme était l'affaire d'un choix fondé sur une conviction à promouvoir. Bref, de la propagande, de l'organisation, comme disait Karl
Liebknecht. Pour jouer sur le sens des mots, Badiou est un idéaliste (au sens philosophique), mais le communisme n'est pas un idéal (au sens commun). Bien sûr qu'il faut faire tout ce qu'il dit, « participer pour ce faire aux
affrontements, inventions, rassemblements et réunions qui agitent la situation politique selon les différents lieux, usines, universités, bureaux, magasins, cités, foyers, campagnes... », mais on ne peut le faire que dans les
circonstances présentes mêmes qui en conditionnent l'efficience, c'est-à-dire dans l'implication réciproque de l'économie et des luttes
« Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions
directement données et héritées du passé. » Marx, Le 18 brumaire de L. Bonaparte, 1851
Badiou est un homme de théâtre, mais la vie n'est pas un théâtre, avec des acteurs libres de leurs textes et de leurs actes
en quelque sorte, Badiou commet l'erreur symétrique à celle du courant communisateur dans sa tendance également paradoxale - car la contradiction est là bien prise en compte - à ne considérer
que le côté négatif de la dialectique communisme vs capitalisme, et à renvoyer toute positivité du mouvement des luttes à un humanisme externe au capital comme contradiction en procès
les idées, c'est comme les cigarettes, ça part en fumée et n'en reste que les filtres... idéologiques et non durables

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6 octobre 2014
La synthèse des faux-culs, à propos de : Affinités révolutionnaires Nos étoiles rouges et noires Besancenot/Löwy, Mille et une nuits, Vosstanie 31 août

« Quand un adorateur du stalinien Guevara, adepte du plateau de M.Drucker, vient expliquer dans les shows mondains qu’il ne confond pas la gauche et la droite et donc invite à voter Hollande
ceci entre deux trois commentaires sur la belle passe de tel ou tel joueur de foot payé des millions, s’associe avec le promoteur de la théologie de la libération, défenseur depuis 45 ans du christique Che en cumulant le pompeux
titre de professeur émérite expert en embaumement de la pensée des révolutionnaires, tout en adhérant au NPA, il y a de quoi se demander de quelle came (encore) frelatée il s’agit ici de nous refourguer ?
[...]
Le “marxisme libertaire” n’existe pas et nous ne le cherchons pas particulièrement dans un Marx libertaire pas plus que nous nous intéressons de “marxiser” l’anarchisme. Il existe autant de dépassements
que d’individus qui se rencontrent et se rencontreront dans le combat de classe, et c’est à notre avis sur ce seul dépassement qu’il faut compter.»
16 septembre
actualité du démocratisme radical ou l'altermondialisme comme idéologie de l'alternative
autour du livre des Massiah, une stratégie altermondialiste, ce texte résume tout ce qu'une révolution communiste dépassant le capitalisme ne saurait être si elle partait de la nécessité
d'abolir ses fondements, l'exploitation du travail, l'Etat, l'argent, la domination masculine, etc. Pour cette idéologie de l'alternative, l'enjeu est toujours la « jonction des mouvements sociaux et citoyens » : « La
question ouverte aujourd’hui est celle du rapport entre les nouveaux mouvements et le mouvement altermondialiste. Ces mouvements ne se sont pas organisés dans le mouvement altermondialiste, même si de nombreuses relations ont existé
dès le début. L’hypothèse est que ce cycle de luttes correspond à une nouvelle phase du mouvement altermondialiste.»
Débats sur une stratégie altermondialiste en Amérique latine. Dernière partie : discussion sur la situation mondiale Contretemps 1er septembre
noter, pour la bonne bouche, que les termes « Le nouveau cycle de luttes et de révolutions » condensent l'inverse ce qu'entend par là le Courant communisateur : « Au-delà des spécificités,
ce nouveau cycle de luttes met en avant la justice sociale, le refus de la misère, des inégalités, de la corruption ; la revendication de systèmes démocratiques qui garantissent les libertés individuelles et collectives, la dignité de
chacun ; les contradictions géopolitiques liées à l’hégémonie occidentale ; les contradictions écologiques de plus en plus sensibles. Elles mettent en lumière des contradictions sociales entre les couches populaires et les
oligarchies. Ces revendications rejoignent des mots d’ordre partagés par les mouvements dans tous les pays du monde et à l’échelle mondiale. Elles les renouvellent et les font largement partager dans l’espace public en
les construisant comme des évidences. Elles remettent en cause l’hégémonie culturelle nécessaire à la domination des valeurs de la bourgeoisie et des élites dirigeantes.»
demander le programme (les « bien communs » y sont en bonne place)
« Les mouvements sociaux préconisent une rupture, celle de la transition sociale, écologique et démocratique. Ils mettent en avant de nouvelles conceptions, de nouvelles manières de produire et de
consommer. Citons : les biens communs et les nouvelles formes de propriété, le contrôle de la finance, le buen-vivir et la prospérité sans croissance, la réinvention de la démocratie, les responsabilités communes et différenciées, les
services publics fondés sur les droits, etc. Il s’agit de fonder l’organisation des sociétés et du monde sur l’accès aux droits pour tous. Cette rupture est engagée dès aujourd’hui à travers les luttes, car la
créativité naît des résistances, et des pratiques concrètes d’émancipation qui, du niveau local au niveau global, préfigurent les alternatives. »
prenant ses désirs pour des réalités, le groupe Théorie Communiste et ses satellites de la revue SIC croyaient à partir de 2007 observer la fin du « démocratisme radical », et TC
en parlait déjà au passé (exemple dans Tel Quel, TC24 2012 : « Le démocratisme radical était bel et bien le projet d’achèvement des luttes revendicatives et en tant que
telles elles ne pouvaient en avoir d’autre...»
certes, et comme toute idéologie produite par le cours du capital et des luttes, l'alternative s'adapte aux circonstances, en l'occurrence à la crise, et ce texte ne prend pas moins ses désirs pour la
réalité, par son tour du monde où il ne voit que ce qu'il veut voir. Pour TC, c'était les « écarts » sur lesquels l'altermondialisme fait l'impasse. De ce point de vue, les récits se ressemblent même quand ils (se) racontent des
histoires différentes sur le présent. Chacun embrasse un tout avec ses trous
Bernard Lyon, de Théorie Communiste, qui pronostiquait la révolution pour 2020, n'écrivait-il pas en 2011 : « Je pense que le moment islamiste est passé... » source
en résumé, je pense qu'il n'y aura ni alternative anti-capitaliste selon le schéma altermondialiste, ni communisation dans une immédiateté soudaine telle que la
définissait le courant communisateur, jusqu'à son climax (l'aventure SIC, Revue internationale pour la communisation, en 2009-2013, ne fut
qu'une tentative de chercher en Europe une issue à sa propre crise française avec la fin de la revue Meeting)
pour l'heure le communisme est orphelin d'une théorisation tenant la route, c'est pourquoi le chantier est ouvert (voir le monde à l'envers, esquisses théoriques)
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20 août
militantisme : quoi de neuf ?
« ce ne sont pas les révolutionnaires qui feront la révolution, mais la révolution qui fera les révolutionnaires ».
le militant au 21ème siècle G.D. DDT21

« Participer à un mouvement social, petit ou grand, 15 heures par jour pendant plusieurs semaines, c’est vivre une activité intense. L’activiste, lui, croit indispensable et possible d’entretenir en
permanence une action subversive. D’ailleurs la théorie également a ses activistes, pour qui leur écriture est une condition nécessaire de la révolution.
Quoiqu’il se dise rarement militant et ne sacrifie pas sa vie à la politique, l’activiste contemporain a pour idéal d’être de toutes les actions, toutes les manifs, toutes les occupations, pour y rappeler
chaque fois la permanence de la lutte de classes et l’exigence de la révolution. Or, agir à tout prix conduit à intervenir là où l’on n’a aucun point commun effectif avec l’objet visé, donc à se trouver extérieur à
la lutte à laquelle on veut participer. Reste à inventer des palliatifs pour y entrer malgré tout.
Vouloir absolument parler à un monde qui reste sourd aux sollicitations, conduit à crier pour se faire entendre, à en rajouter, à miser sur la volonté, à interpréter toute situation comme une urgence : l’action
décolle de la réalité alors qu’elle s’imagine en plein dedans. C’est cette séparation qui caractérise le militantisme...
Évidemment, il existe des degrés, une zone grise où l’acharnement à agir dérive vers l’activisme “militant” sans en être.
Les faiblesses du mouvement lui sont imposées par la situation [...]
Comme le dit un proverbe prolétarien, « ce ne sont pas les révolutionnaires qui feront la révolution, mais la révolution qui fera les révolutionnaires ».
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15 août
communisme / communisation
troploin de nouveau en ligne, avec une nouvelle présentation toujours aussi élégante

en sus des archives, quelques textes récents, en anglais, extraits d'un livre à paraître de Gilles Dauvé, Eclipse & Re-Emergence of the Communist Movement (PM Press, to be published in Autumn
2014)
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9 juillet
combats communistes
crise et enquête contretemps mars 2014
Asad Haider revient ici sur deux traditions théoriques et militantes, l’opéraïsme et le conseillisme, qu’il propose de faire dialoguer autour des thèmes de la crise et de la composition de la classe ouvrière. Il
milite en faveur d’un réinvestissement de la pratique opéraïste de l’enquête, seule susceptible de dégager les conditions d’une recomposition antagonique du prolétariat.
« Il faut néanmoins insister sur le fait qu’on est très loin d’un effondrement de type conseilliste, caractérisé par l’émergence de luttes spontannées « riches d’implications révolutionnaire. »
Nous sommes au contraire toujours confrontés à cette classe ouvrière défaite que décrivait Revelli. Elle n’est pas spontanément unifiée, et son potentiel antagonique est soumis à un nouveau régime disciplinaire. Ses
comportements et ses identités n’expriment pas une composition de classe avancée, mais plutôt les divisions fondamentales de la précarité. La recherche d’une figure hégémonique de la classe ouvrière représente un
obstacle à la compréhension de ces changements. Il nous faut bien plutôt poser une question qui ne pouvait pas l’être dans les débats classiques sur l’effondrement, et qui n’a jamais été clairement articulée
dans l’operaïsme : si la composition de classe est interne aux rapports d’échange et au développement capitaliste, que signifie le fait que les crises du capitalisme décomposent le rapport de classe ? La réponse à
cette question implique un retour à l’enquête – à une enquête militante sur la constitution inégale de la force de travail et les formes d’organisation susceptibles de répondre à la décomposition et la
crise.»
Entre postopéraïsme et néoanarchie Carlo Formenti Période avril 2014
« La fracture historique entre marxistes et anarchistes qui dure depuis un siècle et demi est-elle en train de se recomposer ?
»
Interrogeant les limites des présupposés politico-théoriques communs au post-opéraïsme et à l’anarchisme (puissance de l’imagination et de la « multitude », capitalisme
cognitif, organisation des mouvements sur une base affinitaire), Carlo Formenti milite ici pour une réouverture de la discussion sur l’organisation politique, les stratégies de lutte et les scénarios de
transition.
« s’il est vrai, comme j’en suis convaincu, qu’une politique de la composition, loin d’émerger naturellement et spontanément des mouvements, ne peut être que le fruit d’un
travail militant, alors le moment est venu d’arrêter de flirter avec un spontanéisme maniéré et avec l’illusion de renverser le capitalisme en fédérant de petit groupes affinitaires pratiquant une horizontalité
politically correct. La discussion sur l’organisation politique, les stratégies de lutte et les scénarios de transition est rouverte.»
5 juillet 2014
la communisation, théorie à voie unique ? questions en images
un code de bonne conduite théoricienne ? la détermination subjective d'un ruisseau communisateur ?
interdits par The Concept ?
interdit par la théorie ? intermonde ex-communiste ? théoriser en rond ?
révolution hors du terrain de l'adversaire ? programme communisateur ?
pas assez d'obstacles du capital, en rajouter entre 'nous' ?
théorie de la communisation, combien de divisions ?
« Un trotskiste, un parti ; deux trotskistes, une tendance ; trois trotskistes, une scission. »
Military Divisions
29 juin
stratégies révolutionnaires et organisation : question tabou ?
dès lors que l'on considère la révolution (communisation...) comme l'enjeu de combats au présent, se pose nécessairement la question d'une stratégie. Celle-ci est souvent déniée dans la théorie de la communisation,
pour deux raisons : 1. la communisation est un dépassement produit plus tard sur la base de l'évolution de luttes aux limites actuellement indépassables 2. ceux qui prétendent l'engager alors que n'existe pas la conjoncture
de crise favorable sont condamnés à être "immédiatistes". Cette dichotomie schizophrénique bloque la possibilité même d'une réflexion stratégique articulant court, moyen et long terme
« En voulant sauter jusqu'à la lune, vous pourriez tomber dans la boue » Proverbe
américain
le fait même d'avoir (ici) ouvert, sur le plan théorique, plusieurs champs de luttes essentiels contre le capitalisme conduit à interroger leurs articulations en contenus, en étendue, en rythmes à
toutes les échelles. La question stratégique est inhérente à toute pensée révolutionnaire conséquente, et ne peut être délaissée voire rejetée au nom du spontanéisme ou du refus d'organisations au sens de parti voire d'activités
organisées. Même l'auto-organisation ça s'organise, et ça organise, et ce sont des individus concrets qui le font
on ne peut pas d'un côté prétendre qu'il n'y a rien à faire, et de l'autre le faire en tant que sujets fantômes impersonnels sans existence sociale, Shadow Cabinet de la Communisation
le texte ci-dessous aborde la question sous l'angle d'« organisations révolutionnaires et anti-autoritaires » type action directe... Il est donc à relativiser de ce point de vue, mais son contenu vaut pour
interroger, au-delà des pratiques activistes, l'articulation des luttes dans une perspective commune : comment des partisans de la révolution interviennent dans les luttes, et font en elles et entre elles les liaisons
subjectivantes ou pratiques participant de l'auto-production d'un en-commun révolutionnaire ?
Revolutionary visions: hitting a sector from all angles libcom 25 juin
How can revolutionary organizations approach struggles in coherent and complimentary ways? The "sector strategy" may be a way of targeting a movement from multiple directions to see a vision
through.
traduction approximative, extrait « Comment l'approche des luttes par les organisations révolutionnaires peut-elle être cohérente et complémentaire ? La stratégie du « secteur » est peut être un
moyen de cibler un mouvement dans plusieurs directions pour une vision traversant l'ensemble
Pour beaucoup dans les milieux révolutionnaires et anti-autoritaires, discuter de stratégie peut être à double tranchant. Parfois essentielle à bien des égards, cela peut s'éloigner de l'activité réelle
de l'organisation sur le terrain et devenir le royaume du double langage pseudo-académique double langage, où les choses sont analysées, critiquées et déconstruites à un degré d'introspection inutile.
[...]
Élaborer une stratégie cohérente sachant établir des objectifs et évaluer les résultats est un élément important de la création d'organisations révolutionnaires qui travaillent au sein des mouvements de masse. Faire des choix, à
quoi participer, ce qu'il faut créer de toutes pièces, et quels mouvements ont la capacité d'agir comme élément d'une stratégie révolutionnaire, sont des choses qui doivent sortir des conversations au sein des
organisations développant une vision du monde... Cette stratégie d'organisation n'est pas gravée dans la pierre, elle se joue avec, s'altére, se modifie, est ballottée pour que
les organisations s'impliquent davantage dans les politiques qui peuvent relier luttes d'aujourd'hui et visions pour l'avenir. Penser comment peut aider de s'engager dans des campagnes d'action directe et créer une
force de combat au sein d'un secteur particulier, c'est une étape cruciale si nous voulons lancer un défi important à l'ordre actuel.»
28 juin 2014
 
24 juin 2014
abolition du capital, des classes, 'du genre' et de la 'race' : l'unité de la classe, pourquoi, comment
? sur le forum communisation pour en débattre
critique du texte d'André Dréan août 2012
cette intervention ramasse des problèmes récurrents et désaccords anciens entre théoriciens de la communisation et au-delà, et leur propose une 'solution' théorique
dans ce texte, je pense esquisser des issues théoriques communes aux impasses ou énigmes dans les corpus de Théorie Communiste, Christian Charrier, Trop Loin... de Temps Critiques ré-introduisant « sa révolution à
titre humain » en-dedans du capital, voire Invariance, pour autant que Camatte se préoccupe de révolution. C'est aussi un dépassement de la critique de 'l'humanisme-théorique' dont Théorie Communiste "accuse" TropLoin
et Temps Critiques
j'ouvre une nouvelle rubrique des issues théoriques ? pour des formulations théoriques de synthèse, telles que me le permettent maintenant mes considérations préalables
19 juin
concepts et langage commun intervention dans le forum communisation.fr
vous avez dit révolution mondiale ?
'luttes théorisantes' et 'identités de luttes' sujet soumis au débat dans le forum communisation.fr
1) le concept de luttes théorisantes, construit en renversant celui de TC, luttes théoriciennes, et qui pointe le fait que les luttes sont auto-apprenantes sans médiation obligée de concepts théoriques extérieurs à leurs
activités. Tant que les' luttes théoriciennes' n'intéressent que le théoricien, c'est son point de vue qui prime dans la théorie, non celui des luttes pour elles-mêmes. Autrement dit se trouve entérinée la séparation des luttes et de
la théorie, quoi qu'elle en prétende
voir le primat des luttes 'théorisantes' sur la théorie : inverser la perspective
2) le concept d'identités de luttes qui laisse entendre que des luttes de dépassement du genre, de la race, de la nationalité... peuvent participer de la lutte de classes, bien qu'elles ne se mènent pas en son nom. Si
cette hypothèse est confirmée, encore faut-il voir comment ces identités considérées chacune comme premières peuvent dépasser leurs particularismes et leur séparation pour tisser un en-commun révolutionnaire : un moment d'unité du
prolétariat pour son abolition dans la communisation a-t-il besoin de s'exprimer dans ce qui serait un particularisme de classe alors que celle-ci n'a plus d'existence confirmée dans la crise de reproduction du capital ?
voir le sujet soumis au débat dépasser les identités de classe, genre, race, nations, religions... d'individus du capital et les identités militantes'
adhérent-en-plan sous identité communiste l'abolition du genre chien
18 juin
le communisme comme combat d'idées
« le communisme n'est pas un état de choses qu’il convient
d'établir, ni un idéal auquel la réalité devra se conformer. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l'état actuel des choses. Les conditions de ce mouvement résultent des données
préalables telles qu’elles existent actuellement. » Marx & Engels, l'Idéologie allemande, 1845
ni le communisme ni la communisation ne sont des idées, mais suppose aussi des luttes sur le terrain des idées, à condition de les fonder dans la critique concrète du capitalisme et des luttes qu'il provoque et qui le
contraignent à s'adapter, à se restructurer...
à cet égard, la lutte des idées déborde le champ de la confrontation entre théories, parce qu'il est inséparable des luttes sur le terrain social, qui les produisent et les portent
3 sujets ouverts dans le forum communisation.fr
la communisation comme combat d'idées
dépassement des identités de classe, genre, race...
improvisation et communisme, communisation...

16
juin
petite synthèse d'étape de mon chantier théorique pour le
communisme
ma critique du "courant communisateur" n'en est pas une du concept de "communisation", mais de ce qui s'est constitué et institué autour des défuntes revues Meeting et SIC, tiré
par les thèses de Théorie Communiste considérées comme canoniques, et excluant de fait d'autres producteurs de cette approche théorique. Le fait est que ce courant est apparu comme représentant le cœur battant de la perspective
communisatrice, et qu'il s'est effondré sur ses propres bases d'alliances d'opportunité entre TC comme apport théorique, et des leaders de la mouvance anarcho-autonome pour la diffusion, entre lesquelles quelques européens non
français tentaient de faire entendre leurs
différences
j'ai pu dépassé ce moment (2005-2012) qui m'avait permis d'abandonner mes illusions alternatives (2005), mais pas d'ouvrir en grand l'exploration des voies du communisme en mouvement, telles que je les perçois, conçois, et
formule dans le moment présent du capitalisme, documents, éléments critiques... et les communismes comme combats : une exploration des voies de la révolution
la communisation n'est pas morte, mais son concept ne revivra qu'à la condition de refonder et la théorie et les pratiques théoriques, en prenant plus largement en compte les luttes sociales de classe, de genre,
et de race qui caractérisent le face à face avec le capitalisme en crise
je fais mien le concept de communisation au seul sens où il est révolution communiste, abolition du capital sans transition socialiste ou autogestionnaire, un sens qui n'appartient à personne et ne relève pas d'une
théorie mais des activités produisant la crise du capital et la montée en puissance d'un mouvement communiste mondial
compte-tenu de la connotation étroite attachée au concept de "communisation", je me vois transitoirement contraint de le laisser en jachère, et de reprendre les termes de communisme
et de révolution communiste, à tenir aussi face à l'idéologie réformiste qui émerge en opposant au communisme le concept de "commun", lui-même compris de façon idéaliste dans une
perspective citoyenne réformiste
cette critique du 'courant communisateur' s'est élargie à tout ce qui s'apparente à des communautarismes militants ou intellectuels identitaires constitués en organisations ou pas
ma participation au forum-communisation a pour l'heure l'objectif de synthétiser et mettre à jour mes positions, dans le but d'éviter les déformations et d'ouvrir aux échanges sur une base
claire
« Les Questions du Communisme » Étienne Balibar, octobre-novembre 2011 CIEPEC
un texte fort intéressant en ce qu'il expose clairement et critique les points de vue 'communistes' de Badiou, Zizek, Negri&Hardt et quelques autres, leurs compréhensio du capitalisme actuel, leurs rapports à
Marx, à la démocratie et à la révolution
intéressant en ce que Balibar ne rejoint pas la cohorte des thuriféraires ou des détracteurs de ces penseurs, mais extrait de leurs positions des problématiques vivantes
Badiou et Zizek m'intéressent moins que Negri&Hardt, et je partage essentiellement les remarques de Balibar à leur égard, concernant négativement les restes d'opéraïsme et la sous-estimation des contre-tendances,
positivement la redéfinition d'un sujet révolutionnaire dans l'évolution du capitalisme comme système de production-reproduction, avec la sorte de dialectique qui se dégage de leurs écrits quant au dépassement du capitalisme sur
ses propres bases, une dialectique très différente de l'hégeliano-léninisme de Zizek
on y verra que les thèses de Negri-Hardt ne sont pas sans résonnance avec celles de la communisation, mais plus soucieuses d'une analyse approfondie des contradictions du capitalisme contemporain
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15
juin
"en-commun" communisateur ?
messages sur le forum communisation
Monet Le pont de Waterloo à Londres
l'ouverture de ce forum est l'occasion de formuler mon avis de façon synthétique, concernant ceux qui se retrouvent dans le concept de 'communisation'
Salut à tous et toutes,
Je ne souhaitais pas ouvrir le bal, mais Robin m'y a invité après un message privé où je disais que ma participation pourrait être contre-productive, décourager d'intervenir certains...
Une bonne chose que ce forum, mais pas évident qu'il décolle, pour des raisons de forme et de fond.
Sur la forme, les forums n'attirent plus comme avant, réseaux sociaux oblige etc. Sur la communisation ils ont toujours été problématiques, en raison de la difficulté théorique, des bases indispensables pour comprendre
et participer de façon pertinente, de la réticence générale dans le milieu à intervenir (y compris sur les listes internes, Meeting, SIC...), des incompréhensions, des avis tranchants des experts parfois désagréable à encaisser, d'un
comportement de consommateur-spectateur de théories, et du fait même que ça peut partir dans tous les sens... d'où un véritable casse-tête pour les 'modérateurs'
Sur le fond, plusieurs aspects
Il me semble que le concept de communisation marque le pas, après une montée en puissance consécutive à l'entrée de [i]Théorie Communiste[/i] (TC) sur la scène publique, avec[i] Meeting[/i] il y a une dizaine d'années.
Difficile de séparer ce qui tient à la période présente, et à la façon dont le concept a été diffusé et se trouve connu plus largement. Le "courant communisateur", pour le meilleur et parfois le pire, a focalisé sur lui une
compréhension à mon sens étroite du concept, dont TC définit une ligne générale autour de laquelle sont perçues les autres (internes à SIC -EndNotes, Blaumachen, Riff Raff... ou externes, Astarian, TropLoin...)
Il y a donc, déjà, le poids d'un héritage, et la difficulté de l'assumer sous le terme de 'communisation', y compris quand on partage l'idée centrale d'une révolution nécessaire sans transition socialiste ou
autogestionnaire.
À partir de là, j'ai pris mes distances avec le terme 'communisation' pour reprendre, comme disait Christian Charrier en quittant Meeting en 2005 (http://meeting.communisation.net/archives/meeting-no-2/les-textes-publies-6/article/la-communisation-point-d-orgue) « l'exploration des voies » de la révolution communiste, plutôt qu'un enfermement dans ce qu'est devenue la perception étroite du concept de communisation. Car de fait, le «point d'orgue » semble 10 ans après
s'imposer à tous pour ce qui est de l'expression publique.
Naturellement, il faut des mots pour définir les choses et s'y reconnaître, mais cela même pose un problème, parce que ça tend à créer un 'en-commun' identitaire, c'est-à-dire militant, avant-gardiste, TC dirait
peut-être « objectiviste et subjectiviste », et à déplacer l'enjeu du communisme comme mouvement, de la communisation comme ensemble d'activités de luttes sociales, vers les activités théoriques ou d'interventions de ceux qui portent
la communisation comme 'idée'.
Or la communisation, comme disait Marx du communisme, « n'est pas une idée ».
Naturellement, il faut un 'en-commun' pour[i] faire quelques choses ensemble[/i], comme TC a constaté qu'il n'existait plus pour continuer SIC ('Fin de parti-e'),
mais cet 'en-commun' n'est pas à confondre avec l'en-commun de production d'une subjectivation révolutionnaire dans les rapports sociaux de par les luttes partout dans le monde : la communisation est-elle appelée à se faire sous son
nom, ou un autre, sous un nom commun ? Voire... voir les avatars de 'communisme' ou de 'révolution' (cf le succès éditorial de [i]Commun, la révolution du XXIe siècle[/i], de Dardot-Laval : Révolution ou Réformisme ?
J'ai des divergences plus spécifiques avec TC, notamment sur la conception même de la théorie en rapport aux luttes, et sur des aspects non pris en compte dans son approche de la totalité du capitalisme dominant tout
(sur la race, sur le rapport social à la 'nature'...). Laissons pour le moment.
Je pense utile et prudent d'avoir en tête comment la façon de concevoir un forum peut générer des effets pervers sur cela même que l'on souhaite faire avancer, en raison du décalage entre discours sur internet et
réalités sociales.
Un exemple à ne pas prendre mal, Robin, la rubrique 'actualités'. Nous avons toujours trop tendance à penser ce qui va se passer à partir d'une actualité courte, qui ne permet pas de comprendre, contextualiser les
mouvements en profondeur, parce que quand ça chauffe, le passé remonte à la surface, si ce n'est LA structure, les structures, de classe, de genre, de race... (voir par exemple, comment on a pu ici ou là discuter de la Bosnie, ou de
l'Ukraine, sans focale large et profonde).
Le défilement des discussions dans un forum accentue cette perte, un oubli de ce qui a été dit plus haut. Et donc remettre en perspective, contextualiser 'le moment présent', c'est difficile dans un forum, le nez collé
sur l'actualité, comme à la télé ou les forums "marxistes révolutionnaires"...
Pour ma part, j'ai tenté de tenir un journal qui croise critique du capital et mise en perspective communiste, en ayant en tête ces difficultés, partant de
ma critique du 'courant communisateur', essentiellement celle de Théorie communiste
essayant de tisser 'le moment présent du capitalisme' et cette rubrique 'les communismes comme combats'
C'est un chantier immense, pour lequel on est jamais assez de fous, et de sorcières... Je souhaite que ce forum contribue à un 'en-commun' [i]problématisateur[/i], à une perception ouverte de la communisation, du
communisme comme [i]problèmes[/i] au présent, plus qu'à donner des réponses pour marmites pré-cuites de l'avenir
En tout cas, merci à Robin, et bons courages à tous et toutes (à suivre sur le forum)
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14 juin
communisation : un forum sans blague !
ambition au programme garantie. Un lieu pour ceux qui sont au courant ou pas, avec ceux ou pas du so called 'courant communisateur', avec le risque d'enfermer la chose 'communisation' dans le mot, sous
une identité militante de plus. Ce qui n'a pas ou peu marché aux heures de gloire de la communisation à la française, avec les discussions de Meeting, puis les commentaires de dndf, réussira-t-il au moment où
le concept semble marquer le pas ?
les temps sont de moins en moins à la forme forum, et sur un tel sujet, entre la difficulté théorique et les risques de bavardages en tous sens et non sens, le pari est audacieux. Les initiateurs pourraient avoir fort
à faire, et connaître quelques déconvenues à la modération
mais d'ici à ce qu'une révolution se déclenche selon les termes de cette théorie, la forme aura tout le loisir de s'épanouir, les jeunes de vieillir, les vieux de crever sous le capital, les femmes d'avoir de la classe
et la race d'aller se faire voir ailleurs, comme d'habitude. Ce n'est pas grave, les voies du communisme ne se pénètrent pas par Internet, et ladite communisation ne saurait s'enfermer dans son nom ou sa théorie
car qui veut réellement débattre avec toutes les cartes en main, et sans être encarté-embarqué dans un supposé 'courant communisateur', voire un 'en-commun' identifié sous ce terme, alors qu'il n'épuise pas les
voies du communisme et celles de la révolution nécessaire pour abolir le capital ?
sans illusion donc mais bon courage quand même à ce franc-tireur
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6 juin
28 thèses... + une ? suivi de 'explorer les voies du communisme'
le groupe La Sociale de Montréal a publié une brochure dont dndf nous offre le bon à tirer en PDF. Armez-vous de patience pour une lecture croisée de gauche à droite et de haut en
bas et inversement, de ces trois textes autour des thèses des ami(e)s de la société sans classes, comme de la brochure Federici en marge de « Caliban et la sorcière »
28 thèses sur la société de classes nouvelle édition augmentée de
Commentaire critique par Théorie Communiste
et suivie de Sur la communisation et ses théoricienNEs, réponse des auteurEs

un mérite de cet échange, comme dans la décennie précédente, ceux de Théorie Communiste avec TropLoin (Dauvé&Nesic), Temps Critiques, Aufhebung... c'est de donner à mieux
comprendre les un·e·s et les autres, notamment les thèses de TC qui sont parfois mieux reformulées et contextualisées par d'autres que par eux-mêmes
la 29ème thèse ou l'auto-effondrement du « courant communisateur »
la réponse à TC appartient à une série de critiques correspondant à la fin de la période de sortie de l'ombre de ce groupe central du « courant communisateur », en fait le seul vraiment théoricien, le seul qui l'a fait
exister comme « courant » en tant que promoteur des revues Meeting et SIC dans la décennies 2003-2013. Son relatif succès de diffusion en Europe et aux États-Unis aura produit des critiques aussi sévères que sérieuses, qui sont à
recouper avec l'implosion de SIC dont TC n'a donné qu'une explication arrangeante (Fin de parti·e). Dans cette série, et concernant le nihilisme et le romantisme de la communisation selon ce « courant »,
voir Romantic Fiction
comme je l'ai souligné dans mon attaque de TC, son Commentaire Critique et la réponse 'Sur la
communisation et ses théorienNEs' font ressortir les tricheries intellectuelles de Roland Simon, autrement dit les conditions dans lesquelles le débat est à la fois possible et
impossible sur la base de sa compréhension et de son interprétation de ceux qui ne considérent pas son corpus comme la théorie adéquate à l'époque
depuis 2005, au fil de mes pérégrinations avec, sans ou contre TC, j'aurai formulé, en termes souvent moins théoriques et donc par là sans intérêt pour ce petit milieu imbu, l'essentiel des critiques que l'on
trouve recoupées par celles Des ami(e)s de la société sans classes. Je l'aurai fait de façon disparate et spontanée dans les commentaires de Meeting puis de dndf, ou sur la liste de discussion interne
à SIC, de façon plus systématique sur mon site (critique du 'courant communisateur') à partir du moment où Roland Simon s'est autorisé à mon encontre des mêmes procédés de déformation relevant de
l'incompréhension voire de la malhonnêteté, en tout cas d'une pathologie auto-centrée
« Cancer mystique, chanteras-tu longtemps ton cantique au mystère ? » Robert
Desnos, Rrose Selavy 93
du point de vue méthodologique, à partir du moment où TC définissait ce « cycle de luttes » autour de «
l'appartenance de classe comme contrainte extérieure », il ne prenait plus en considérations que les luttes dont il supposait qu'elles portaient ce sens - je l'ai relevé dès 2005 -, un sens dont sa théorie formulait
la vérité, celles de luttes théoriciennes, ceux qui les menaient n'attendant pourtant que d'eux-mêmes et autre chose, mais pas qu'un théoricien leur apprenne ce qu'ils auraient fait sans le dire ni
le savoir, qu'ils ne le faisaient pas
sauf par la théorie
comme dans toute théorie à prétention scientifique, il vient toujours un moment où le pas est franchi d'une solution mystique, et c'est ainsi qu'on peut comprendre le communisme en voie de réalisation selon TC comme un
monde sans médiations sociales, sans production, sans produit, sans travail, sans société, sans genres sexués... et comprendre sa théorie comme une des plus séparées des luttes au point de ne les aider en rien, le rien dont
TC a aujourd'hui les mains pleines. Séparée des luttes puisqu'aucune ne s'y reconnaît, et isolée dans le monde de la théorie communiste, puisqu'aucun·e théoricien·e mais seulement des moines copistes soutiennent encore ses
thèses
explorer les voies du communisme
il me faudrait relire ces 28 thèses pour elles-mêmes, autrement que sous l'angle des désaccords que je partage largement avec TC, et les
confronter à ma propre exploration des voies de la révolution, comme j'ai renommé cette rubrique, manière d'allusion et d'hommage à ce qu'écrivait Christian Charrier
en 2005 dans La communisation...point d'orgue
Nous avons écrit dans l’Invite à Meeting que le but de la revue est d’« explorer les voies de la communisation » (pt. 5) : je crois que tout le mal vient de cette formule expéditive
est un peu racoleuse et qui suppose surtout que le résultat de la chose est déjà acquis, et de l’affirmation selon laquelle « d’ores et déjà un courant communisateur existe au travers d’expressions théoriques
diversifiées et de certaines pratiques dans les luttes actuelles. » (pt. 3) – bien sûr, c’est du point de vue des pratiques que les choses se compliquent tout de suite (c’est là-dessus que TropLoin et Danel ont
tout de suite pointé leurs critiques). Lequel redoute que l’on se contente de « raisonner comme si la notion de “courant communisateur” ne faisait pas problème », de « l’abstraction la plus générale du
processus de la communisation et d’une définition très politique du sujet communisateur », pour conclure : « je crains qu’on ne construise un sujet révolutionnaire ad hoc pour les besoins de la problématique
fondatrice de la revue ». À part ça, actuellement, seule Théorie communiste est capable de rendre compte théoriquement et de manière cohérente de l’existence pratique d’un courant communisateur au travers de
sa thèse selon laquelle « dans la période actuelle (…) être en contradiction avec le capital c’est être en contradiction avec sa condition de classe » ; ce qui suppose bien sûr toutes les médiations
inhérentes au corpus técécien – à commencer par la théorie de l’achèvement de la « restructuration du capital » en ce qui concerne la période actuelle : « il nous semble impossible de parler de communisation sans
parler de restructuration et de nouveau cycle de luttes. »
L’exploration tout de go des voies de la communisation, dans laquelle chacun s’est lancé comme dans une vente promotionnelle ou une opération de propagande – qu’il s’agisse de faire de la
communisation le socle d’une théorie nouvelle de la révolution ou le débouché de corpus existants – fait l’économie des supposés de son objet et de ses origines, sur la base d’une apparente évidence de
la chose portée par sa diffusion inhabituellement rapide et l’adhésion qu’elle rencontre.
il n'est donc pas étonnant que dans cette décennie où le « courant communisateur » a traversé en comète la sphère (semi-)publique, on retrouve aux deux bouts, de la part de ceux qui partagent la base de la fin du
programmatisme ouvrier, la mise en cause de sa thèse centrale prétendant évacuer toutes les autres voies d'une révolution communiste. Quand je dis "voies" ce n'est pas pour en privilégier une parmi d'autres, mais pour explorer
comment s'articulent celles qui se présentent dans le monde actuel comme autant de situations particulières ayant en commun la perspective de dépassement du capitalisme
on aura compris qu'aucun des corpus théoriques existants - du moins que je connaisse - ne me satisfait entièrement, que je prends à Negri en minimisant le rôle attribué au capital cognitif (à vrai dire
atténué dans Commonwealth mais fascinant encore Moulier-Boutang et ses ami·e·s de Multitude), à Federici* tout en considérant son absence de prise en compte de la violence et sa critique de Negri fondée sur des
thèses qu'il a dépassées...
* reconnaissons à Federici de ne pas se prétendre théoricienne de la révolution, ce qui rendrait vain de lui reprocher de « ne pas produire théoriquement la révolution ». Laissons
ça à TC et d'autres, quand le temps aura passé de l'usage intéressé qu'ils en font et qu'ils engageront la polémique
le communisme : un processus de transformation qui doit se porter à la hauteur du capital
bref, explorer les voies du communisme, c'est d'abord considérer que le processus révolutionnaire ne peut émerger et surtout emporter la victoire que s'il engage une majorité de la population mondiale d'une façon ou
d'une autre, cela non seulement à partir d'éléments qui surgiraient dans la crise avancée du capital, mais sur la base même de ce qu'il a produit et tranformé dans les rapports sociaux et le rapport social à la nature. Je constate
que la plupart des thèses communistes radicales ne le font pas, et tendent toujours à mettre en avant une identité révolutionnaire de sujets qui ne se définiraient pas selon leur être social, mais selon leurs idéaux
communistes, ce que firent in fine les membres (sic) du « courant communisateur » (en ce sens TC relève de l'activisme-théorique complément de l'activisme immédiatiste avec et contre lequel il a polémiqué, c'est-à-dire d'un
gauchisme commun qui prend ses désirs pour des réalités et son existence pour importante qualitativement)
c'est pour souligner cette nécessité historique, le problème du quantitatif dans le qualitatif si dédaigné par la plupart des supposés 'dialecticiens', que j'ai placé en exergue de la rubrique le moment présent du capitalisme, documents, éléments critiques, luttes 'théorisantes' cette citation de Marx, où l'on est prié de ne pas prendre au sens du 19ème siècle « les forces productives »
« Une formation sociale ne disparaît jamais avant que soient développées toutes les forces productives qu'elle
est assez large pour contenir, jamais des rapports de production nouveaux et supérieurs ne s'y substituent avant que les conditions d'existence matérielles de ces rapports soient écloses dans le sein
même de la vieille société. C'est pourquoi l'humanité ne se pose jamais que des problèmes qu'elle peut résoudre, car, à y regarder de plus près, il se trouvera toujours, que le
problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le résoudre existent déjà ou du moins sont en voie de devenir.» Karl Marx Critique de l'économie politique 1859
si je porte un tel intérêt à Negri, au-delà de reproches sérieux, c'est pour sa focale très large sur la totalité du système-monde capitaliste, et sa redéfinition, avec 'la multitude', de ce qu'est la
classe de son abolition, et ceci sur une base de classe dans les rapports sociaux de production et reproduction. Peut-être qu'il le fait mal, mais qui d'autre à un tel niveau de cohérence ?
le mouvement du communisme produit sa philosophie, la révolution la réalise
hé bien, en toute immodestie je pense contribuer à la perception de cette critique de la totalité, et l'ampleur de la tâche suppose précisément de ne pas l'enfermer dans un corpus théorique séparé. Si ma contribution
ne s'élabore pas en formulation théorique, c'est parce que je prends soin de prendre le cours du capital, et des luttes contre lui, au point où elles en sont de se chercher un dénominateur
commun
la théorie ne saurait aller au-delà de sa base dans les rapports sociaux, base largement outrepassée par Théorie Communiste et d'une façon générale par nombre de rêveurs radicaux. Je comprends que ce
soit moins séduisant qu'un corpus bien ficelé, mais aussi moins susceptible d'être suivi ou déformé à souhait : chacun·e est convié·e à faire marcher sa tête. C'est ainsi que je conçois l'intelligence critique et la subjectivation
communiste au niveau individuel, pas comme un rapport militant à la théorie-guide
« ceux qui ne savent plus rien faire que remâcher le caca des autres, ils sont déjà morts
» Jean Meckert (Jean Amila) Comme un écho errant 1986 p. 164
le communisme comme processus diversifié produit dans ses combats la philosophie qu'il réalisera dans la révolution. Et pour l'heure aucun philosophe ou théoricien ne l'a formulée de façon satisfaisante à mon goût.
C'est ainsi que l'on pourrait dire de la philosophie de la révolution ce que Jean Meckert écrivait de sa sœur
« Elle avait le défaut des tempéraments riches, elle brouillait, ouvrait des portes et partait sans les refermer, mais c'était le contraire de l'incohérence, elle savait très bien où
elle allait. » id. p. 160
l'œuvre de Jean Meckert/Jean Amila (d'abord Amilanar) est de celles que j'ai presque intégralement lues, dès les années 70 où l'on ne trouvait ses livres
que chez les bouquinistes et dans les bibliothèques. Ces dernières années sont republiés ses livres non 'policiers' des années 40 sous divers pseudonymes. Pour les uns et les autres et
par-delà ses hauts et bas, Meckert est un de mes auteurs français préférés, parce qu'un des seuls qui entende quelque chose au milieu ouvrier ou prolétaire qui fut le sien, bien
davantage que ses héritiers du néo-polar français, de Manchette à Daeninckx en passant par Fajardie et Jonquet, seul le premier ayant la taille d'un grand écrivain, mais pas prolétarien pour deux
sous

..
4 juin
Come on Class Gender Race : la communauté comme lutte
'Commons against and beyond capitalism' George Caffentzis and Silvia Federici Community Development Journal Vol 49 January 2014
« Idéalement, ils incarnent la vision des marxistes et anarchistes mais qu'ils ont échoué à réaliser : celle d'une société composée d'« associations libres des producteurs » autogérées et organisées pour
assurer non une égalité abstraite, mais la satisfaction des besoins et des désirs de la population »

The concept of the ‘commons’ has become a ubiquitous presence in the political, economic and even real estate language of our time. Left and Right,
neo-liberals and neo-Keynesians, Conservatives and Anarchists use it in their political interventions. The World Bank has embraced it requiring, in April 2012, that all research conducted in-house or supported by its grants
be “open access under copyright licensing from Creative Commons—a non-profit organization whose copyright licenses are designed to accommodate the expanded access to information afforded by the
Internet” (World Bank).
[...]
What then qualifies as “anti-capitalist commons”? In contrast to the examples we have discussed, the commons we aspire to construct are intended to transform our social relations and create an alternative to
capitalism. They are not intended to only provide social services or to act as a buffer against the destructive impact of neo-liberalism, and they are far more than a communal management of resources. In sum, they are not
pathways to capitalism with a human face. Either commons are a means to the creation of a new truly egalitarian and cooperative society or they risk deepening existing social divisions, creating havens for those who can afford them and
who can therefore more easily ignore the misery by which they are surrounded.
Anti-capitalist commons are best conceived as autonomous spaces from which to reclaim control over our life and the conditions of our reproduction, and to provide resources on the basis of sharing and equal
access, but also as bases from which to counter the processes of enclosure and increasingly disentangle our lives from the market and the state. They are thus qualitatively different then from those advocated by the Ostrom
school, where the commons are imagined in a relation of coexistence with the public and with the private. Ideally, they embody the vision that Marxists and anarchists have aspired to but failed to realize: that of a
society made of “free associations of producers,” self-governed and organized to ensure not an abstract equality but the satisfaction of people’s needs and desires. Today we may see only fragments
of this world (in the same way as we may have seen only fragments of capitalism in late Medieval Europe) but already the commons we build should enable us to gain more power with regard to capital and the state, resist
exploitation, and embryonically prefigure a new mode of production, no longer built on a competitive principle, but on the principle of collective solidarity.
[...]
In conclusion, commons are not the practices by which we share in an egalitarian manner the resources we produce, but a commitment to the creation of a collective or multiple collective subjects, a commitment to the fostering
of the common interest in every aspect of our life and political work, and a commitment therefore to the rejection of all hierarchies and inequalities, and all principles of ‘othering’ and exclusion.
These characteristics differentiate the common from the public, the latter being owned, managed, controlled and regulated by and for the state, therefore constituting a particular type of private domain. This is not to say that we
shouldn’t fight to ensure that the public is not privatized. As an intermediate terrain it is in our interest that private companies do not engulf “the public” which is the site where much of our past labor and
resources are stored. But for the sake of fighting to generate new anti-capitalist commons it is crucial that we do not loose sight of the distinction.
Anti-capitalist commons are not the end point of anti-capitalist struggle, but its means. For a start we need to build movements that put on their agenda their own reproduction on a communal basis, which means
movements whose members do not share only the space of the demonstration or the picket like but learn to put their lives in common, organizing for instance on the basis of their different needs and possibilities, and eliminating
practices that can become principles of exclusion or hierarchization.
We see the Occupy movement and the movements of the squares as a crucial step in that direction. What is happening internationally proves that only when you have forms of collective reproduction, when you have communities that
reproduce themselves collectively, can struggles be ‘sustainable.’
Race, class, and community organizing in support of economic justice initiatives in the twenty-first century Sekou Franklin
Abstract - Community organizing is a viable political tradition that is predisposed to developing innovative, ameliorative strategies to address economic injustices. This is due to the social justice
orientation of community organizers, their linkages to indigenous networks, and commitment to participatory democracy. Relying upon primary and secondary data – this includes a survey of 132 activists, interviews,
correspondence letters, and participant observation – this article examines the strategies used by contemporary grassroots organizers to challenge systems of oppression, ascriptive hierarchies, and economic injustices. The
theoretical framework guiding the study relies on a re-articulation of ‘new’ social movement (NSM) theory and its relationship to the community organizing field. A major criticism of NSM theory is that it places too
much emphasis on the importance of autonomous political struggles, identity-based struggles, and the cultural dimension of protest, while depreciating more public challenges to oppressive economic policies and
political-bureaucratic decision-making apparatuses. I develop a middle-range approach that synthesizes political and class-based challenges, often associated with older social movement theories, with NSM strategies that focus on
identity, culture, and autonomy. As demonstrated in this study, contemporary organizers have linked identity-based claims with public grievances that support economic justice programmes.
Everyday Practices of Race, Class and Gender / Struggles, Skills, and Radical Social Work, Journal
of Progressive Human Services, Volume 11, Issue 2, 2001, online 2008
Audre Lorde
Woman power
is
Black power
is
Human power
is
alwasy feeling
my heart beats
as my eyes open
as my hands move
as my mouth speaks
I am
are you
Ready.
.
30
mai
« - Tais-toi donc ! Tu es bien le vieil irresponsable. Des mots, des mots, et le bordel au bout !
- Au contraire, veux-tu comprendre. La désacralisation du principe des souverainetés nationales, c'est la grande tâche de notre époque. » Jean Meckert, Comme un écho errant, 1986 p.
168
identité ouvrière... identités idéologiques communautaires et individuelles... identités de luttes... hic salta
!
quelques
remarques
faut-il reconquérir l'identité prolétarienne ?
dndf ressort un texte de Théorie Communiste de 2002 : M. Le Pen et la fin de l'identité
ouvrière
je ne ferai pas la critique de ce texte dont j'apprécie encore la remarquable analyse des raisons profondes de la montée du vote ouvrier dans les classes populaires des années 1980 à
2000
Madame Le Pen en 2014, moins de voix que Monsieur en
2002
passons sur la raison donnée par dndf, « le succès du FN aux dernières élections européennes font causer et défiler quelques milliers de jeunes étudiants ». Que pèsent le peu de succès de ces manifestations «citoyennes» et leur composition sociale, relativement à la structure sociologique du vote pour le parti de Marine Le
Pen, et surtout à l'importance de l'abstention : le FN à 25% des 43,5% du corps électoral français, c'est moins de 11% avec 4,7 millions de voix, contre près de 17% avec 4,8 millions de voix pour Jean-Marie au
premier tour de 2002 (Peut-on relativiser le score du FN ? Le Monde 26
mai)
l'abstention, quant à elle, traduit davantage que le vote Front National, qui n'est pas anti-démocratie, un dégagement de la citoyenneté politique qu'un
engagement à combattre le système, et Théorie Communiste a raison de balayer les fantasmes de ceux qui comptent positivement les abstentionnistes comme une force anti-étatique. Compter le « vote blanc » ( 4 à 5% ?) est
encore une manière de les ramener dans le cadre institutionnel
des visions françaises de la France, de l'Europe et du monde, sur fond de retour de la race
passons sur les 12 ans d'âge de cette analyse française à base d'élections nationales en France, avec les décalages dans le temps et l'espace de ses développements
relativement à l'élection européenne de 2014, et aux différences entre Marine et Monsieur. Comme dans tous les textes de Théorie Communiste, la race quand elle y figure - je ne l'ai pas vérifié dans ces quelques
20 pages - la race n'est qu'accessoire et marginale. Venant « en prime » dans l'analyse, les immigrés et racisé·e·s ne sont que faire-valoir de l'analyse classiste, classique marxiste au demeurant contradictoire dans
ce corpus fondé sur le syllogisme marxien du prolétarien (Christian Charrier)*
* sans conscience de classe identitaire, idéologique, pas d'abolition de la classe, ce qui oblige TC-Théorie Communiste à repousser à plus tard en théorie comme en actes, dans l'immédiateté
de la communisation, la question de l'unité du sujet prolétarien pour son abolition; c'est le fond de cette théorie par l'absurde, qui avait cru trouver sa base sociale dans les luttes produisant
un écart, l'identité de classe comme contrainte extérieure, comme si la race et la domination masculine (assimilée au genre, critique introduite par TC en ? 2007) n'étaient pas pour la classe deux contraintes
intérieures
aux lendemains de ce scrutin européen, la plupart des "analyses" dans la presse sont focalisées sur le vote FN en France dans la perspective française des présidentielles de 2017. Je ne suis pas plus nationaliste
qu'européiste mais force est de constater leur focale étriquée, et leur vision française de l'Europe comme du monde, à travers la grille idéologique de la démocratie politique et de la représentation à l'échelle nationale. Dans une
problématique communiste de sortie mondiale du capital, cela ne nous sert pas à grand chose. Leurs problèmes et leurs peurs ne sont pas les nôtres
  
de ce qu'on est à ce qu'on pense être
je veux plutôt m'interroger sur cette question de l'identité entre l'objectivité de l'appartenance de classe et la subjectivité de la conscience
de classe - qui allaient de pair avant la restructuration du capital et l'effondrement du mouvement ouvrier (années 1970...) - et sur les nouvelles identités qui se sont structurées autour de particularités nationales, raciales,
religieuses, sexuelles... jusqu'à l'individualisation égo-gérée (Jacques WajnSztejn) dont une extrême est fléchée par l'identité sexuelle selon les thèses de Judith Butler : de chacun selon ses
affinités à chacun ses choix individuels, ce qui est au demeurant parfaitement compatible avec la domination masculine, comme le savent bien les «trans-genre»
la question de l'immigration est le seul point commun aux partis populistes de droite qui progressent en Europe, qu'elle soit ou non corrélée avec le chômage réel dans chaque pays. Selon le cas,
le discours vise des immigrations plus ou moins intra et/ou extra-européenne, il est judéophobe et/ou arabophobe, concerne les nouveaux migrants, des clandestins mais aussi chez les plus racistes des
nationaux intégrés, des « issus de...» contraints de leur répondre «- je suis français comme vous ». D'une façon générale la xénophobie accompagne la préférence nationale ou européenne, avec les
variantes politiques concernant l'Espace Schengen (Immigration en Europe : cinq images pour bien comprendre Schengen FranceTVInfo 23
mai)
«[L'Espace Schengen] compte 26 Etats. Parmi eux, vingt-deux sont des membres de l'Union européenne (UE). En effet, certains partenaires européens n'ont pas signé l'accord : il s'agit du Royaume-Uni et de
l'Irlande. D'autres ont signé le texte mais ne sont pas encore membres à part entière de l'espace Schengen. C'est le cas de la Roumanie, de la Bulgarie, de la Croatie et de Chypre. Enfin, il y a les pays qui ne sont pas membres
de l'UE mais qui font partie de Schengen : la Norvège, l'Islande, la Suisse et le Liechtenstein.»
Le retour de la race et la responsabilité des élites Michel Agier anthropologue, Le Monde 30
mai
extraits
Le vote aux élections européennes et la poussée des listes d'extrême droite mettent en évidence un paradoxe. D'une part le développement en France et en Europe en général d'une mixité culturelle, linguistique
et raciale bien réelle dans la société elle-même, au quotidien (voisinages, amitiés, relations sexuelles, mariages, relations de travail), et qui renvoie aux vagues anciennes ou récentes de migrations internationales et à leur
incorporation dans la recomposition permanente des sociétés.
Et d'autre part la reprise de la parole raciste, que certains considèrent comme une forme de défoulement ou de rage ordinaire, d'où sa qualification « populiste » et la certitude que le « peuple » est
responsable du rejet de l'autre en général, au-delà même de la seule figure de l'étranger. Une sorte de misère anthropologique dans un monde autoréféré, individualiste et peureux, qu'incarneraient de forme mimétique les partis
d'extrême droite.
Mais l'on peut aussi donner de la situation actuelle une autre explication. Dans l'année écoulée, à plusieurs reprises le débat de société (au moins tel qu'il apparaît dans l'actualité médiatique et politique)
a cédé la place à des délires identitaires annonçant l'apparente « banalité » du vote d'extrême droite.
On peut relever deux traits marquants dans cette séquence. D'une part la tentation de partager le monde entre normaux et anormaux, ou inégaux en humanité, un partage dont la race est le signe. D'autre part, la
responsabilité des élites, pas seulement parce que les gouvernants seraient responsables de la crise économique et sociale, pas seulement parce que les boucs émissaires identitaires les arrangent bien, mais aussi parce qu'ils ont
participé directement à cette invention des anormaux.
Le carnaval des anormaux
Revenons sur trois faits majeurs des derniers mois. La violence du « retour de la race » et son exposition publique et médiatique dans l'épisode dont madame Taubira a été la cible en France en octobre dernier,
nous ont renvoyés aux peurs du Moyen Age, quand les débuts de la découverte de peuples autres sur la planète s'accompagnaient d'affirmations (qui nous paraissent aujourd'hui insensées) sur leur part réduite voire absente
d'humanité. Elles s'accompagnaient aussi de fantasmagories sur leur appartenance au monde des monstres ou des animaux.

Ce délire de la race est aujourd'hui relancé dans l'espace public et médiatique, tel une mélopée plaçant l'Afrique et le Noir « entre » le singe et l'homme contre toutes les dénégations des archéologues,
historiens ou biologistes.
Puis l'affaire Dieudonné a continué de propager de part et d'autre la haine, d'une part par le retour, là encore, des dernières limites de la brutalité identitaire jusqu'à l'inhumanité (prétendant l'extermination
d'autres humains encore pensable), d'autre part par le rappel appuyé du patronyme africain du triste bouffon (ceux qui ne s'intéressaient pas particulièrement au personnage, français né à Fontenay-aux-Roses, n'ont plus pu ignorer
après cette affaire que son nom est M'bala M'bala, certains commentateurs insistant même sur le « monsieur M'bala M'bala » comme pour dire la vérité du nom civil hérité derrière le prénom de scène autrement
signifiant)..
Une altérité confuse
Quelque chose rassemble ces faits en une seule séquence, un seul et même emballement exalté d'une pensée identitaire tous azimuts. Ce qu'ils désignent est une altérité confuse, un puits sans fond de fantasmes, et
étrangement ils érigent une somme de personnages monstrueux, caricaturaux et même – on ne peut s'empêcher de faire le parallèle tant il est frappant - carnavalesques : « le nègre », « le juif », « la Tsigane », « le Turc »,
« l'homme en femme », « le gorille » et d'autres créatures mi-animales mi-humaines, autant de figures grotesques ou effrayantes, qui semblent sorties des imaginaires burlesques du carnaval pour défiler dans nos journaux et sur
nos écrans, comme des fantasmes identitaires de l'autre imaginé, inventé, au risque pour certains d'être « identifiés » comme tels dans la rue et alors maltraités, comme l'éprouvent quotidiennement et sous des formes diverses,
les Roms, les homosexuels, les noirs, les juifs, les Arabes, et tous ceux qui portent sur leur corps, dans leur accent ou leur manière de s'habiller, les marques visibles d'une relative étrangeté.
Il n'y a aucun lien a priori entre les existences réelles de toutes les personnes identifiées par ces étiquettes, mais on ne peut que constater la cohérence d'un langage identitaire qui, lui, produit et réunit
toutes ces « figures » en une fiction d'altérité radicale, et les expulse dans un « dehors » imaginé. Là est le piège de l'enfermement identitaire.
Ce dehors paraît indispensable à celles et ceux qui utilisent ce langage ou qui y adhèrent, pour croire et faire croire à l'existence d'une identité propre. D'où le besoin permanent de l'autre, de représentations
renouvelées de l'étranger. Pour l'
Cette idéologie-là repose sur la confusion entre la fiction identitaire et la réalité des personnes avec lesquelles nous partageons le monde, sur la confusion entre carnaval des anormaux et rejet des
autres.
Un combat entre l'ouvert et le fermé
À l'inverse, la relation avec les personnes qui sont supposées correspondre à cet autre fantasmé, est la meilleure réponse qu'on puisse donner à ceux qui croient devoir « défendre » ces identités (nationale,
locale, raciale, culturelle, sexuelle, etc.) en « nous » enfermant sur nous-mêmes. Mais les gouvernants européens et français de ces derniers années ont eu tendance à condamner (moralement et judiciairement) celles et ceux qui
dans leur vie quotidienne passent les frontières de ces identités et qui, de fait, sont déjà en train de transformer la société, aussi bien nationale, européenne et mondiale.
C'est un combat entre l'ouvert et le fermé qui est engagé, entre la relation et le rejet. Le nouveau premier ministre de la France s'est bâti son image politique sur la reprise « droitière » de cette guerre, à
l'opposé même de sa propre histoire. Il serait bien inspiré de renoncer à entretenir la dangereuse flamme identitaire et à donner de vrais signes d'ouverture.
la norme énorme fait impression
cette analyse montre que la fabrication des identités notamment raciales
n'est pas d'abord le fait des racisé·e·s mais de leurs adversaires, héritiers de ceux qui ont fabriqué et entretenu la race pour le capitalisme, qu'ils se reconnaissent ou non comme racistes mais assez souvent du point de vue de leur neutralité blanche occidentale : les gens qui, chez nous, sont « normaux », l'autre étant
l'anormal

« ce que tu me dis que je suis, je le suis devenu, je vais l'être, et tu vas voir ce que tu vas voir ». Si c'était drôle on pourrait le
comparer avec le renversement de « impressionnisme », qui de son invention péjorative initiale par un critique d'art, a été retourné positivement et repris à leur compte par les peintres en question,
que rejetait l'académisme des beaux-arts

« Louis Leroy est le créateur du terme impressionniste, qu’il utilisa dans un article paru dans Le Charivari où il se montra très critique envers le tableau Impression soleil levant de Claude Monet,
exposé en 1874 : « Que représente cette toile ? Impression ! Impression, j'en étais sûr. Je me disais aussi puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l'impression là-dedans. […] Un papier peint est plus travaillé que
cette marine. » Wikipedia
songeons aussi au devenir infréquentable du « communisme », assimilé à la dictature d'État (le «totalitarisme» d'Arendt), jusque par nos "révolutionnaires du XXIème", Dardot et Laval, troquant leurs
vieux habits trotzkistes pour l'uniforme sans tache d'un réformisme du commun. Il est vrai qu'aujourd'hui ne voulant pas faire fuir, on peut reprendre à son compte mais en sens inverse la formule de
Marx :
« Tout ce que je sais c'est que je ne suis pas marxiste » source Rubel note 6 dont j'adore « Les "marxistes" et les "anti-marxistes", ces deux
espèces, ont fait leur possible pour me gâcher le séjour en France » lettre de Marx à Engels, le 8 septembre 1882, 6 mois avant sa
mort
les identités de races et de sexes vont-elles nous gâcher le séjour révolutionnaire
?
« nous ne sommes tout simplement plus communistes car nous pensons que les
conditions posées par Marx ne sont plus présentes (« réelles ») aujourd'hui.» Temps Critiques Le Communisme, une médiation ? juillet
2010
comme si le communisme ne pouvait être histoire, liée aux conditions «réelles» produites par le capital au présent et non aux «
conditions posées par Marx », qui ne se pensait propriétaire du label "communisme" devant l'éternité, déjà assez embarrassé par les « marxistes »... En vérité, si conserver le
mot ne garantit rien (PCF...) l'abandon de ce nom va toujours de pair avec celui de la lutte de classes, et Temps Critiques est en ceci
conséquent.
le mot communisme lié à celui de révolution est un marqueur, comme l'a noté
DauvéDDT21 à propos des théoriciens critiques de la valeur. Mais j'ai observé depuis 15
ans dans l'appropriation du nom «communiste» - comme dans tout autre titre militant - un inconvénient profond, une dérive sectaire, un risque communautariste
et identitaire
l'identité communiste opium des camarades ?
en effet, demandons-nous avec Marx si l'identité communiste ou anarchiste, l'identité de la communauté des « camarades » chacun chez son parti et les vaches bien gardées, sont
véritablement révolutionnaires, et si elles définissent un sujet communisateur dans l'auto-abolition du prolétariat : pourquoi pas les missionnaires d'une religion communiste ? Auquel cas la révolution ne
serait pas affaire d'objectivité sociale, mais de subjectivisme militant, et la théorie communiste leur nouvel évangile
de 'l'identité ouvrière' perdue aux 'identités de luttes' à trouver
pour revenir à la question sociale de l'identité, la « disparition de l'identité ouvrière » traduit la phase de 'déconstruction' de « la conscience de classe », de l'existence de la classe
pour soi (subjectivité) qui accompagnait la puissance du mouvement ouvrier et sa définition comme classe révolutionnaire par le communisme tel que pensé juqu'aux années 1960
au fond, cette conscience n'a pas disparu, elle s'est défaite de ses liens à l'organisation politique comme représentation dans le champ de la démocratie institutionnelle, qu'elle soit nationale ou ici, européenne.
Elle n'a plus de liant organisationnel, autre que cette expression dans le jeu de l'offre et de la demande politique. Que le FN, parti qui ne peut plus être défini seulement comme d'extrême-droite et encore moins « fasciste »
(l'erreur de Mélenchon et des citoyens gauchistes), que le FN soit le premier parti ouvrier de France signifie que l'idée de constituer un peuple national l'a emporté sur celle d'être une classe par-delà les
nations
à cet égard aucun « peuple européen » ne peut être revendiqué comme véritablement internationaliste, comme le prétendent PCF et Parti de gauche : il n'y a pas d'intermédiaire internationaliste
de quelque échelle que ce soit entre nationalisme et mondialisme révolutionnaire
l'identité européenne n'est pas moins idéologie capitaliste que l'identité
nationale
même si la question de l'immigration domine, bon nombre de ceux qui votent FN sont-ils plus "racistes" que les leaders des partis de droite et de gauche dans leurs fantasmes
d'une Europe épargnée de la race ? Être contre l'immigration et être raciste ne sont pas identiques, surtout si l'on considère la race au présent des « Nègres du monde », la classe de ceux qui racisé·e·s ou pas sont confrontés au capital, à ses États et nations à l'intérieur
comme à l'extérieur de leurs frontières
mon hypothèse est que l'équivalent de la « classe pour soi » d'hier n'est plus fondé sur l'appartenance à la classe ouvrière reconnaissant son unité d'intérêts dans son identité et sa puissance perdues,
mais sur plusieurs identités assez floues dont le genre, l'ethnicité voire la religion (l'islamophobie comme racisme faisant écho au communautarisme musulman), dont chacune accompagne des luttes - de féministes, de
racisé·e·s, de producteurs de subsistances... - qui ont en commun de faire face au capital, autant qu'elles participent de la segmentation du prolétariat ou de freins à la constitution d'une multitude
révolutionnaire
l'identité, les identités sont donc en mouvement dialectique, de l'assignation à l'acceptation et au rejet, et en ce sens doivent être comprises, pour la lutte communiste et la subjectivation d'un
en-commun révolutionnaire, tant dans leur négativité que dans leur positivité
l'identitaire se revendique au demeurant de façon plus fermée par les nationalistes que par les communautarismes à base raciale
aucun des communautarismes visés par les démocrates ne se proclame 'identitaire' sauf...
autres images 
de l'ordre d'une évidence : c'est sur la base de luttes contre la racialisation que le racialisme sera aboli, et rien ne s'y oppose à la constitution en « classe » des
abolitions de la multitude des prolétaires
si la population blanche est majoritaire en France et en Europe, la race blanche ne structure pas un « champ politique blanc »
le bât blesse au PIR quand il s'enferme dans la la définition d'un « champ politique blanc », et l'incapacité d'analyser un tel évènement Bobigny 2014 : quand les Arabes et les Noirs font campagne pour la droite blanche, Aya Ramadan PIR 2 avril 2014. L'auteure cite pour finir Houria Bouteldja : « Leur tort [aux indigènes] n’est pas de se libérer de la gauche. Leur tort c’est de passer d’un maître à un autre. De
changer de tuteur. Leur tort ici, c’est de choisir la facilité. De fuir les sentiers de l’autonomie.», citation dont il ne faudrait pas selon moi retenir un sens anti-blanc, mais auto-organisationnel, une
étape dont on ne peut que souhaiter la constitution et le dépassement, qui ne sera pas produit sur le terrain de la représentation politique, et de la démocratie citoyenne d'une nation, mais dans les luttes de ceux qui sont
concernés
mon 'nous' est indigeste contre toute république
au fond, dans l'effondrement en cours de la représentation politique et du clivage républicain gauche-droite, un clivage s'annonce autour de cette idéologie politique, qui est commune pour le pire aux électeurs de
l'extrême-gauche à l'extrême droite, en passant par le PIR et pas pour le meilleur
.
27 mai
stratégie : contre la révolution sans communisme et le communisme sans
révolution, un combat politique sur plusieurs fronts théorique
dans La société du mépris. Vers une nouvelle théorie critique
(2007), Axel Honneth, successeur d'Habermas à l'Université de Francfort et continuateur de sa pensée héritant de l'École de Francfort (nommée «Théorie
Critique») souligne que le mérite de Marx était d'avoir élaboré ensemble une critique du capital et une perspective de dépassement, le communisme. Honneth reconnaît qu'Adorno, avec sa « dialectique négative »,
a tourné le dos à une telle perspective. Ayant rendu à la bibliothèque ce livre qui ne m'a d'ailleurs pas semblé s'inscrire dans une perspective communiste, je ne peux le citer, mais cette idée m'est revenue à la lecture de deux
textes publiés sur le nouveau site DDT21 (qui n'est pas la Direction départementale des territoires de la Côte d'Or, mais apparemment une suite à TropLoin pour le 21ème
siècle)
dans La Boulangère et le théoricien (sur la théorie de la forme-valeur), Gilles Dauvé, s'appuyant en partie sur la critique de la
Wertkritik qu'a fait Bruno Astarian (L'abolition de la valeur chapitres 6 et 7), montre que cette théorie, qui se pose comme LA critique radicale du capitalisme, ne
débouche pas sur la moindre politique (au sens fort) produisant le communisme (6. « Que propose une théorie qui se veut autant critique de l’anti-capitalisme et de l’alter-mondialisme contemporains que du vieux
mouvement ouvrier ?). Quel rapport avec Honneth ? les théoriciens de la Wertkritik étant la plupart héritiers d'Adorno, il ne serait pas surprenant que le capital les intéressent plus que le communisme : Wertkritik
vaine critique ?
dans Malaise dans l’insurrection. Autour du livre de Kamo et Eric Hazan, “Premières mesures
révolutionnaires”, Tristan Leoni (sic) relève que « Kamo et Hazan se retrouvent avec deux morceaux distincts, la révolution et le communisme » et qu' « Au fil des
pages, c’est plutôt le communisme (...). Une fois le blocage généralisé atteint et les vils dirigeants volatilisés, l’onde révolutionnaire s’épuise. Elle n’a pas de dynamique, n’est portée par aucune
contradiction qui l’aurait provoquée, entraînerait son approfondissement et, dans la lutte, la construction du communisme.»
cette critique rejoint les commentaires de dndf lors de la parution et les miens ici ou là, 19 janvier
"l'insurrection qui revient de loin"
à propos de Première mesures révolutionnaires, d'Éric Hazan et Kamo, par Jean-Louis Roche. Le "maximalisme prolétarien" n'est pas mon truc, mais parfois, son chantre est irremplaçable... et
drôle. C'est dimanche, il faut bien rigoler, du côté des prolos, sur le dos des bobos : 'premières projections du prestidigitateur', 'l'insurrection est repartie ailleurs ?' En japonais, Kamo, c'est le
canard...

dans leur livre commun, Dardot et Laval posent le « communisme contre le commun » (chapitre I.2) en réduisant (comme Hazan
et Kamo) le communisme à ses versions staliniennes et étatistes, mais nous proposent « La révolution du XXIème siècle » avec « les juristes en première ligne » (voir la rubrique commun et/ou communisme : révolution ou réformisme ?), dans des termes qui leur ont valu une critique acerbe de Toni Negri, « l'inventeur du
concept de commun » que nombres de marxistes tiennent pour fumeux ou contre-révolutionnaire, et les critiques de la valeur pour « marxiste traditionnel » - mais Negri n'a pas lu que les Grundrisse et
son communisme est vivant parce que lutte en prise sur les luttes et le moment présent du capitalisme
Hazan&Kamo et Dardot&Laval ont en commun de bénéficier d'une couverture médiatique qui fait douter de leur dangerosité pour le capitalisme, mais alors que les premiers ont aussitôt été la risée des lecteurs
sérieux, Dardot&Laval n'ont toujours pas reçu en France les coups de pied où je pense de la part des mêmes (et la réaction de Negri n'est toujours pas traduite...). Sans doute le concept de commun est-il en
lui-même à leurs yeux bien français, comme le suggère Negri, un tel repoussoir réformiste qu'il ne mérite pas la critique révolutionnaire. Ils y viendront, peut-être pour considérer que le "démocratisme radical" de
l'alternative mondialiste douce resurgit là, un peu moins étatiste, où on l'avait prématurément enterré depuis la crise de 2008. Le Petit Livre Rouge et le Capital du XXIème siècle ? « l’idée de la
possibilité de la révolution et du communisme (...) grâce à la FNAC et à France culture ? » comme dit Tristan Leoni, bof...
ces deux livres pris ensemble apportent un début de réponse à « La seule question que pose ce texte est celle de son existence, qu’est-ce que ça exprime, qu’est-ce que cela signifie maintenant ? La
question ne se posait pas pour « L’insurrection qui vient » quoi qu’on pense du texte. Une reconstruction et extrapolation idéologiques du « mouvement des indignés » ? » (Roland Simon), d'autant que ce qui n'était qu'un mouvement s'est constitué en Espagne en parti politique (voir
En Espagne, le parti issu des Indignés a contribué à mettre fin au bipartisme, l'Express d'hier). La différence avec l'Insurrection qui vient (IQV) me semble être l'absence de base sociale chez des insurrectionnistes authentiques, ramenée à l'impuissance politique de
l'indignation dans un verbiage pseudo-révolutionnaire. Bref, signe des temps, le nouveau gauchisme et le nouveau réformisme sont arrivés main dans la main du moment de
la crise, sous forme de best-seller idéologiques et politiques
ceux-là et d'autres (John Holloway comme on l'a vu l'a vu concernant la Grèce) ont peur de la violence, ce qui n'est pas condamnable en soi, sauf quand il s'agit
de refuser la violence révolutionnaire qui s'impose de fait face à celle du capital, qu'elle soit dans l'exploitation par le travail, les dominations diverses - y compris des hommes sur les femmes - et in
fine toujours dans la répression armée
« Les excès commis par les cipayes révoltés, en Inde, sont en vérité horrifiants, hideux, ineffables, tels qu’on peut s’y attendre seulement dans les guerres
d‘insurrection, de nationalités, de races, et surtout de religion ; en un mot, tels que ceux auxquels la respectable Angleterre avait coutume d ‘applaudir, quand ils étaient perpétrés par les Vendéens sur les "Bleus",
par les guérillas espagnoles sur les mécréants français, par les Serbes sur leurs voisins allemands et hongrois, par les Croates sur les rebelles de Vienne, par la garde mobile de Cavaignac ou les décembriseurs1 de Bonaparte sur
les fils et les filles de la France prolétarienne. Si infâme que soit la conduite des cipayes, elle n’est qu’un reflet concentré de la conduite de l’Angleterre en Inde non seulement durant l’époque de la
fondation de son Empire oriental, mais même durant les dix dernières années de sa longue domination. Pour caractériser cette domination, il suffit de dire que la torture formait une institution organique de sa politique
fiscale. Il existe dans l’histoire humaine quelque chose qui ressemble à la rétribution; et c’est une règle de la rétribution historique que ses instruments soient forgés non par les offensés mais par les offenseurs
eux-mêmes. » (Karl Marx : La révolte indienne, 1857. In Marx-Engels, Textes sur le colonialisme, p. 182)
Théorie Communiste n'a jamais manqué une occasion de condamner ceux qui, dans leurs théorisations, ne «produisent pas le communisme», comme Christian Charrier, ou
Temps Critiques qui ne s'arrache pas, vers sa « révolution à titre humain » d'une bonne sociologie critique, et tourne en rond pour avoir, au nom de la défaite du prolétariat, abandonné la lutte de
classe
voilà donc, entre ceux qui, de la critique du capital, tirent ou non le communisme, un clivage qui fait sens par la nécessité même d'appeller une révolution, ainsi
nommée parce qu'elle fait violence fondamentale à l'ordre établi
malaise dans la politique

avec les élections européennes (voir ci-dessous), quelque chose s'est produit à un degré sans précédent, le constat d'une impuissance de la politique,
au sens courant de la démocratie politique, à générer un intérêt des classes populaires à y participer. Le désarroi semble sérieusement s'emparer de la gauche de la gauche qui persiste à concevoir son combat sur ce terrain, si l'on en
croit Jean-Luc Mélenchon, le tribun au cœur qui saigne. Les quelques deux-tiers de chômeurs, ouvriers et employés qui se sont abstenus en France ne sont certes pas tous anarchistes opposés à l'État-Nation, mais pas non plus tous pêcheurs à la ligne. Hollande
peut dire n'importe quoi ou rien, personne ne le croit, pour autant qu'il croit lui-même à ce qu'il (pré-)dit
il est intéressant de remarquer qu'en dehors des anarchistes, communistes libertaires et autres communisateurs, bien peu remettent en question
l'Etat-Nation, si ce n'est pour lui préférer l'Etat européen voire mondial (ce qu'est un peu le FMI plus Davos). On se demande comment le PIR, Parti des indigènes de la République, peut remettre en cause l'Etat-Nation et
vouloir son dépassement tout en restant un parti politique. Être contre l'Etat-nation suppose d'abord d'être contre l'État conception, et sa citoyenneté nationale. À cet égard et comme
Hardt-Négri, je suis contre la République, même universelle
traverser les langages des théories de leur séparation : théoricien, ton langage t'engage
je m'attache ici à montrer que les voies du communisme ne sont pas impénétrables mais ne relèvent pas d'un cheminement unique sur une autoroute de la communisation projetée plus tard, au-delà de toutes les séquences et
parenthèses que le capitalisme dans sa crise aura ouvertes et refermées dans sa restructuration sans fin. La question concerne tant les luttes, dans lesquelles ma parole importe peu, que ceux qui en parlent plus ou moins à distance,
dont quelques-uns me lisent

la question de la subjectivation révolutionnaire ne se pose pas
moins aux théoriciens qu'aux luttes, et je cherche ce qui fait clivage, susceptible de clarifications et de ruptures dans le milieu au sens large, constitué de personnes qui se connaissent ou non, échangent ou non des idées, se parlent
ou non. L'échange, je le construis avec une focale plus large que la plupart, et dans ce cheminement, je ne vois pas les accords et désaccords sur les mêmes points ou concepts que la plupart, parce que je les lis au-delà de leurs
propres langages, des mots dans lesquels ils tendent à s'enfermer, et je ne m'arrête pas à ceux qui fâchent sous prétexte de n'être pas les bons pour dire les choses. Le langage est un lieu où l'enfermement s'abolit plus
facilement que face à l'ennemi. Pour le dire avec Glissant, il faut créoliser la théorie. J'y reviens plus bas
évidemment, je serai toujours soupçonné, m'appuyant sur l'un en quelque point, d'être pour l'autre infréquentable en théorie. Comme on lit on fait couches
le sujet d'une politique révolutionnaire
si la question du sujet révolutionnaire fait retour sur la scène au moins théorique, c'est bien justement parce que partout dans le monde est mise en échec l'illusion que le capitalisme pourrait être vaincu par la
démocratie politique, et de ce point de vue, tout ce qui lui échappe mérite attention. Je ne confonds pas la critique de la démocratie politique (qu'elle soit représentative, radicale ou de base, «vraie» ou «fausse») avec le
rejet du terme même de démocratie, quand il est utilisé au sens conceptuel fort de « souveraineté du peuple » au-delà de la nécessité même d'un régime politique. Dans ce sens fort, je ne vois pas de contradiction entre
communisme et démocratie. Toujours est-il que je trouve dommage de s'arrêter sur des mots pour condamner des thèses qui n'en font pas le même usage que nous

quelles 'identités de luttes' constituent la classe, le prolétariat, la multitude... en sujet révolutionnaire ?
la question de la subjectivation révolutionnaire passe par celle du dépassement de l'identité, mais la « conscience de classe » ne se construira plus seulement sur l'identité de
prolétaire ouvrier. Quand on parle de « multitude » on parle encore de classe sociale en puissance (« classe pour soi »), et c'est la puissance qui définit la classe, pas la sociologie ni même la
conscience, qui n'est pas l'être. Ce qui pour Marx donnait à la classe ouvrière sa potentialité révolutionnaire, forgeait sa conscience, c'était sa concentration massive en grandes usines et l'ampleur des luttes
qu'elle permettait. La conscience de classe pouvait émaner de ces conditions concrètes portant la fonction structurelle de la classe ouvrière face au capital dans l'exploitation productive de plus-value et sa
transformation en valeur. Cette particularité de la classe des ouvriers de production n'existe plus à l'échelle mondiale* à laquelle est seulement possible la révolution. Le sujet se construira sur cette base ici
(Chine...?) et ailleurs autrement
* en fait, avec la prise en compte des
femmes comme reproduisant la population comme principale force productive, et de la paysannerie assurant sa subsistance alimentaire, cette particularité n'aura jamais été qu'un leurre marxiste (voir
le plancher de terre : paysannerie, capitalisme ou révolution du commun ?)
la
masse des ouvriers qui votent 'Front National' est-elle plus dépourvue de « conscience de classe » que celle qui vote 'Front de gauche' ? Quant
à savoir si la conscience de classe se construira autour des travailleurs productifs, cela pose deux questions : qui l'est et surtout qui ne l'est pas, et productif de quoi ? De plus-value pour la valeur,
dira-t-on, oui mais au bout d'un processus de production/reproduction qui englobe tellement de monde et d'activités de travail social et domestique que personne ne peut considérer que chacune serait en elle-même productive,
puisqu'elles ne le sont qu'ensemble à grande échelle sociale. Il en va de même pour les luttes susceptibles de produire une conjoncture révolutionnaire
alors si l'on considère que l'abolition du capital ne se résoud pas en tant qu'abolition de la valeur (TC, Astarian, Dauvé...), un peu d'imagination permet de supposer que le sujet
révolutionnaire ne se résoud pas dans le travailleur productif, sauf à interroger ce qu'il est aujourd'hui, et l'on tombe inévitablement sur la question de la production du commun dans le capitalisme
contemporain
comment le sujet révolutionnaire peut se constituer autour du commun devient donc une question au moins aussi
intéressante que celle de prolétariser tous ceux dont le capital se débarrasse comme ne valant plus rien ni pour produire ni pour se reproduire, sauf peut-être leur dépassement en tant qu'êtres qui ne sont rien parce
qu'ils n'ont rien
à cet égard et massivement, la race est un bon vecteur d'élimination des «
Nègres du monde » : notons que des populations « blanches » de l'Est et du Sud Européen ne sont pas moins racisées que les Noirs, Arabes et autres
Asiatiques, mais, si comme dit Achille Mbembé la race n'est plus (seulement) affaire de couleur de peau, elle n'en est pas moins un facteur d'identité (d'auto-reconnaissance collective) par lequel des milliards
d'individus sont confrontés au capital sans avoir pour autant un présent ni un devenir prolétaire, car bien que «nus» ils ne sont plus confronté à «l'homme aux écus» (Marx). Voilà une
limite à dépasser par les luttes des «indigènes», mais comment le feraient-ils sur la base de ce qu'ils ne sont pas ou plus, et pas avant une communisation qui leur donnerait le bon passeport révolutionnaire ? La dialectique de
l'identité, entre l'individu du capital et la singularité (Negri) ou l'individualité (Sève) de l'immédiateté sociale, doit s'entendre pour la race autant que pour la classe et le genre comme
dépassement à produire
politique du sujet révolutionnaire
* je reprends à Henri Meschonnic sa formule politique du sujet

l'intervention théorique doit se faire plus politique, plus essentielle qu'attachée à des mots et des groupes de pensée
c'est d'ailleurs seulement comme ceci qu'elle cesse d'être théorie séparée. On le voit, il n'est plus possible de faire de la théorie sans faire de la politique, parce que nous ne sommes plus aux années
creuses de l'absence de luttes portant leur théorie du dépassement du capital. Le corollaire est que les interventions qui ne sont que théoriques dans le champ de la théorie, entre théories et théoriciens, ont
de moins en moins d'intérêt, et délimitent peut-être les théories qui, précisément « ne produisent pas le communisme ». N'ayant pas à le produire, que feraient-ils des luttes réelles ?
la révolution communiste est un problème, pas une réponse sous des mots exclusifs et excluants. On voit circuler en rond
sur les blogs s'intéressant à la communisation des textes complètement dépassés, comme s'ils étaient d'hier soir : comment peut-on s'imaginer problématiser la révolution en envoyant tout et n'importe quoi dans les tuyaux du net,
sans la moindre contextualisation, hors du moment présent ? Comme si, de plus, le seul mot de communisation traduisait une unité de vues, et qu'en dehors de s'y référer, on devenait un chien crevé des idées
et des activités communistes. Y aurait-il aujourd'hui des luttes communisatrices autour desquelles construire un tel en-commun idéologique ? une identité de plus ? Si ceux qui se comportent ainsi se
demandaient un tant soit peu comment ils sont compris et perçus, peut-être qu'ils feraient un effort pour se mettre à la place particulièrement des jeunes dépourvus de toute culture marxiste ou révolutionnaire, plutôt
que les renvoyer à leur confusion
la lutte des idées participe du communisme comme rapport social
l'idée en est répandue, « le communisme n'est pas une idée...», mais aussi celle que l'idéologie serait « fausse conscience ». Les échanges entre théoriciens, ou entre théories, donnent
pourtant la furieuse impression de penser et laisser entendre que leurs controverses feraient avancer le schmilblick communiste plus et mieux que le cours même des luttes et du capital. Il n'y a pas de luttes sans idées de
la lutte et toute la théorie pratique est là, avec ou sans les grands mots des « textes importants », ou d'autres mots 'traversant les langages' pour dire la même chose. La lutte dans la théorie est devenue lutte pour théoriciens
sans habitus populaire, ce qui intéresse autant les prolétaires qu'un discours de François Hollande, apparemment inconscient de ce que produit son langage d'élite technocrate pour laquelle la souffrance populaire n'est qu'un mot, une
contrainte politique à dépasser comme le théoricien cherche, au mieux, une « formulation » pour être compris...
pour le dire simplement, je pense que nous menons davantage une lutte
d'idées qu'une lutte à proprement parler théorique, parce que la médiation de la formulation théorique importe plus pour les théoriciens que pour les luttes mêmes. Si nous pouvons la nommer « lutte
idéologique » c'est à condition de ne pas la considérer comme lutte contre la « fausse conscience » mais activité de penser les luttes telles qu'elles sont produites et autant que possible dans leur
langage
« idéaliser des luttes qui échouent en insurrections incantatoires
» ou « participer et intervenir » mais comment ?
les théoriciens avides de jonction des masses prolétariennes segmentées devraient d'abord se préoccuper du segment qu'ils générent et constituent entre eux et loin de toutes celles-ci, par leur
langage de la théorie séparée, parce qu'aucun parti n'est susceptible de traduire et porter leur parole, et ce n'est plus un problème. Le PCF a-t-il porté jamais celle de son adhérent Louis Althusser
?
quoi qu'il en soit, on n'est plus aux belles heures althussériennes de la philosophie comme lutte de classe dans la théorie. C'est devenu un peu trop confortable pour ne pas porter le symptôme d'un manque à être dans
la lutte communiste tout court
lutte des classes et lutte d'idées Isabelle
Garo
« Marx disait de façon optimiste qu’une société ne se pose que les questions qu’elle peut résoudre. Ce qui signifie que le rôle des idées doit être bien compris : il est à la fois circonscrit et
limité mais réel. Les idées ne sont pas placées au-dessus du monde, ne faisant qu’en refléter passivement et après coup l’état. Par suite, le débat d’idées n’a pas seulement pour vocation de
dessiner un anticapitalisme de papier, il doit faire partie intégrante du mouvement de son élaboration effective, reposant la question de la démocratie comme question décidément pratique, présente derrière toutes les
mobilisations, des plus petites aux plus grandes.
C’est pourquoi la réflexion politique contemporaine a tout à gagner à ne pas simplement évoquer de futurs paysages consensuels, équitables et dépollués, mais à descendre dans l’arène des
affrontements en cours. Faute de quoi, on discutera longtemps et on finira par faire du communisme une idée pure. Car dans les «conditions nouvelles» il est assez logique que ce soit la philosophie qui ait tendance à
monopoliser et à retraduire sur le terrain des seuls concepts, en lieu et place des mobilisations durables, les échos de la contradiction centrale entre capital et travail. Ce travail théorique est hautement important,
je viens de le dire, mais son objet n’est pas d’idéaliser des luttes qui échouent en insurrections incantatoires mais d’y participer et d’y
intervenir.»
.
24 mai 2014
petit bilan d'étape pour plus de lisibilité
écrit provisoirement comme intro à la rubrique critique du capital : des classes du genre et de la race, intersectionnalité, communs...
la quadrature de
l'intersection
je considère le capitalisme dans son histoire (et sa géographie) et sa structure. La contradiction entre classes ne suffit pas à le définir, du fait de la domination masculine, et les deux contradictions se manifestent à travers la question raciale comme essentielle - quand
ce n'est pas le cas localement, ça l'est toujours globalement, tout événement étant mondial par ses causes si ce n'est par ses effets. Je poursuis mon projet de construire la critique du
genre dans sa relation aux classes et à la race (et réciproquement), et dans leurs rapports au capital comme totalité relative. Ce choix est implicite dans ma chronique quotidienne, à prendre comme cette critique-même
en chantier, produisant sa théorie de façon immanente. De mon accumulation/réflexion depuis six mois, je crois pouvoir tirer provisoirement quelques résultats généraux
:
s'il existe un féminisme qui refoule la lutte de classes (et parfois la race), il n'est pas de lutte en tant que racisé·e·s qui ne soit lutte de
classes
d'un point de vue stratégique immédiat, le genre pose plus de problème que la race. La race est plus motrice que le genre dans les luttes qui comptent, mais il n'existe pas de lutte à forte composante raciale
qui ne soit aussi lutte des femmes, lutte de prolétaires avec leurs contradictions internes et externes
si l'on prend en compte la dimension quantitative des luttes, leur caractère de masse non groupusculaire mais
socialement profond, il n'existe pas de luttes féminines séparées supposant une unité féministe, de même que l'abolition du genre comme fin de toutes différences entre hommes et femmes, au-delà de différences
hiérarchiques, n'est jamais exprimée comme visée dans les luttes - l'abolition du genre en ce sens n'est qu'un mot d'ordre théorico-militant
ultra-marginal *
* il est
symptomatique que le blog 'Incendo' n'ait produit qu'un seul texte, Capitalisme, genres et communisme / L’insurrection généralisée qui détruira les hommes et les femmes et que dans sa 'Revue de
presse' Sur le rapport entre genres et classes ne figure aucun texte alimentant sa thèse ou même faisant ressortir cette problématique. Comme tous ceux qui conçoivent l'abolition du genre comme destruction de toutes différences entre hommes et
femmes, cette idée n'existe que dans leur tête. Le communisme n'est pas une idée...
le genre médie toujours les luttes de classes quelle que soit leur "teneur raciale". S'il n'existe pas plus de luttes de classes épurées du genre et de la race que de lutte de femmes épurées de la
classe et de la race, ce n'est que dans des luttes d'ampleur que la jonction peut se réaliser, quand toutes les conditions sociales sont bouleversées. Mais cela ne signifie pas que la lutte se mène alors sous le grand chapeau du
prolétariat, puisque le dépassement des identités de luttes, pour ainsi dire, est un processus jamais achevé dans le capitalisme ni achevable à l'horizon de notre vision de la
communisation
parallèlement, le concept de
commun est interrogé dans la mesure où il porte une contradiction révolutionnaire entre capitalisme et communisme. Il émerge de fait dans les rapports sociaux de production/reproduction et dans les luttes de classe/genre/race au
sein desquelles il met particulièrement en évidence :
- le tandem race/genre et la problématique de la reproduction sociale, du rapport à la nature, à la terre, peut-être plus que dans la production ouvrière (voire, en Asie). C'est ici par
cette question du commun qu'est posée la lutte écologique comme lutte pour abolir le capital, et elle n'est pas spécifiquement
prolétarienne
- l'intérêt de couches moyennes, non prolétaires, pour le meilleur et pour le pire
« Profitons de ce
renouveau de la pensée sur les biens communs pour en tirer des applications concrètes à la finance.» Alternatives économiques 24 mai
enfin la dimension de
l'individualité s'intègre à ce qui précède comme contradiction entre capitaliste et communisme, et elle est particulièrement abordée avec celle de l'improvisation collective, de la création
artistique, de l'individu artiste, de Marx à Isabelle Garo, en passant, potlatch oblige, par Patlotch. À cet égard, on ne saurait séparer du reste mes considérations sur le jazz et la poétique. Quant à mes œuvres, elles parlent ou pas, elles me sont une commande du temps, et le temps n'est pas vraiment à la révolution... Comme dit
Tsvetaeva
« Le thème de la Révolution est une commande du temps.
Le thème de la glorification de la Révolution est une commande du Parti » Le Poète et le temps, p.
35
.
22 mai
Disaster communism part 3 - logistics, repurposing, bricolage Libcom 22
mai
écolo et coco
Communisme écosophique blog
Nous sommes touchés par ce qui se passe, par les bouleversements qui arrivent au monde des vivants et à leurs habitats - et les solutions qu'on nous propose, là-haut, ressemblent encore trop aux causes des
problèmes qui nous font face. Ce n'est pas en suivant les marchands que pourront s'ouvrir des espaces de partage, eux pour qui le partage veut dire "ceci est à moi ceci est à toi" ; ce n'est pas en suivant
les politiciens que pourront s'inventer de nouvelles exigences de vie juste et égalitaire, par-delà l'envie de gouverner ; et ce n'est pas seul qu'on invente les manières de répondre aux problèmes qui touchent au coeur de ce
que veut dire "être en relation" - avec les rivières, l'air, les sols, les forêts, les animaux et les animaux humains. Il nous faut répondre de manière interdépendante à la crise de l'interdépendance. Nous avons besoin
d'écologie, c'est maintenant évident pour (presque) tout le monde - mais aussi de communisme, cela l'est moins, évidemment. Mais ça l'était encore pour beaucoup avant (avant qu'on ait menti en son nom). Alors c'est une
proposition de mariage : ni écologie, ni communisme, mais écologie et communisme, inséparables, ensemble, parce que ces deux-là peuvent se transformer et grandir, au contact de l'autre.
C'est parce qu'il n'y aura aucune issue individuelle, humaniste, capitaliste, et étatique à la catastrophe écologique, que l'écologie doit nécessairement être communiste. Mais un
communisme d'un nouveau genre, un communisme d'après l'humanisme (capitaliste), suscité et provoqué par l'écologie : un « communisme écosophique ». Éco-sophie : les savoirs et savoirs-faire sur ce qui fait un monde,
lui donne consistance et l’enrichit, et sur ce qui le détruit, l’appauvrit, et mutile les conditions de possibilité de la vie partagée. Le mariage de l'écologie et du communisme porte en son sein l'attention et la
défense du commun et des « communs », au-delà du seul humain - l' attention à tout ce qui rend possible (et empêche) la vie partagée - comme réponse à la désertification du monde et à l’épuisement des milieux de vie.
L'écologie sera un communisme des relations auto-organisées, immanentes et égalitaires ; un communisme des vivants, des terriens, sinon rien. Il est vital aujourd'hui, pour qui veut s'emparer des questions politiques et
existentielles cruciales que pose l'écologie, de se saisir de l'héritage difficile mais porteur que nous lègue le communisme. Travailler à la lisière du communisme et de l'écologie, les faire fructifier, chercher une « intoxication
interspécifique ».
« on ne peut espérer remédier aux atteintes à l’environnement sans modifier l’économie, les structures sociales, l’espace urbain,
les habitudes de consommation, les mentalités […]. C’est ce qui me conduit à parler d’une écosophie qui aurait pour perspective de ne jamais tenir séparées les dimensions
matérielles et axiologiques des problèmes considérés. » Félix Guattari
2014 textes 1985-1992
Extrait d’un dialogue de Félix Guattari avec Toni Negri pour la revue Futur antérieur n°4 : hiver 1990, à l’occasion de la sortie de Cartographies schizoanalytiques.
Note de Stéphane Nadaud : « Dans ce curieux échange, Negri tente de pousser Guattari dans ses retranchements et lui demande, successivement, s’il n’aurait pas tendance à être, à son insu,
postmoderne, anhistorique, nihiliste, ontologue, utopiste, dogmatique ou positiviste, voire structuraliste. »
Toni Negri : Je connais ta passion pour l’événement et ton plaisir pour la vie. Mais quand tu philosophes, tu sembles vouloir te détacher de
cela. Comment gères-tu la schizophrénie structure-événement ? N’as-tu pas tendance à anticiper toujours la structure sous-jacente à l’événement, au risque de ne pas le laisser parler ?
Cette question se retrouve-t-elle dans ton travail avec Deleuze ? Quelle est ta théorie de l’événement ? Comment imagier aujourd’hui non le processus, mais l’événement
révolutionnaire, non les conditions de la révolution mais le pouvoir constituant ?
Félix Guattari (extraits) :
la structure, j’aimerais la décentrer. Je ne prétend jamais décrire un état de fait, un état de l’histoire ou de la subjectivité. Je cherche seulement à préciser les
conditions de possibilité des divers modes de descriptions possibles
L’événement réside dans cette conjonction d’une cartographie énonciatrice et cette prise d’être précaire, qualitative, intensive. Ce rapport de fondation
réciproque entre l’exprimant et l’exprimé, le donnant et le donné, trouve son expression exacerbée dans la création esthétique précisément considérée comme pouvoir constituant
ontologique.
Comment définir un communisme, ou tout simplement un amour réussi, en échappant tout à fait aux illusions d’un désir d’éternité. La puissance de vivre, la joie spinoziste
n’échappe à la transcendance, à la loi mortifère que par son caractère de modalité fragmentaire, polyphonique, multiréférentielle. Dès qu’une norme prétend unifier la pluralité des
composantes éthiques, la processualité créative s’estompe. La seule vérité ultime est celle du chaos comme réserve absolue de complexité. Ce qui a fait la force et la pureté des premières
moutures de socialisme et d’anarchisme, c’est précisément d’avoir tenu ensemble, au moins partiellement, un imaginaire communiste ou libertaire et un sens aigu de la précarité des
projets individuels ou collectifs qui les supportaient. Depuis, la finitude s’est bien affadie, la subjectivité mass-médiatisée et collectivisée s’est infantilisée. La finitude du
second temps de « prise de terre » n’est pas donnée une fois pour toutes. Sans cesse, elle doit être reconquise, recréée dans ses ritournelles et dans sa texture ontologique. La
reconstruction du communisme passe aujourd’hui par un élargissement considérable des modes de productions de subjectivité. D’où la thématique d’une jonction entre l’écologie
environnementale, l’écologie sociale et l’écologie mentale par une écosophie.
15 mai
Disaster communism part 2 – communisation and concrete utopia LibCom 14 mai
rappel Disaster communism part 1 - disaster communities
ce texte injecte une bonne dose de considérations concrètes dans la vision de la communisation. Il n'est donc pas étonnant que le texte "communiste libertaire" discute
les positions de Endnotes dans le cadre du courant communisateur, comme bilan de la rupture avec SIC, en miroir de celle de Théorie Communist
Furthermore, while it's true that capitalist social forms (wages, value, commodities...) can't form the basis of non-capitalist social reproduction, social forms do not exhaust the content of the current world.
For example, David Harvey identifies seven 'activity spheres':
Technologies and organizational forms
Social relations
Institutional and administrative arrangements
Production and labour processes
Relations to nature
The reproduction of daily life and the species
Mental conceptions of the world
The mistake Endnotes make is to take the totalising tendencies of capitalism for an already-totalised capitalism (for example: "What we are is, at the deepest level, constituted by this [class] relation").2 We
would surely hope that any revolution would see each of these seven aspects transformed: some abolished and/or replaced with altogether new social forms, others reorganised and reconfigured, as well as the emergence of novel
ideas, forms, technologies and so on.
[...]
With Endnotes, we can say 'the determination of these potentials as ‘communising’ flows only from the overall movement of which they are a part, not from the things themselves' [note: Arguably Endnotes
are simply paraphrasing classic Marx here: ‘communism is the real movement that abolishes the present state of things.’ ] Against Endnotes, we can insist this gives at least some positive content to
disaster communism, even if only as a broad outline of incipient, inchoate, yet concrete utopian potentials.
In part three, we will try and tie the micro level of disaster communities to the macro level of disaster communisation via the example of contemporary logistics.
par un autre biais donc, nous retrouvons la problématique que j'ai ouverte depuis la fin de SIC, ma polémique contre TC sur la dimension positive du combat communiste, puis sur la race, et plus
récemment la confrontation idéologique sur le concept de commun. Le point commun à nos approches (et à celle de Negri/Hardt) est la production du mouvement communiste dans une dialectique négatif/positif au
sein des rapports sociaux du capital, et non un écrasement quasi absolu par le capitalisme en subsomption réelle
le courant communisateur renvoie tout le processus révolutionnaire à son déclanchement ultérieur, dans l'immédiateté de la révolution (la communisation), considéré essentiellement comme
destruction radicale («tout ce qui existe mérite de périr»), avec l'impossibilité concomitante de dire quoi que ce soit de positif sur le communisme. Cette «utopie négative» est entièrement fondée sur une dialectique
structuraliste, et TC peine à en sortir, le concept même de conjoncture étant repris par Roland Simon dans le cadre de ce carcan théorique. En gros c'est un déficit de matérialisme historique et
géographique, dans le temps long du capital (la race) et l'occidentalisme de la compréhension du capitalisme moderne (la race, la nature, la terre...), et par suite un déni de la multiplicité des lignes de front et de
leur articulation construisant, précisément, des conjonctures
Disaster communism part 1 - disaster communities Libcom 8 mai
In part one of this three-part article, we look at the concept of disaster communism as it relates to the communities of solidarity and mutual aid typically formed in disaster situations.
Tens of thousands of people showed that we don’t need capital or governments to get things done. They demonstrated the will of people to take part in comforting each other, re-building, creating and
moulding their own futures.
This quote is from a blog called Revolts Now. Libcom readers often see this kind of inspiration in strikes or uprisings, moments when the working class seizes the steering wheel, or stomps on the brakes (pick
your metaphor). Revolts Now was talking about the aftermath of the Queensland floods. They write of:
… efforts of communities hit by disaster that do not wait for the state, or allow capital to take the initiative, but instead ‘negotiate with their hands’, rebuilding their own communities and
‘healing themselves’, resulting in communities that are stronger. I call these efforts disaster communism.
We think disaster communism is a useful concept for thinking about climate change. Although it's far from common, we can already identify at least two different meanings of the term. The first meaning is
collective, self-organised responses to disaster situations. The second concerns the prospects for an ecological society based on human needs in the face of climate chaos, or to put it another way, the possibility of communism in
the Anthropocene.1 We can call this first sense 'disaster communities', and the second 'disaster communisation', and consider both of these as moments of the wider problematic of disaster communism. [...]
Disaster Communism & Anarchy in the Streets Revolt Now 10 avril
13 avril
Communauté de communautés : carrefour théorique et renversement de perspective
12 avril
une critique révolutionnaire du concept de genre
Mujeres Creando espagnol français anglais un site des photos des textes
d'une grande richesse concrète et théorique, ce mouvement bolivien nous en apporte une nouvelle confirmation : d'une façon générale, la question des
classes et celle du genre sont posées par et dans les luttes en lien avec la question raciale. Prendre ces questions deux à deux hors de la troisième n'a pas de sens dans les luttes réelles, et l'on voit clairement les
impasses dans lesquelles sont conduites les luttes exclusivement classistes, féministes, raciales ou communautaristes. Voir aussi communisme : genre, classe, 'race', documents
cet exemple sud-américain vient à point nommer souligner qu'on ne saurait avoir de ces questions une approche d'abord théorique, par exemple en terme d'articulations dans la structure du capital, ou
d'intersectionnalités à construire par des études universitaires : ces luttes sont plus que théorisantes pour le compte de théoriciens, elles formulent et expriment leur propre théorie au sein de leur
activité
Les « Féministes autonomes » latino-américaines et caribéennes : vingt ans de critique de la coopération au développement Jules Falguet
Recherches féministes, vol. 24, 2011 : 39-58
une photo
31 mars
communisation vs communs => communismes dans critique du 'courant
communisateur'
quel changement de paradigme révolutionnaire ?
cette vidéo aussi pour signifier un regret, ne pas comprendre entre autres l'espagnol et le portugais, et de ce fait limiter le champ des références au français et à l'anglais, ce qui se fait sentir dans la
fréquentation du site, certes une cinquantaine de pays sur tous les continents, mais peu en Amériques latines
dans mon cheminement, la communisation cesse d'être la référence négative par laquelle j'ai reconstruit ma compréhension de la perspective communiste. Cette référence
n'avait rien d'absolue, rien d'une nécessité objective quant à l'influence sociale de ce courant théorique. Sa critique n'a eu d'utilité que pour moi, éventuellement des 'camarades' s'y référant et prenant conscience de cette
impasse théorique. Ce n'est pas ma victoire sur eux mais leur défaite par eux, et au-delà, de toutes les conceptions ouvrières de la classe des abolitions comme sujet de la
révolution
comme le disait Lobo dans un commentaire de dndf « les théoriciens de la communisation pourraient dire exactement le contraire de ce qu’ils
disent, qu’il faut absolument un programme révolutionnaire, une période de transition, l’autogestion des centrales nucléaires, une juste mais ferme domination masculine, etc. que ça n’aurait pas non plus la
moindre conséquence », dans la mesure où « toute théorie qui ne subit pas le baptême du feu de la pratique, comme, inversement, toute pratique qui n’effectue pas de retour réflexif, est condamnée à la folie. À
la folie de l’auto-engendrement. Et, comme je l’ai dit au début, elle peut se déployer autant qu’elle le voudra, elle ne tire pas à conséquence. Et ça, c’est terrible : ne pas tirer à conséquence. Autant
en emporte le vent ? »
la critique que j'en ai faite a été systématique, articulant et déconstruisant la cohérence formes-contenus du corpus de Théorie Communiste, et par suite le paradigme même de la communisation comme stricte
immédiateté de la révolution, c'est-à-dire in fine le caractère religieux, idéaliste, d'une théorie de l'attente plus que de l'activité, du communisme comme mouvement et combat
cette théorie a révélé son idéalisme pré-marxiste, son caractère d'utopie. En prenant ses rêves pour la réalité, elle n'a fait que projeter sur le présent l'idée qu'elle se faisait de la révolution
plus tard, dans une simple inversion de la révolution selon le programme ouvrier. Le moment actuel du capitalisme n'a été observé qu'à partir de la thèse d'une lutte finale dont le processus était annoncé
pour plus tard. Aucune lutte ne s'est référée à la visée communisatrice, pas même celles, 'théoriciennes', sur lesquelles celle-ci prétendait s'appuyer : celles-ci ne sont que luttes désespérées pour la survie
dans le système capitaliste. De ce fait, ont été laissées de côté, taxées d'immédiatistes, d'ex-communistes, de contre-révolutionnaires, une part décisive des luttes
constituant aujourd'hui l'antagonisme capital-prolétariat, dont il ne s'agit pas non plus d'exclure les émeutes et insurrections
cette théorie de la communisation a produit de tels comportements militants, désignant comme adversaires tous ceux qui ne s'y retrouvent pas, que la question pourrait être posée, si elle portait à conséquance : pour qui roulait-elle ?
l'«annonce» du «préviseur» à partir des «écarts» affrontant les «limites» pour «franchir le pas» s'est avérée promesse révolutionnaire reportée à l'horizon d'une crise globale, alors que
celle-ci est déjà là, générant partout dans le monde une profonde transformation des formes et contenus des luttes, sur plusieurs fronts, qu'il s'agit de relier en subjectivation, le ciment de cet en-commun étant les
communs au cœur du projet communiste
je poursuivrai la réflexion autour de ce changement de paradigme révolutionnaire, avec le regard nouveau à porter sur ce qu'est le prolétariat d'aujourd'hui, qui n'est plus dans le capitalisme global
structuré autour du noyau de la classe ouvrière, mais de ceux d'en bas. Ils ne sont plus ceux qui n'auraient rien s'ils ne travaillaient pas pour le capital - c'est aussi confondre misère et
pauvreté, celle-ci étant tout sauf dépourvue de puissance contre ou en dehors du capital
il ne s'agit pas d'abandonner le concept de la lutte de classes, mais de changer celui des luttes et celui de la classe des
abolitions
qui dit subjectivation pour un en-commun suppose, de la part des militants définis par leurs identités de parti ou de référence organisationnelle, de les dépasser pour se percevoir comme
éléments d'un mouvement communiste qui excède les catégories de langages et d'engagements dans telle ou telle forme de lutte considérée comme plus révolutionnaire que d'autres, sur d'autres lignes de fronts ou d'autres
lieux du tout-monde
sauf à faire obstacle au processus de subjectivation révolutionnaire, cette auto-transformation de la posture théorique ou militante doit se comprendre comme une partie seulement d'un tout des
luttes que mènent sans étiquettes les prolétaires, femmes, racisés pour dépasser leurs 'différences' sur la base de leurs différences, sortir de l'enfermement dans des communautarismes de luttes qui participent de
la segmentation du prolétariat de la pauvreté, qu'il soit ouvrier, précaire ou sans emploi, féminin, migrant, paysan, etc.
30 mars
'communs', en-commun, convergences et limites, avec Hardt&Negri
'Commonwealth', de 2009, est publié en français en octobre 2012, livre donc récent. Avec cet ouvrage, les deux compères engagent une nouvelle réflexion théorique sur le concept de 'communs', entre propriété publique et
privée, prolongée de considérations plus concrètes sur les voies de la révolution, titre de la 6ème partie

j'en ai entrepris la lecture, que j'ai trouvée plus aisée que celle d'Empire, peut-être parce que je me suis depuis familiarisé avec le langage théorico-philosophique. Le contenu m'en a paru moins 'fumeux',
notamment parce que le 'Capital Cognitif' et le 'General Intellect' y tiennent une place, pour autant qu'elle soit importante, non centrale ou du moins pas seule à définir les 'communs' à l'œuvre comme contradictions dans
le capitalisme actuel. Je l'attribue d'une part au fait que la crise, depuis 2007, est entrée en scène, et avec elle des luttes et formes de luttes qui donnent une matière nouvelle, plus précise, plus large et diverse,
à la théorisation de la perspective communiste
on peut donc considérer, bien que ce ne soit pas explicite, que ce livre est pour partie auto-critique d'Empire (2000 en édition française)
je rappelle qu'ayant été en 2002 séduit par les thèses d'Empire, elles ont alors marqué, d'un point de vue 'politique' certes non
central, mon livre Jazz et problèmes des hommes, et le texte plus court Jazzitude, sous titré poétique pour la multitude, art-éthique-politique. L'évolution de mes positions m'avaient conduit à ajouter en mai 2006
il y a logiquement, dans "Jazz et problèmes des hommes" (dont le titre n'est pas pour rien un détournement de celui d'André Hodeir en 1954 "Hommes et problèmes du jazz") des passages que je
n'écrirais pas aujourd'hui de la même manière, notamment ceux où j'emprunte le concept de Multitudes de Toni Negri/ Mickael Hardt sans m'appesantir sur sa connotation relativement à une détermination de classes (d'où le
texte "Jazzitude, éthique... pour la Multitude"). Cela ne changerait pas au fond le sens de ce travail, qui échappe à toute politisation de par sa structure même (faire parler ceux qui ont produit cette musique dans leur
histoire), mais cela en clarifierait les tenants et aboutissants théorico-éthico-politiques
le néologisme 'jazzitude' que je pensais alors inventer n'était pas encore répandu, et c'est en 2006 qu'est créé le forum de
jazz éponyme, qui ne devait rien à mes écrits, mais que j'ai rejoint en 2013 avec la ferveur que l'on sait : Jazzitude
je dirai tout de go que du point de vue du 'schéma' révolutionnaire proposé, 'Commonwealth' est sans doute ce qui se rapproche le plus du point où je suis arrivé par des chemins différents et qui ne
doivent rien à l'influence de Hardt et Negri, même si certaines idées sont dans l'air du temps, comme nous le voyons avec les questions du genre, de la race, de l'écologie; celle du
dépassement d'identités conditionnant la subjectivation d'un en-commun révolutionnaire... Nous avons rencontré ces idées avec Silvia Federici, Achille Mbembé et d'autres, autour de l'intersection
classe-genre-race, réflexion qui fut, à travers ma critique du 'courant communisation', la base d'une refondation profonde de ma vision du communisme
ce que je partage avec la démarche de Hardt et Negri, c'est la nécessité d'une approche globale articulant analyse critique du capitalisme contemporain et luttes en son sein laissant entrevoir de multiples pistes
révolutionnaires de rupture, et cette perspective est davantage creusée que chez Silvia Federici, du moins dans les textes que je connais, l'avantage de celle-ci étant d'être aussi une femme de terrain, plus concrètement ancrée dans
les luttes
il me faut donc approfondir cette lecture pour discerner les convergences et leurs limites
à première vue, les limites portent sur deux points essentiels :
- la visée encore nommée 'démocratie radicale', bien qu'elle représente une rupture avec l'"idéologie alternative du 'démocratisme radical' pour s'engager sur les chemins d'une révolution. Ayant considéré,
voire 'annoncé', comme nécessaire cette rupture au sein de l'altermondialisme, je ne vais pas bouder ma satisfaction de la voir ici se dessiner, compte tenu de l'influence réelle de Negri et Hardt dans ces milieux
- une certaine naïveté quant à la capacité du capitalisme, de ses États, médias et de la 'biopolitique', de s'opposer par tous les moyens,
particulièrement la violence et toutes formes de police, à la structuration d'une 'puissance constituante' de la 'multitude des pauvres'. C'est une critique que leur fait aussi Etienne Balibar : Les Questions du Communisme, novembre 2012
- des idées présentées de façon floue et parfois superficielle, pour ne pas dire bâclée, sans doute pour se faire comprendre d'un large lectorat, mais non sans y laisser le caractère plus rigoureux que l'on trouve
dans les passages plus théoriques. Cela tient sans doute à leur éloignement du terrain, à leur posture universitaire jouant trop facilement de leur réputation internationale. Bref un jeu de séduction attrape-tout qui m'est
assez désagréable
une remarque adjacente porterait sur le caractère un tantinet abstrait, de livres à livres, de cet ouvrage, son manque de matière concrète, même si, en ayant connaissance on peut l'imaginer aisément : c'est un
livre de théoricien, dans le mauvais sens du terme dont j'ai fait la critique au sujet du 'courant communisateur' - le primat des luttes 'théorisantes' sur la théorie : inverser la perspective. Toutefois, ce point n'est pas rédhibitoire, dans la mesure où le contenu de leurs idées s'oppose de lui-même à leur mise en œuvre à partir de ce qui serait un guide théorique
pour l'heure, pour qui n'est pas familiarisé avec les thèses de Hardt et Negri, ou qui les a évacuées pour des raisons en partie légitimes sur la base du parcours de Negri
du l'opéraïsme à Empire, voici quelques présentations permettant de se faire une idée synthétique du contenu de CommonWealth
Retour sur l’émergence du mouvement pour la justice climatique : entretien avec Michael Hardt Mouvements, des idées et des luttes
septembre 2010
Le Commun c’est un "faire ensemble"
Entretien avec Antonio Négri avec la collaboration de Carlo Vercellone Ecorev juin 2012
Antonio Negri -Michael Hardt, les mécanos de la sociale, Pierre Bance PDF 30 pages mars 2013
L’exigence de communs, la passion du commun – lectures de Toni Negri et de Hardt & Negri, Pascal Nicolas-Le Strat janvier 2014
comme d'hab', tant pis pour qui s'arrêterait soit à la réputation sulfureuse, en milieux marxistes, des auteurs, soit à leurs références 'post-modernes' - dont leur usage est critique comme
celui de Spinoza ou Kant - à une terminologie qui les rebute...
à signaler un
texte plus récent et plus court mais dense, Déclaration, ceci n'est pas un Manifeste mai 2013
'un nouveau sens commun, la puissance des subjectivités en processus
constituant'
à propos de ce fascicule, j'avais relevé la réception parfaitement ego-sectaire de certain 'communistes libertaires' pour qui le point
aveugle du livre était de ne pas prendre en compte leur existence... voir 14 février la contre-exemplarité identitaire et
sectaire : en tuniques gratuites les uniques sont leur
propriété
je reviendrai donc sur Commonwealth, particulièrement la partie 'révolution', dont plusieurs pistes font écho à mes propres préoccupations quant au tissage réel d'une
subjectivation révolutionnaire, les auto-abolitions du genre, de la classe, de la race, auto-transformations des identités porteuses de ruptures avec le capital global, questions que nous avons retrouvées avec Achille Mbembé et le
dépassement de la 'différence' sur la base de la différence : en ce sens, la visée des auteurs est semblable à la mienne, et par-delà convergences et limites, c'est déjà beaucoup
28 mars 2014
repenser les communismes en traversant les langages 16:18
avec une brassée d'autres approches, nous voyons la nécessité de repenser les critiques occidentales du capitalisme, et pas suite son renversement en communisme sur le
terrain du même. Voir LE CANARD DES CHAÎNÉ·E·S, 28 mars et notamment Pierre Legendre et son
Tour du monde des concepts

un éclairage nouveau. Se confirme la preuve d'une impossibilité de penser le monde, pour le comprendre et le changer, dans les seules langues occidentales structurellement globalisées par le capitalisme
mondial, et au-delà dans la seule perception étroite qu'elles ont imposé à la structure des conceptions occidentales du communisme
La mondialisation n’est pas qu’échange de marchandises et flux financiers. Elle se double d’un envers invisible, difficile à appréhender. Il s’agit de l’impératif de
l’interlocution humaine : comprendre et se faire comprendre. Le fait que les notions occidentales se soient répandues sur la planète ne comporte pas l’effet mécanique d’une signification homogène. Partant du
constat de la domination linguistique de l’Occident dans le monde contemporain, principalement par le véhicule de l’anglais, ce livre procède à un sondage en profondeur à l’occasion de neuf mots-concepts,
patiemment façonnés en Europe durant des siècles. Il expose comment ces concepts sont entendus dans 9 langues non occidentales. Les savants auteurs sollicités mettent sous les yeux du lecteur la complexité de la question de
l’interlocution mondiale. Ils nous font toucher du doigt les problèmes fondamentaux, que la doxa euro-américaine refoule, auxquels est confrontée l’humanité contrainte de passer sous bulldozer de la mondialisation. La
haute érudition se révèle être un instrument essentiel pour l’analyse des rapports mondiaux.
Neuf mots-concepts : Contrat, Corps, Danse, État, Loi, Nature, Religion, Société, Vérité. Neuf langues ou familles linguistiques : arabe, persan, langues
africaines du Burkina-Faso et du Gabon, chinois, hindi, japonais, persan, russe, turc.
26 mars
communisation => communismes : les chemins de l'en-commun sont
ouverts dans la rubrique renommée les communismes comme combats : réflexions et luttes pour la révolution
rupture avec le milieu 'communisateur' et besoin de clarté oblige, je remplace 'communisation' par 'communismes'

le cheminement que je suis depuis 2002 poursuit sa spirale dialectique : la rencontre des théories de la
communisation fin 2004 m'a permis de rompre avec la perspective démocrate radicale qui était encore celle de la tentation alternative, 2002-2004
mon compagnonnage avec le 'courant communisateur' autour des thèses de Théorie Communiste avait posé dès le départ des problèmes qui, après une période d'appropriation critique - Communisation Ressources classées 2007-2011 -, n'ont cessé de s'approfondir et de s'étendre, comme en témoigne Communisation Troisième courant 2006 puis pour en finir avec mon communisme-théorique juin 2012
la rupture est consommée en ce début 2014, avec critique du 'courant communisateur'
une simple rupture au sein des théories de la communisation - sur la base partagée de la nécessité d'une révolution sans étape socialiste,
démocratique de base ou autogestionnaire - une telle rupture s'est avérée impossible, mes réflexions ne faisant l'objet d'aucun écho dans ce milieu moribond
ne souhaitant ni traîner les casseroles de cette idéologie, ni plomber la perspective ouverte par le tissage d'un en-commun dépassant les identités militantes
actuelles, je tire la conséquence logique : abandonner l'étiquette de 'communisation', qui renvoie désormais à une parenthèse de la théorie communiste à refermer sur sa sclérose
ainsi puis-je renouer avec l'approche ouverte qui était la mienne dans carrefour des émancipations en 2002-2004, tout en renversant le refus révolutionnaire de l'alternative, le démocratisme radical, et l'ensemble des projets révolutionnaires post-prolétariens, anarchistes ou
communistes, marqués par l'anthropocentrisme et l'universalisme de la raison occidentale
libéré de ces chaînes idéologiques, je peux poursuivre mon chemin sur sa propre base
Lester Leaps In Rockland Palace, New York City, on 26 September
chemin faisant, j'ai croisé des parcours intellectuels qui relèvent ou non du communisme, mais dont la pensée indépendante a fourni des matériaux féconds pour ma réflexion :
Henri Meschonnic, Édouard Glissant, Leroi Jones-Amiri Baraka, Pierre Legendre, Jacques Camatte, Silvia Federici, Achille Mbembé, Giorgio Cesarino... et naturellement tous les 'sans noms' qui se battent de par le monde dans
les formes susceptibles de favoriser l'émergence d'une subjectivation révolutionnaire autour de la préservation des communs et de l'abolition du capital
ayant polémiquer sévèrement avec plusieurs courants critiques du capitalisme, Endnotes et ses critiques anglo-américaines, Temps Critiques, Anselm Jappe, des marxismes et
féminismes englués dans l'altermondialisme démocratique et radical... j'ai fourni les éléments de leur possible intervention dans le sens commun
des axes forts se constituent pour une rupture avec le capital autour de la notion-concept de 'communs' et les thèmes de l'abolition du racialisme, de la libération des
femmes de leur rôle reproducteur de la force de travail et de la domination des hommes, de la sauvegarde du vivant pour d'autres rapports entre les humains et leur environnement contre l'empoisonnement du vivant, qui viennent
enrichir la vision marxiste traditionnelle du capital fondé sur l'exploitation du travail humain, des modes de production marchands et des dominations sociétales par les États et les idéologies de l'individu séparé,
drogué par des identités délétères religieuses, ethniques, nationales ou communautaristes
les voies des communismes s'ouvrent dans la diversité de leurs visées mises en communes
25 mars
D comme Delinquant dialectique => C comme convergences
- des réflexions sur la communisation (André Dréan, 2012), de fait une critique approfondie des thèses de Théorie Communiste et de ce qui en a résulté
avec SIC. Cette critique comporte de nombreux éléments montrant à l'idée de révolution sans transition (au centre du concept de communisation) une genèse historique qui semble oubliée par les 'communisateurs', même si l'auteur tend
à négliger le nouveau de la restructuration du capital depuis 40 ans. Du côté de la vacuité des éléments autour desquels se structure la 'théorie de la communisation', cette critique recoupe très largement la
mienne
plus largement, des textes en français et en anglais sur le site dialectical delinquents : « délinquants dialectiques, une contribution à la destruction de cette société stupide, triste, malade … “prenant la
violence des délinquants sur le plan des idées” … oubliez V pour Vendetta – voici D pour dialectique et... D for delinquent »

n'ayant pas tout lu, je signale ces quelques textes traduisant une convergences avec les idées qui se sont construites ici au fil des derniers mois
- dans nouvelles d'opposition (le présent) une remarquable recension de luttes dans le monde entre octobre 2013 et janvier 2014, qui n'est pas sans recouper, dans
une forme plus sobre, le travail que j'ai fait ici
- des réflexions sur la communisation (André Dréan, 2012), de fait une critique approfondie des thèses de Théorie Communiste et de ce qui en a résulté
avec SIC. Cette critique comporte de nombreux éléments montrant à l'idée de révolution sans transition (au centre du concept de communisation) une genèse historique qui semble oubliée par les 'communisateurs', même si l'auteur tend
à négliger le nouveau de la restructuration du capital depuis 40 ans. Du côté de la vacuité des éléments autour desquels se structure la 'théorie de la communisation', cette critique recoupe très largement la mienne. Versé
à critique du 'courant communisateur'
- une critique du post-anarchisme stimulante, dont voici la chute, dans laquelle je mets en valeur des éléments de convergence, au langage près
à retenir donc, l'idée d'une nécessaire multiplicité des formes autour d'un contenu de rupture, et celle de combats au présent qui, pour ne pas constituer en eux-mêmes la rupture, en sont les éléments positivement
fondateurs sans lesquels il est vain de fantasmer sur un imaginaire révolutionnaire qui se déploierait aux beaux jours venus de la 'communisation' selon sa vulgate técéiste
- les fils effilochés de l’amitié (2012, traduction 2014)
les idées de ce texte recoupent celles que j'ai de longue date émise d'une façon assez générale, quant à « la nécessité de rompre », l'impossibilité de maintenir des 'amitiés' longues et anciennes, quand
elles ne reposent plus sur un communauté de vues quant à l'essentiel à quoi nous sommes confrontés. La poursuite de ces relations entretient alors par habitude une fausse amitié, au prix de l'évacuation de tout ce qui nuit
à la bonne entente, dans laquelle personne reste lui-même celui qui fuit les problèmes de ce monde au lieu de les affronter y compris en ce qui le concerne. Qui les pose et tente de le faire devient alors un emmerdeur, un empêcheur
des « bons moments que nous passons ensemble », et lui ne peut plus les vivre qu'en singeant celui qu'on attend encore comme un «ami de trente ans»
on y retrouvera également ce que j'ai écrit au sujet du sectarisme de groupe et des identités 'révolutionnaires' auto-satisfaites, sous les '-ismes' divers et variés qui se caractérisent surtout par leur incapacité,
voire les obstacles, à toute construction concrète d'un en-commun
21 mars
capitalisme vs communisme 23:56
Beth Hoeckel
on le constate, les luttes contre le capitalisme ne se situent pas sur le seul terrain de l'affrontement entre classes dans le champ de la production industrielle, du travail et de la marchandise, mais aussi contre
eux, pour survivre, pour le vivant. Il peut s'agir de luttes revendicatives, auxquels cas elles ne peuvent certes pas produire un dépassement des limites du capital, mais à la différence des revendications dans la
production et le salariat, elles portent directement et positivement sur la capacité de produire une nouvelle forme d'humanité sur terre
certains enjeux se déplacent ainsi d'une lutte strictement prolétarienne - au sens souvent implicite de classe ouvrière - à un combat général dans le champ plus large de la reproduction (du capital vs de
la vie), combat dans lequel n'est plus à démontrer :
- la place des femmes, pour leur libération du genre (sexe social assigné/domination masculine) autant que pour la défense commune des communs, fondements du communisme comme combat et comme projet à
construire
- la question historique de la 'race blanche' dominante (avant d'être remplacée par une 'race jaune' non moins raciste) dans la mesure où les populations exploitées, dominées ou purement et
simplement abandonnées voire détruites, sont, dans leur immense majorité, 'non blanches'
corollaire : ni la seule dimension "prolétarienne" ('marxiste' restreinte), ni la seule dimension du "genre" (anti-patriarcale restreinte), ni leur articulation conceptuelle quelle qu'elle soit, ne suffisent pour
rendre compte de la totalité de l'affrontement capitalisme-communisme : apparaissent comme fondamentaux le tournant en cours de l'effondrement capitaliste occidental (restructuration géo-économique du capital mondial en crise ?), et
la question écologique
le capitalisme : une totalité non totale, et sans unité
l'erreur commise par la théorie de la communisation (mais aussi par Camatte, Temps Critiques, Astarian, TropLoin...), et portée à son comble par Théorie Communiste qui en est la
révélation ultime, est de considérer le capitalisme, la société capitalisée, comme une totalité sans reste
le capitalisme est une totalité relative d'un double point de vue, dans l'univers du vivant,
le cosmos, et même sur terre où il détermine l'essentiel de l'histoire, des rapports sociaux et à l'environnement, mais pas leur totalité : pas de subsumation totale ni même déterminante en une seule ou deux
contradictionchez TC le comble du post-marxisme est atteint par une régression relativement à Marx (11ème thèse sur Feuerbach), mais aussi à Hegel, dont la vision était largement plus 'totale'
et panoramique
'pour la théorie, le plus dur c'est la redescente'
RS/TC
en tenir une couche, deux couches... puis comme on structure son lit on s'y
couche
la totalité selon TC est rabougrie, à l'image de sa pratique théorique et de son comportement sectaire de groupe partisan, formes et contenus adéquats à eux-mêmes, dans
la blancheur de leur mâlitude cérébro-paralysante. Avant de parler du genre, il n'en était pas question. Aujourd'hui rattraper le retard dans les autres dimensions de la totalité est impossible. Les adeptes
sont pris au ridicule d'une radicalité de paroles bégayant le même, et attendent, dans la sidération, le texte des textes, étouffant en son tout, qui viendrait rajouter, aux deux autres contradictions, une
articulation dialectico-structuraliste de plus, une couche de plus à côté de leurs pompes sans air. En vérité, le corpus est prisonnier de son paradigme structurel, et ne ferait qu'en vain boucher ses
fuites par des rustines
bien que relatif, le succès de ce corpus très compliqué, mais sans complexité, s'explique par la formulation en thèses simplistes que peuvent endorser et promouvoir ses adeptes, à grand renfort
de citations, à défaut d'expressions personnelles traduisant une compréhension profonde : la reproduction de la vulgate marxiste en version
communisatrice
l'intérêt d'une critique sans appel est de tourner la page d'une conception du communisme dépassée avant d'avoir pu produire des effets sociaux hors de son cercle d'affidés, et de refonder sur ses
ruines une approche réellement présente au présent, et susceptible d'une concrétisation démultipliable dans l'infini des
luttes
du concept de communisation demeure valides, outre des éléments d'analyse du monde contemporain, l'impossibilité, entre le capitalisme et le communisme entré en phase
de luttes hégémoniques, de stades intermédiaires étatistes ou auto-gestionnaires d'une société fondée sur l'économie (l'échange de marchandises)
communisation : rupture entérinée
'le préviseur' scrute l'anglemort avant de franchir le
pas
notre rupture est consommée avec la vision classique d'une communisation pensée strictement comme processus qui se déclencherait comme 'immédiateté' à l'échelle mondiale, dans un futur à attendre d'un
dépassement (compliqué mais) simpliste des contradictions de classe et de genre, et 'prévisée' dans un 'anglemort' par la théorie. De même imaginer une 'conjoncture révolutionnaire' mondiale à partir d'un événement local relève
de la masturbation intellectuelle
le parallèlisme modélisant les contradictions de 'genre' et classes' oublie simplement que "les femmes" ne sont pas à "détruire" comme le sont les classes et castes sociales. Celles-ci reproduisent l'exploitation et
les dominations utiles au capital, c'est-à-dire la mort du vivant surdéterminant leur propre mort, non leur auto-transformation dans leur stricte contradiction à un capital sans lieu terrestre ni
cosmique
une théorie en miroir du capital, dans les rouages qui la font tourner en automate d'elle-même sur elle-même, et
pourtant...
un monde d'hommes Billy Shire
les femmes ne reproduisent pas seulement la population comme force productive d'un capitalisme qui aurait tout absorbé. Elles produisent et reproduisent la vie humaine, qui
n'appartient entièrement ni au capital, ni au social, ni au sexe des échanges de plaisir (ou de coups). Par leurs luttes, les femmes préservent la possibilité même d'une révolution communiste et ses formes de
luttes initiales, au-delà d'en parler, au présent
la thèse de la communisation, ayant produit sa propre impuissance et des adversités mortelles pour le mouvement du communisme, est aujourd'hui confrontée à son échec, dans l'isolement d'un silence
durable
feuilles de routes 
l'intrication de toutes ces dimensions du combat communiste (quel qu'en soit le nom) est désormais au cœur des enjeux de production d'une subjectivation révolutionnaire, ce sont nos feuilles de routes
aux chemins à tracer pour l'en-commun, ni divergences ni convergence le communisme n'a pas de centre,
il défait le mondialisme
filant la métaphore, on peut ajouter qu'il ne s'agit pas d'une convergence, ni de divergences (encore que...), mais d'une 'multivergence' (terme à questionner), indiquant que le communisme n'est pas à
produire dans une forme unique, ni comme économie mondial ou mode de production global, ni comme pouvoirs d'Etat ou autres, ni comme mondialisme dans l'unicité de la 'communauté
humaine
ainsi s'esquisse également la possibilité d'auto-produire des individualités sans médiations sociétales ni psycho-déterminations idéologiques par une visée du communisme comme norme
égalitaire
13 mars
vie ou mort du concept de communisation ? une exigence de clarté, de responsabilité, d'éthique et
d'ouverture
on a pu lire, en commentaires de dndf, à propos de Premières mesures révolutionnaires d'Eric Hazan & Kamo, un commentaire de Roland Simon dont j'ai dit partagé le
sens
un combat sérieux à mener sérieusement sans se prendre au sérieux
je pense au demeurant que si Théorie Communiste veut retrouver une crédibilité, et assumer ses responsabilités quant au sérieux du concept de
ommunisation, il faut en finir avec les pratiques nocives en vigueur sur dndf. J'ai déjà parlé de la dernière initiative de ce blog, avec son Dazibao - pourquoi pas ? - mais ce commentaire d'une personne signant Lisbeth Salander, et promettant «la guerre» aux «ennemis des études de
genre». Je n'en suis pas un, à preuve un travail de six mois qu'on peut consulter ici «La femme est l'avenir du jazz», plus consulté en 6 mois qu'aucun topic de dndf en près de 6 ans, à suivre ici avec une rubrication, dont Jazz et féminisme et Jazz et Gender Studies
de pseudonymes non anodins

Lisbeth Salender est «l'une des héroïnes de la trilogie de romans policiers de l'écrivain suédois Stieg Larsson parue en Suède en 2005 »
(voir description sur Wikipédia) dont voici des images tirées d'adaptations en film ou dessins. Je n'ai rien contre le personnage, je n'ai pas lu ce best seller mais d'autres avec des
personnages féminins comparables, et je n'ai pas boudé mon plaisir. Je n'ai rien contre les pseudos, j'en use sur Internet, Patlotch étant plus un nom de plume qu'un masque. Je
ne leur attache pas plus d'importance que de pouvoir s'exprimer dans un relatif anonymat, et donc quand on est honnête avec une certaine sincérité, au-delà de la nécessaire pudeur sous un patronyme
public
mais là, de quoi s'agit-il ? l'emprunt du nom de cette héroïne n'est pas anodin, puisqu'il recouvre, concernant «la guerre...» à mener contre l'assignation des femmes au genre, sexe social féminin. Je suis donc a
priori plutôt favorable à cette guerre, qui suppose aussi son but, la paix retrouvée dans les victoires au sein des relations hommes-femmes sexué·e· ou autres
je ne connais pas la personne derrière ce pseudo, et j'ai mes raisons de la croire sincère et tout à fait fréquentable à titre personnel, ce n'est pas le problème. Ce qui suit n'est donc pas une critique à
elle adressée mais plutôt à qui a relayé ce commentaire sans la moindre remarque quant à la relation qu'elle entretient avec le combat pour la communisation
ce qui me dérange, c'est d'abord la figure d'une super·héroïne pour symboliser un combat libérateur sans considération de hiérarchie ou de talent
cela ne me gêne pas en général, on peut avoir des phases de ce genre, se donner héros des maîtres à suivre dans une période d'apprentissage. Je l'ai fait, sans pseudo, avec des guitaristes,
bassistes ou compositeurs de jazz, jamais dans le registre politique. Je me vois mal intervenir avec pour pseudonyme Flora Tristan, Emma Goldman ou Pierre Soury
un combat se gagne aussi par l'image qu'il donne de lui-même
cela me dérange en rapport avec un combat pour le communisme, ou même pour l'abolition du genre. Au point où en est la réception du concept, et alors que dndf est le seul blog en France, un des seuls en Europe, à
relayer une théorie centrale pour ce concept, on ne peut pas se permettre sérieusement la sorte de folklorisation de la lutte que cela donne à voir, d'autant que le symbole est en partie contradictoire avec le contenu de la
chose
vidéo
source En Centrafrique, les femmes utilisent la machette AfriqueNews 6 mars
est-ce que les Amazones de Centre-Afrique, auto-organisées pour la défense de leurs vies et celles de leurs proches, armées de seules machettes, se donnent des pseudonymes folkloriques pour le faire ?
dndf est un des seuls blog un peu actif promouvant le concept de communisation, il faut cesser de le tourner en ridicule, mais qu'on ne compte pas sur moi pour taire ce ridicule là où il se révèle,
sans imaginer le tord porté à la cause supposée défendue
vers un combat de masse, un combat populaire
ce qui s'impose comme combat nécessaire s'exprime simplement, sans déguisement d'aucune sorte, et c'est le cas généralement dans tous les combats sérieux des classes populaires
ce qui est poursuivi est un engagement de masse, y compris à titre individuel, et non son accaparation par une minorité agissante quelles que soient ses bonnes intentions. Cela émane d'une nécessité
sociale irrépressible, non de l'application d'une idée, ou du besoin de se montrer plus radical que d'autres
cela suppose de se défaire des vieux habits militants et de ne pas en fabriquer d'autres même auto-produits par l'identité de groupes, de proches par le langage ou
l'idéologie
je voudrais en venir, dans la mesure de mes possibilités, car j'avoue mon peu d'expérience directe récente, à queqlues aspects concrets incontournables, assez simples à saisir, sentir et vivre, qui ne dépendent pas d'explications et d'une compréhension intellectuelle : il faut s'y coller, sinon se taire, et assumer
son ridicule
la communisation relève d'un nouveau paradigme de la lutte : l'auto-organisation, luttes frontales et pour la survie
je reviendrai sur les aspects luttes de masse, à partir de l'expérience de ce qu'on appelait autrefois les «organisations de masse» liées au «parti» ou plus simplement au militantisme de quartier -
j'étais aussi dans la cellule communiste de mon quartier en banlieue, dont la fonction était loin de se limiter à de la propagande électorale, l'enracinement populaire était réel, quoi qu'on pense du contenu
il y avait beaucoup d'auto-organisation au sens de tâches partagées entre certaines prises spontanément et d'autres plutôt organisées, distribuées
on le retrouve dans les seules organisations aujourd'hui proches des exclu·e·s quelles que soient leurs obédiences ou leur domaine d'intervention, les seuls proches des pauvres
on le trouve dans les cités, où de nombreux besoins sont satisfaits par une prise en charge, qu'elle soit ou non liée à un commerce parallèle plus ou moins licité ou à une solidartité active traditionnelle notamment
chez les Africains. Mon fils y est reçu comme un fils, un frère ou un cousin depuis l'âge de cinq ans, son esprit est construit entre cultures françaises, japonaises et africaines
la communisation n'est pas un combat par procuration : ne pas se tromper de révolution

« Je me présentai au paysan. Je lui dis sans détour : "Bonsoir, mon frère. Je suis un révolutionnaire. J'ai besoin d'un abri pour la nuit." Il m'appela monsieur et me pira de l'accompagner à sa cabane. Là, il
m'offrit pour gîte son étable. C'est la classique histoire de la révolution. L'étable était affreuse, bien que depuis lors j'en aie vu de pires. Nous mangeâmes du riz infâme. L'eau provenait d'un petit ruisseau. Pas comme dans
les livres un ruisseau anglais roucoulant, cristallin. Ici, c'est l'Inde, mes amis, et il s'agissait d'une espèce de cloaque. Il fallait faire bouillir ce qu'on pouvait puiser de cette boue malodorante.
Je parlai à mon hôte de sa pauvreté, de son endettement et de la dureté de sa vie. Il parut surpris. Je l'invitai alors à tuer le propriétaire terrien. J'y allais fort, n'est-ce pas ? Pour le premier soir ! Mon
paysan refusa tout net. J'en fus plutôt soulagé, en fait. Je n'étais pas assez endurci. J'aurais eu envie de me sauver si cet homme avait répondu : "Quelle bonne idée, monsieur. Ça fait un certain temps que j'y pense. Venez donc
me voir égorger ce salaud."
Au lieu de quoi mon paysan dit qu'il dépendait du propriétaire terrien pour la nourriture et pour l'argent pendant trois moins. Le tuer, dit-il, me livrant sa propre sagacité en échange de mes théories, ce serait
tuer la poule aux œufs d'or. Ses propos étaient truffés de ce genre de formules. Je m'enfuis dès que je pus le lendemain matin. C'est une histoire révolutionnaire classqiue. La plupart des gens auraient regagné la ville,
pris un car ou un train pour rentrer chez eux et se seraient remis à leurs études et à sauter les servantes. Tandis que moi, j'ai pérsévéré. Et me voici tel que vous me voyez, trente ans après. Toujours à me mêler aux paysans
avec cette philosophie du meurtre. »
« Willie et un autre membre de la brigade se rendirent dans un village au crépuscule. Willie se souvint du discours du toqué, arrivant lui aussi dans un village à la nuit tombée et demandant au premier cultivateur
aperçu de tuer le grand propriétaire terrien. Cela s'était passé trente ans auparavant. Et voilà qu'aujourd'hui Willie revivait la même histoire. sauf qu'il n'y avait plus de grand propriétaire terrien.
Ils abordèrent un paysan. Il avait le teint foncé, un court turban et les mains calleuses. Il paraisssait bien nourri.
Le compagnon de Willie dit :" Bonsoir, mon frère. Qui est l'homme le plus riche de ton village ?". le villageois savait apparemment où il voulaient en venir. Il s'adressa à Willie : "S'il vous plaît, gardez votre fusil
et allez-vous-en." Le compagnon de Willie riposta : "Pourquoi on devrait s'en aller ?" le villageois dit :"Tout ira bien pour vous deux. Vous rentrerez dans vos belles maisons. Moi, au bout de cette affaire, si je vous écoute, je
me ferai taper sur la tête par quelqu'un ou quelqu'un d'autre. Ça , j'en suis sûr. - Mais si tu exécutes l'homme riche, il y en aura un de moins pour t'opprimer." Le villageois se tourna encore vers Willie : "Tuez-le à ma place.
D'ailleurs, je ne sais pas me servir d'un fusil." Willie répondit : "Je vais te montrer" - Ça serait vraiment bien plus simple pour tout le monde si vous le tuiez vous-même. - je vais te montrer. Tu le tiens comme ça, et tu mets
ton œil ici pour viser". Dans la visée apparut un fermier [...]» V.S Naipaul Semences magiques 2004, Plon feux croisés 2005 pp. 133-134 & 145-146
Révolution naxalite mais dans les révolutions à base paysann, le maoïsme n'est pas une norme
Guerre révolutionnaire et répression en Inde / L'insurrection 'naxalite' en Inde aujourd'hui, section belge pour un Secours rouge international.
Un reportage dans le Chhattisgarh, où l'implantation et le 'succès' sont autres que dans l'histoire de Naipaul, située dans la région plus au nord, le Bihar, dans les années 1960-2000 «
« Pour nous, le Président Mao Zedong en établissant les principes de la guerre populaire, a doté le prolétariat de sa ligne militaire, de sa théorie et de sa pratique militaire, de valeur universelle, donc applicable partout, selon
les conditions concrètes. (…) Chaque classe génère sa forme de guerre spécifique et en conséquence, sa stratégie. Le prolétariat a crée la sienne : la guerre populaire et c’est une stratégie supérieure. La
bourgeoisie ne pourra jamais avoir une stratégie supérieure à celle-là, qui plus est, il n’y aura pas de stratégie plus développé que celle du prolétariat.» (interview de
1988).»
«la révolution ne sera pas une soirée de gala» disait Mao. C'est vrai de toute révolution et la communisation n'en 'sera' pas épargnée. Mais il faut comprendre qu'elle ne relève pas d'un paradigme révolutionnaire de
guérilla dans le Tiers-Monde selon des canons programmatiques dans l'espèce maoïste, cubaine ou sud-américaine à l'ancienne. On ne saurait commettre des erreurs du même style ou leur équivalent pour notre temps. Et cela se
prépare sur le long terme d'autant que la question se posera mondialement, et dans des formes extrêmement variées. Si l'expérience et la mémoire des guérillas de tous temps en chaque lieu sont importantes, elles ne détermineront pas
les formes à venir, n'ayant ni les mêmes circonstances, ni les mêmes enjeux et objectifs
si l'on veut comprendre les qualités humaines dont je parle plus haut, qui ont largement disparu dans les classe moyennes actuelles, il faut les vivre de l'intérieur, ou au contact de ceux qui les portent. Cela ne
s'imagine pas, ne s'invente pas sauf à y être contraint, et il faut alors se défaire de bien des habitudes acquises et entretenues dans ce monde
cela est totalement absent des considérations sur l'auto-organisation qu'on trouve chez les théoriciens français, complètement étrangers à ces pratiques 'naturelles' chez d'autres, et de plus en dédaignant
l'expérience
d'une façon plus générale, il n'est pas besoin de les connaître personnellement pour voir qu'ils ignorent le plus souvent la vie des classes populaires dont ils parlent, pour beaucoup n'en étant pas issus, et comme
leur déléguant par procuration la tâche d'aller au charbon
l'auto-organisation, une dialectique entre le négatif (luttes frontales contre l'ennemi)
et le positif (assurer la survie au présent pour préparer l'avenir)
deux éléments inséparables à tenir ensemble, y compris dans l'image que l'on donne de la communisation. Il est regrettable que la discussion sur
l'auto-organisation ait été ramenée par Théorie Communiste à une question conceptuelle plutôt abstraite et sous le seul angle des luttes. Le résultat est une compréhension des luttes châtrée, uniquement sous l'aspect des luttes comme
destruction de l'adversaire, et le plus fréquemment sous la forme violente : c'est en profondeur une vision d'homme à dépasser
ce n'est pas une vision d'hommes parce que les femmes devraient être reléguées à l'arrière - comme aujourd'hui en Syrie -, pour assurer la cuisine, l'infirmerie et le repos des guerriers, comme 'décharges' dans tous
les sens du terme. Les femmes aussi peuvent faire la guerre, assumer le combat armé, pas seulement dans la mythologie des Amazones ou la figure de Jeanne d'Arc, comme on l'a vu chez les Mapuches, aujourd'hui en
Centre-Afrique
hommes et femmes : quitter les rôles dès à présent, une affaire de tous, toutes, et
chacun·e
il n'est pas plus dans la nature des femmes d'être paisibles que dans celle des hommes d'être violents, mais le fait est que l'on retrouve ce schéma supposé à
combattre jusque dans nos rangs : il faut en changer et c'est possible, mais ne voit-on pas plus fréquemment des femmes porter des fusils que des hommes à la cuisine, à la collecte ou à la production de subsistances
?
de l'Inde à l'Afrique 
nous ne sommes pas des saint·e·s, et ce n'est pas une question d'exceptions individuelles, mais une nécessité vitale pour le communisme dès maintenant, il ne faut négliger ou
manager aucun effort en ce sens, de la part des femmes pour l'exiger des hommes, de la part des hommes pour auto-apprendre à se libérer de leurs vieux habits du genre : moins que tout c'est un processus qui pourrait attendre
l'engagement de la 'lutte finale' (qui sera si elle advient de plusieurs générations)
il faut donc cesser d'encourager l'idée figée que «tous les hommes s'approprient toutes les femmes», que «ce n'est pas une question personnelle» mais structurelle de «l'individu du capital», toutes
ces demi-vérités/demi-âneries dépourvues de dialectique vivante et d'expérience vécue, comme pour repousser de s'y coller soi-même
voilà, en résumé, il serait préférable que chacun·e sache qu'en parlant de communisation, il engage sa responsabilité non seulement pour soi-même, mais devant et pour les autres

il conviendrait, comme disent les Portugais·e·s, d'arrêter de se prendre les pieds avec les mains, parce que c'est l'image du communisme qui est ternie jusqu'àdevenir repoussante. Que ceux qui ont les
portugaises ensablées y réfléchissent, et quoi qu'il en soit, pour ce qui dépend de moi, je ne laisserai pas l'idée de communisation saccagée par ses célibataires-mêmes. Si nous perdons sur ce point, ce ne sera pas une défaite
personnelle, mais la responsabilité de qui l'on verra
12 mars 2014 23:47
Que faire pour l'en-commun communisateur ? un temps pour l'œcuménisme
Un temps pour toute chose
1 Il y a un temps pour tout et un moment pour toute chose sous le soleil.
2 Il y a un temps pour naître et un temps pour mourir, un temps pour planter, et un temps pour arracher le plant,
3 un temps pour tuer et un temps pour soigner les blessures, un temps pour démolir et un temps pour construire.
4 Il y a aussi un temps pour pleurer et un temps pour rire, un temps pour se lamenter et un temps pour danser,
5 un temps pour jeter des pierres et un temps pour en ramasser, un temps pour embrasser et un temps pour s'en abstenir.
6 Il y a un temps pour chercher et un temps pour perdre, un temps pour conserver et un temps pour jeter,
7 un temps pour déchirer et un temps pour recoudre, un temps pour garder le silence et un temps pour parler,
8 un temps pour aimer et un temps pour haïr, un temps pour la guerre et un temps pour la paix.
La Bible du semeur, Ecclésiaste 3
le faux Patlotch est un moment du vrai
dieu me garde de sombrer dans l'opium des peuples et de la communisation. Néanmoins, je vais endosser ma soutane tunique en sa propriété, pour éclairer le chemin que je suis, si je me suis
bien
dans ce qui précède de près ou de loin, je tape sur mon supposé prochain, «qui aime bien châtie bien», les un·e·s et les autres à tour de rôle, dans un triple but (tel un énarque expert en
communisation)
premièrement) éradiquer le sectarisme et la séparation, en finir avec les oppositions stériles de ce qui ne doit pas l'être au nom du communisme, par des non-dits explicites, et des interdits à la
mise en commun pour raisons non fondées
deuxièmement) promouvoir non une synthèse, ligne générale unique qui serait le réceptacle organisé des différentes manières d'œuvrer, sous ce nom, un autre ou sans nom, mais la diversité des lignes de
front sur lesquelles se construira seulement un en·commun communisateur, par des dépassements à produire dès maintenant sans attendre l'engagement d'un processus inévitable de rupture violente quand elle s'imposera
à nous
sur la «lutte armée» : ne soyons pas naïfs, les dirigeant capitalistes et leurs valets d'Etat, acculés, ne se laisseront pas faire. Ils trouveront toutes sortes de soutiens et de moyens de nous
diviser, de nous opposer pour relancer leur système. Au-delà de l'asservissement idéologique coutûmier, ils utiliseront à grande échelle les pires moyens de destruction, déjà expérimentés ici ou
là pour annihiler non seulement leurs opposants irréductibles, mais des populations entières : la police, la guerre, le laisser-faire c'est-à-dire le faire-mourir, l'empoisonnement alimentaire, la maladie sans soins ou
pire, la faim, la pollution sciemment mortelle, le 'risque' industriel destructeur du vivant, les armes biologiques et bactériologiques, la guerre informatique, etc.
troisièmement) encore faut-il se nettoyer le cerveau de tout ce qui nous attache à la consommation mortifère, par tous les organes possibles du corps humain, de la bouche pleine au mental normosé, du
robot interactif à l'intelligence d'artifices, des yeux au sexe à prendre, et du nez bouché aux oreilles média-paralytiques... Bref, se rendre un tant soi peu disponible : libre de choisir et
d'agir
quelles rencontres ?
quand je mets en avant les luttes d'Africaines pour la terre, je n'ai pas pour autant l'intention de les rencontrer, ou le désir d'être bien vu en Afrique, de même pour Silvia Federici, ou d'autres que j'ai croisés
dans Meeting : à quoi cela servirait-il ? L'expérience en a été tentée avec SIC qui ne pouvait qu'être un échec, je l'avais prédit en m'en retirant et ce fut confirmé
que ceux qui ont à se rencontrer pour faire continuent, mais qui n'en est pas n'est pas pour autant contre ou inapte à faire autre chose d'utile
privilégier la proximité : non à un mondialisme communisateur
sans doute ce genre de rapprochements est-il souhaitable dans la proximité, au niveau local, y compris d'initiatives qui ne sont pas sur la même ligne de front : tels écolo radicaux, tels auto-producteurs hors marché,
telles 'femmes exploitées des quartiers'... tel·le·s confrontés aux harcèlement sexuel, professionnel ou policier, à la police sociale des salariés, précaires et chômeurs, au contrôle au faciès, tel·le·s voyant
l'ensemble dans une perspective pouvant lui ajouter un sens, celui d'une convergence globale susceptible d'alimenter un espoir commun, voire des exemplarités pour soi et sans les imposer à tous au nom de limites
indépassables par principe
de chacun selon ses moyens, à chacun sa place, toute sa place, rien que sa place
il ne sera jamais produit une «immédiateté sociale» si personne n'en fait l'apprentissage. Elle ne tombera pas du ciel en un discours pré-cuit à passer aux micro-ondes locales. L'idée même d'immédiateté
sociale est incompatible avec la vision globale surplombante d'un communisme dans une forme unique valant pour tous et partout
on peut se faire des ami·e·s partout, ma compagne est venue de 10.000 km, mais j'estime ne pas avoir à traverser les Océans, ni même la Manche ou la Méditerranée pour aller évangéliser des
gens dont je ne connais rien en pratique sociale : ce sera toujours autant d'argent et de kérosène hors-sujet, un excellent apprentissage pour l'immédiateté gratuite près de chez soi
rien ne ressemblerait autant à un missionnaire évangélisant les sauvages outre-mer qu'un globe-trotter de la communisation à la française
la communisation pour les nègres
internet et réseaux ?
pourquoi pas, pour autant qu'on puisse en profiter sans (se) créer des ennuis, tant la surveillance va se durcir. Il est peu probable que l'on puisse uitiliser durablement à des fins révolutionnaires les réseaux
informatiques. Par conséquent, resterait la solution de réseaux autonomes à raccorder sur le principe du net. Encore faut-il qu'elle soit réalisable
renverser le démocratisme radical et l'alternative : la communisation sans forum mondial
au fond c'est ce que j'appelais un renversement du démocratisme radical, qui suppose naturellement la clarté de la «ligne générale», sans besoin qu'elle s'habille d'un discours théorique partagé et même d'un nom,
encore que cela puisse aider : communisation pourquoi pas, mais si cela doit être facteur d'ignorance, de dédain, de mépris, et de rejet parce qu'en tant qu'écolo-radical untel est allergique à l'idée qu'il
se fait du marxisme, à quoi bon ?
il ne s'agit plus d'exiger ni d'obtenir des droits d'un État ou de quiconque en aurait le pouvoir, mais de vivre en liberté dans et pour la communauté
serait-ce par manque du mot «communisation», voire pour la présence des mots «alternative du système» plutôt que «au système» capitaliste, ou même le mot d'ultra-libéralisme voire selon son utilisation celui de
citoyen, qu'il faudrait condamner des actions telles que celles des femmes défendant la terre, comme propriétés de ceux qui participent aux forums sociaux sur la base de l'alermondialisme démocratique
?
il me semble que de ces mots, elles n'ont rien à faire, sauf éviter de confier leur sort à l'Etat ou une supervision mondialiste de quelque ordre qu'elle soit
toujours est-il que dans un avenir plus ou moins proche, des ruptures seront nécessaires dans le rattachement de ces activités de base à l'alternative démocratique, et de même des
ruptures dans l'unité devenue de façade, par habitude, de ses protagonistes aux niveaux organisationnels et idéologiques (d'un côté démocrates d'Etat indécrottables et leurs partis, ATTAC... de l'autre marxistes partisans de la
révolution, écolo radicaux plutôt anarchisants, ONG d'ailleurs édifiées sur l'impasse citoyenniste, etc.)
éviter la maladresse sectaire

il me semble donc normal que le mot même de communisation, au-delà de ses intentions, ne soit pas perçu comme porteur d'un en-commun y compris communiste, puisque ceux-mêmes qui s'en réclament ne font que s'unir pour
aussitôt se séparer, comme on disait des trotkistes : 2 communisateurs, un meeting, 3 communisateurs une rupture
la véritable scission dans SIC
quand j'ai rejoint le comité de rédaction de Meeting, en 2005, je n'y comprenais pas grand chose, j'étais plutôt sur les bases de TC, mais j'étais animé d'un esprit non d'unité mais de convergence, tantôt d'accord
avec les uns «activistes», tantôt avec les autres théoristes, tantôt avec moi-même qui ne fut pas le plus facile. Je finis par comprendre ce qui tout à la fois les opposait et les rassemblait, une sorte de méprise
finalement avérée de cet attelage bien compris théorie+activisme
toute possibilité d'en-commun s'est sclérosée ensuite et les raisons n'en sont pas exactement celles qu'a dit Théorie Communiste dans Fin de parti·e, indépendamment même des événements ayant accéléré la rupture de
SIC
la véritable scission était inscrite en profondeur dans l'idée même de la nécessité d'une rencontre physique en une revue mystificatrice, confirmant par son existence les rôles dévolus à la théorie et à
l'exemplarité des pratiques
le tout, comme l'a relevé Bruno Astarian (où va TC ?), ne pouvait mais évidemment sans le dire, que dériver vers la forme parti : le texte Fin de parti·e, dans son masculin, doit être compris comme une
auto-critique
quelle exemplarité ?
il ne s'agit pas de formater des modèles, mais des idées peuvent être reprises, sans que s'impose de suivre ou de copier. Je crois à la puissance de la métaphore, c'est-à-dire à la transposition d'un contenu commun (la
communisation) d'une forme particulière à une autre
quant à l'exemplarité «faites ce que je dis, pas ce que je fais», nous voyons trop durablement (texte précédent) que nous n'en sommes pas à l'abri, du cœur même de la théorie adéquate à l'époque. Que dire de plus
sinon : «casse-toi, pauv'con» avant la fin !
le concept d'en-commun communisateur : le compatible non l'opposable
autrement dit, ce qui a été raté là, ou jamais rendu possible avec d'autres, dont moi mais je ne suis qu'un, et qui se présente difficilement avec les exemples dont j'ai parlé en relation avec les textes de Silvia
Federici, relève selon moi d'un problème conceptuel quant à la stratégie -n'ayons pas peur des mots
en effet, il est tout à fait possible de considérer comme compatibles, et par conséquent de laisser vivre des formes différentes de pensées et d'actions, en divers lieux ou sur plusieurs lignes de front, dès lors que
l'on a compris qu'elles pouvaient s'inscrire dans la même perspective globale d'abolition du capital, et pour créer ensemble un monde vivable pour tous, ce qui en soi suppose à chaque moment de multiples activités
complémentaires
subjectiver l'en-commun
mais il faut faire plus et mieux que simplement admettre cette compatibilité. Il faut la dire, il faut l'inscrire explicitement dans ce que cela constitue de commun, dans ce que cela relie en alimentant un espoir
partagé
c'est sans doute le meilleur rôle que peuvent tenir, sinon des 'théoriciens', du moins des personnes davantage portées comme moi à la formulation, à l'écriture, à la parole surplombante,
prétendant exprimer ou pire organiser un tout communisateur à voie unique, c'est-à-dire programmant à soi seul l'échec de tous, comme on l'a vérifié à fort petite échelle

10 mars 2014 23:02
homme blanc d'Occident, ta communisation fout le campsansmeeting dans Critique du 'courant communisateur' à propos de SIC n°2
toujours dans la critique mais posant la question de l'articulation production/reproduction du capital et du prolétariat en dehors de la production industrielle, dans la production des moyens de leurs moyens de
subsistance hors des circuits capitalistes de marché, contre la teneur régressive de SICn°2, dont les femmes et le genre sont absents comme la centralité de la reproduction du capital
extraits
des luttes paysannes au cœur de la production/reproduction
il n'y a pas à "étendre" ces luttes pour la reproduction des êtres humains concernant et du vivant alentour “du coeur de la reproduction vers le coeur de la production” (la production ouvrière,
industrielle), pour la simple raison que leur activité de production paysanne est une des formes de production antérieure au capital, encore présente sans rente dans la globalisation (Afrique, Chine, Inde, Asie du Sud-Est, Amérique
du Sud, Australie...), et donc à la fois activités de production et de reproduction échappant en partie au capitalisme (sans quoi il ne se batterait pas pour se les approprier, il n'y aurait pas la réforme annoncée en Chine qui
conditionne un capitalisme chinois endogène...). cette question ne se pose pas dans une crise pouvant devenir crise de reproduction du capitalisme comme à ses origines ou à son extension mondiale par le colonialisme, pour la
rente
la question éventuelle, si elle a un intérêt, d'un éventuel "écart" par ces luttes ne se pose donc pas en termes de "luttes suicidaires" ou d'auto-destruction des usines, et par là du prolétariat ouvrier en tant que
tel. Ces 'prolétaires' paysannes n'ont pas à détruire leurs activités en tant qu'elles échappent en partie à la subsomption réelle du capitalisme, mais au contraire à défendre ce en quoi elles ne sont pas encore, ou
plus, prolétaires exploitées dans l'agriculture intensive pour le marché
ce qui peut se poser, c'est l'articulation, la convergence de ces différents types de luttes, contre la segmentation identitaire, ce que j'ai nommé la subjectivation d'un en-commun autour des
communs
rupture dans la théorie de la communisation : le communisme 'troisième courant' textes
2007-2014
dans ma grande modestie, je n'hésite pas à considérer que la rupture que j'initie, ici et maintenant, est aussi importante que celle qui est à l'origine, dans l'ultra-gauche d'après 68, du concept de
communisation, donnant ce titre à l'ouvrage de Senonevero par François Danel, Rupture dans la théorie de la révolution, et comme je ne suis plus à un détournement près...
il va falloir franchir le pas
les petits textes successifs que je présente depuis le début de l'année ont amorcé et précisé en chemin une nouvelle perspective révolutionnaire locale et globale, sur tous les fronts où l'heure est à combattre le
capitalisme pour pouvoir un jour l'abattre
cette perspective remet en cause tant les tabous conceptuels et les alliances politiques historiques de l'altermondialisme démocratique, que ceux du 'courant communisateur' appuyés sur le corpus de
Théorie Communiste
il n'est donc pas surprenant que cette refondation générale rencontre un silence général de la part des ténors de ces deux idéologies, l'alternative ou la révolution, en ce qu'elles ont désormais prouvé
leur manque de pertinence et leur impuissance, et brident de ce fait la possibilité d'ouvrir d'autres voies tant à la théorisation qu'aux luttes : être bousculé dans ses fondements n'est pas agréable, j'en
sais quelque chose, mais bon, choisir c'est renoncer : l'égo et la messe en latin ou prendre la porte et l'avenir à bras le corps, les vieux copains ou la rupture
ces 'thèses', sans être à proprement parler théoriques, ni être formulées à ce stade comme synthèse - compte tenu de ma manière initiatique de penser/élaborer qui n'a rien de la tradition livresque universitaire
ou autre -, ces thèses seront un jour ou l'autre incontournables, non qu'elles descendraient du ciel d'une pensée géniale, mais parce que
mes propositions sont en prise d'une part sur le moment présent du capitalisme et les caractéristiques des luttes partout dans le monde, dont j'ai fourni de multiples témoignages, d'autre part critiques sur tous
les fronts de l'éventail de ce qui se présente sous le nom de communisme, que ce soit pour en montrer les impasses ('l'alternative' anticapitaliste démocratique autant que le 'courant communisateur', sans parler du 'programmatisme
ouvrier'), ou pour en retenir la puissance analytique ou subjectivante (Silvia Federici, Achille Mbembé...), dans un prolongement des fondements critiques du mode de production capitaliste par Marx
révolution ? communisation vs alternative
? ou comment la communisation 'troisième courant' ouvre son chemin au
présent
« Les communistes [...] mettent en avant et font valoir les intérêts indépendants de la
nationalité et communs à tout le prolétariat [...] ils représentent toujours les intérêts du mouvement dans sa totalité » Marx-Engels, Manifeste du Parti Communiste, 1848
la communisation vers une refondation, l'alternative anticapitaliste vers une scission
poursuivant la 'discussion' engagée avec la notion de «communs», je m'intéresse ici à ce qui distingue et sépare l'approche de Silvia Federici dans les textes évoqués plus bas, et les thèses du 'courant communisateur',
à travers ses catégories «contre-révolutionnaires» de «l'alternative» voire du «démocratisme radical»
je reviendrai ultérieurement sur la scission nécessaire dans l'alternative démocratique radicale, déjà abordée en bas de cette rubrique. On verra comment se dessine la nécessité d'un scission dans
l'alter-mondialisme, entre d'une part citoyennistes faisant appel à l'Etat ou se proposant de le transformer progressivement, et ceux qui abandonneront cette piste illusoire
rappelons que les éditions Senenevero publient (sortie 22 avril) «Caliban et la sorcière», traduit de l'ouvrage de 2004 :
présentation de l'éditeur : «Caliban et la sorcière est une remise en cause de la notion de reproduction chez Marx. Pour Silvia Federici, Marx ne prend pas en compte le travail domestique, expropriation de travail
non-rémunéré. Au travers d'une nouvelle compréhension de ce qu'a été l'accumulation primitive, elle nous montre ce que le capitalisme continue d'être: un mode de production dans lequel l'extorsion de plus-value n'est pas
uniquement exploitation du travail mais aussi appropriation des femmes, c'est-à-dire pour l'auteure, extorsion d'autres formes de travail que le travail salarié. Chasse aux sorcières, pillage des colonies, institutionnalisation
du viol et de la prostitution, christianisation, torture, contrôle et médicalisation masculine de la reproduction et de l'avortement,... telles ont été les institutions de dominations qui ont dues être mises en place. Explorant
le processus de la mécanisation du corps prolétaire et sa transformation, dans le cas des femmes, en une machine de production de nouveaux travailleurs, Caliban et la sorcière écrit une histoire du prolétariat au-delà du salariat
et de l'homme blanc.»
on comprend cette heureuse initiative comme apportant de l'eau au moulin de la thèse de TC sur la fonction du genre «femmes» dans le capitalisme, «reproduire la population, principale force productive», et donc
participant du couple production/reproduction caractéristique du mode de production capitaliste
des luttes «ex-communistes dans l'intermonde» ou des luttes concrètes théorisantes pour la
révolution dans le moment présent ?
allusion au texte de SIC n°1 Les ex-communistes de Marcel Crusoe dans l’Intermonde, de Per Henriksson, juillet 2010 « Avec leurs vieux échos cammattiens les dissidents veulent « quitter ce monde » ; ils essayent de nous faire croire qu’ils l’ont déjà fait, et agissent eux-mêmes
comme si c’était le cas. Au bout du compte, cependant, ce qu’ils veulent supplanter, abolir et détruire, etc. (volonté et besoin que je partage, comme beaucoup d’autres), c’est la détermination capitaliste
historique des relations sociales. Je suis cependant assez sûr que ce processus révolutionnaire sera tout sauf un match de football, une transition latente ou un thé dansant (et aucun « Potlatch immédiatiste » dans le sens
anarchiste à la Hakim Bey.»
autant dire que le sectarisme se porte bien en Suède comme partout (ex-communier, le plus vieux métier du monde ? voir plus bas 14 février), et nul doute que renversant le Potlatch en Patlotch, prétendant remettre
Camatte sur ses pieds, et abandonnant le noyau dur de la communisation strictement immédiate et prolétarienne, nombre (relativement au milieu) d'ex-"camarades" me considèrent comme un «ex-communiste», mais il leur faudra
ajouter à leur liste d'ex' Silvia Federici, et surtout toutes les femmes qui se battent au quotidien pour sauver leurs terres, leurs vies et celles des leurs, le vivant leur environnement par là-même notre «commun» : un
nouveau racisme ? Au point où en est SIC, sic, leur revue internationalisme pour la communisation, je ne crains pas de déferlantes de Vikings
à partir de là, qu'est-ce qu'on en fait ? au-delà de la genèse historique du capitalisme il y a plusieurs siècles, quelles
sont les implications aujourd'hui ?
pour TC, cela renouvelle son corpus en introduisant la contradiction de genre, à croiser avec celle de l'exploitation et aboutit à ce résultat : le capitalisme ne pourra être dépassé qu'en abolissant le capital
comme mode de production et de reproduction et donc le genre, soit la domination masculine
pour Silvia Federici (SF), on a vu le lien entre cette caractéristique du capitalisme à ses origines, et sa reprise actuelle avec l'expropriation continue des «communs», et les luttes que mènent particulièrement les
femmes en Asie, en Afrique, en Amériques pour défendre l'utilisation commune de ces communs, à des fins d'auto-subsistance par le refus de l'appropriation privée (parfois étatique) de la globalisation
dans Revolution at Point Zero, House Work Reproduction and Feminist Struggle, la troisième partie Part III: Reproducing Commons comporte trois textes :
On Elder Care Work and the Limits of Marxism (2009) Women, Land Struggles, and Globalization: An International Perspective (2004) Feminism and the Politics of the Common in an Era of Primitive Accumulation
(2010)
dans et hors l'alternative
considérant les nombreux exemples de luttes et d'initiatives des femmes présentés et explicités par SF notamment dans les tous
les continents hors l'Europe (sauf erreur), un bon nombre ont été liés ou apparentés, en tant que mouvements locaux, à ce qu'on appelle les Forums Sociaux et à l'Altermondialisme. Les positions de SF, à cet égard
peuvent par là se rattacher à ce courant des luttes sociales dans les années 1990-2000, elle inscrit ses thèses théoriques dans une pratique locale de terrain et un combat politique. Lire par exemple, dans le dernier texte de
l'ouvrage, Women and the Communs, p. 142-144. On en retrouve la plupart des ingrédients dans le «programme» d'un Forum Social tel que celui de Tunis, en avril 2013 : Pour reprendre notre avenir en main, nous devons changer le présent ! Nos propositions pour « Changer le système, pas le climat
». Le texte du collectif, après la liste des mesures d'orientations, indique par exemple :
« Changer le système nécessite de mettre un terme à l’empire mondial qu’exercent les entreprises multinationales et les banques. Seule une société qui établit un modèle de contrôle démocratique sur les
ressources, basé sur les droits des travailleurs (y compris migrants), des femmes et des populations indigènes, et qui respecte la souveraineté des populations, sera en mesure de garantir la justice économique, sociale et
environnementale. Changer le système exige de briser le patriarcat dans le but de garantir les droits des femmes dans toutes les dimensions de l’existence. Le féminisme et l’écologie sont des éléments clefs de la
nouvelle société pour laquelle nous nous battons.»
une «défaisance» immédiate du rapport de genre ?
SF Federici donne des exemples, en Amérique Latine entre autres, de formes d'auto-organisations qui ont été 'inventées' dans les luttes, parfois violentes, et qui ont perduré comme formes de
résistances...
The other side of women’s struggle for direct access to means of reproduction has been the formation, across the Third World—from Cambodia to Senegal—of credit associations that function as money
commons. Differently named, “tontines” (in parts of Africa) are autonomous, self-managed, women-made banking systems, providing cash to individuals or groups that can have no access to banks, working purely on the
basis of trust. In this, they are completely different from the microcredit systems promoted by the World Bank, which functions on the basis of shame, arriving to the extreme (e.g., in Niger) of posting in public places the
pictures of the women who fail to repay the loans so that some have been driven to suicide.
The first lesson to be gained from these struggles is that the “commoning” of the material means of reproduction is the primary mechanism by which a collective interest and mutual bonds are created. It
is also the first line of resistance to a life of enslavement, whether in armies, brothels or sweatshops.
Not last we could move beyond the abstract solidarity that often characterizes relations in the movement, which limits our commitment and capacity to endure, and the risks we are willing to take. Undoubtedly, this
is a formidable task that can only be accomplished through a long-term process of consciousness raising, cross-cultural exchange, and coalition building, with all the communities throughout the United States who are vitally
interested in the reclamation of the land, starting with the First American Nations. Although this task
may seem more difficult now than passing through the eye of a needle, it is also the only condition to broaden the space of our autonomy, cease feeding into the process of capital accumulation, and refuse to accept that our
reproduction occurs at the expense of the world’s other commoners and commons.
une destruction de la séparation public-privé ?
cela comporte aussi des prises en charge collectives des tâches domestiques et d'éducation des enfants, dans les luttes comme après, jusque dans la conception des projets de logements avec des espaces réservés et
un tour de rôle, avec la question de la participation des hommes [texte à retrouver]
s'en suivent pour SF les éléments à même de reconstruire le féminisme en ce sens (Feminist Reconstruction p. 144-148)
On this account, we must include in our political agenda the communalization/collectivization of housework, reviving that rich feminist tradition that we have in the United States, that stretches from the utopian
socialist experiments of the mid-nineteenth century to the attempts that the “materialist feminists” made, from the late nineteenth century to the early twentieth century, to reorganize and socialize domestic work and
thereby the home, and the neighborhood, through collective housekeeping—efforts that continued until the 1920s, when the “Red Scare” put an end to them.
It remains to clarify that assigning women this task of commoning/collectivizing reproduction is not to concede to a naturalistic conception of “femininity.” Understandably, many feminists would view
this possibility as “a fate worse than death.” It is deeply sculpted in our collective consciousness that women have been designated as men’s common, a natural source of wealth and services to be as freely
appropriated by them as the capitalists have appropriated the wealth of nature. But, quoting Dolores Hayden, the reorganization of reproductive work, and therefore the reorganization of the structure of housing and public space
is not a question of identity; it is a labor question and, we can add, a power and safety question.
I am reminded here of the experience of the women members of the Landless People’s Movement of Brazil (MST), who when their communities won the right to maintain the land which they had occupied, insisted
that the new houses should be build to form one compound, so they that they could continue to share their housework, wash together, cook together, taking turns with men, as they had done in the course of the struggle, and be
ready to run to give each other support if abused by men. Arguing that women should take the lead in the collectivization of reproductive work and housing is not to naturalize housework as a female vocation. It is refusing to
obliterate the collective experiences, knowledge, and struggles that women have accumulated concerning reproductive work, whose history has been an essential part of our resistance to capitalism. Reconnecting with this history is
today for women and men a crucial step, both for undoing the gendered architecture of our lives and reconstructing our homes and lives as commons.
nous voilà donc confrontés à des luttes qui, autour de l'usage des 'communs', aboutissent à remettre en cause en pratiques la séparation des sphères publiques et privées, l'usage marchand de la terre et son orientation
pour la subsistance locale hors marché, etc.
l'alternative en ses limites
s'il est clair que cela s'inscrit, vu de loin et globalement, dans une perspective d'alternative, on voit néanmoins que c'est le type même de «mesures» qui prendraient un caractère de «mesures communisatrices» dans un
contexte de révolution comme communisation
ces formes de combats féminins et de classe, comme résistance dans le capital au capital, n'ont pas en elles-mêmes la puissance de l'abolir, elles ne changent pas le contexte général, qu'elles soient ou non portées au
niveau politique régional, national, mondial, via notamment les ONG *. La formule est «changer le système» et non «changer de système», pour autant qu'il s'agisse d'en promouvoir un unique à valeur mondiale : la dimension locale sera
déterminante dans un processus de communisation général
le texte du collectif du Forum Social de Tunis est signé de Alliance of Progressive Labor, Philippines / Alternatives International / Attac France / Ecologistas en Acción / Environmental Rights Action, Nigeria /
ETC Group / Fairwatch, Italy / Focus on the Global South / Global Campaign to Dismantle Corporate Power and end TNCs’ impunity / Global Forest Coalition / Grassroots Global Justice Alliance / Grupo de Reflexão e Apoio ao
Processo do Fórum Social Mundial / Indigenous Environmental Network / La Via Campesina / No-REDD Africa Network / Migrants Rights International / OilWatch International / Polaris Institute / Transnational Institute
le schéma communisateur ébranlé
cela posé, ces formes interrogent le schéma communisateur des écarts/limites/franchir le pas... et la description habituelle du processus de l'immédiateté mondiale de la communisation. Elles sont porteuses d'une
subjectivation de l'en-commun qui est proprement communiste en essence (sans avoir à s'en revendiquer), elles changent le rapport social et le sens des luttes, mais elles ne portent pas a priori d'écart aux limites du
capitalisme
d'un côté ces formes peuvent être critiquées comme relevant de «l'idéologie alternative», une perspective sans révolution, c'est-à-dire relevant peu ou prou pour le courant communisateur de la
«contre-révolution», au même titre que les «ex-communistes dans l'inter-monde», traités en adversaires
des luttes qui portent au-delà de l'anti-capitalisme de l'alternative : le concept de 'communisation'
miné
d'un autre côté, étant luttes de femmes prolétaires remettant en cause en pratiques la logique capitaliste, il est difficile de les analyser comme telles
certes, l'idée qu'il n'y a «pas de transcroissance entre luttes revendicatives et luttes révolutionnaires» n'est pas remise en cause, puisqu'à la base l'aspect revendicatif (ou politique) ne définit pas la
nature de ces luttes mais seulement un prolongement que lui donne le démocratisme radical (c'est ici que se dessine la nécessité d'un scission dans l'alter-mondialisme, entre d'une part citoyennistes faisant appel à l'Etat ou se
proposant de le transformer progressivement, et ceux qui abandonneront cette piste illusoire)
c'est la dichotomie entre mesures alternatives et mesures communisatrices qui s'effondre, dans un champ qui n'est pas celui de la production (de produits et/ou de plus-value) mais de la reproduction, élargissant ainsi
considérablement la définition d'un possible sujet révolutionnaire à la croisée de la classe, du genre et de la relation au post-colonialisme dans la globalisation
on comprend désormais que traduire «Caliban et la sorcière» risquait moins de prêter à divergences et à polémiques, si ce n'est avec Silvia Federici elle-même, avec qui relèverait comme moi les implications
déterminantes concernant la perception des luttes actuelles, comme je l'ai déjà souligné à propos de la 'race' (la communisation comme abolition du racialisme, ou avec Achille Mbembe, 'Critique de la raison nègre'). Comme déjà noté en janvier, SF apporte de l'eau au moulin de Théorie Communiste jusqu'à un certain point (d'histoire et de structure production/reproduction),
mais à partir d'un autre, le moment présent, elle le fait tourner à l'envers
TC : la théorie de l'autruche
mais voilà, laisser entendre que Patlotch aurait des tendances naturalistes («le sexe sans excès») est une chose, démonter son argumentation et celle de Silvia federici en est une autre. S'en prendre à moi ou
pratiquer depuis à mon égard la sourde oreille et la censure objective ne mange pas de pain, démonter mon argumentation et celle de Federici, c'est une autre paire de manche
en effet il n'est pas possible d'écarter mes thèses de la subjectivation de l'en-commun et du partage des communs dans le mouvement du communisme au présent, en me
renvoyant à un abandon de la communisation comme rupture sans transition étatiste : un 'troisième courant' théorique de la communisation est bel et bien en jeu
c'est pourquoi votre fille est muette
à mon sens, le 'courant communisateur' préfère pour l'heure n'en point parler, ce qui révèlerait dans sa théorie une contradiction dans les termes, notamment sur la question du genre, plus patente que celle entre
luttes revendicatrices et luttes révolutionnaires, où la question de l'appropriation de la plus-value issue du sur-travail autorise un schéma plus clair et plus juste dans son principe
TC se trouve pris dans l'impossibilité de considérer ces luttes théorisantes pour ce qu'elles font, que met en évidence Silvia Federici, sans contredire soit la construction même de son concept de communisation,
soit l'intérêt qu'il porte à la contradiction de genre dans un schéma d'abolition décalqué sur celui des classes
ruptures dans la continuité au présent ?
en termes de révolution communiste, la question de la rupture dans la continuité est donc à reposer d'une façon différenciée selon de quoi l'on parle. On ne peut plus ranger les différentes formes de luttes contre le
capital selon des catégories tranchées dans une description abstraite générale, apte à fournir des concepts et critères passe-partout pour la critique comme pour les luttes elles-mêmes
ouverture pour une autre conception de la révolution communiste
plus la crise s'approfondira, plus ces formes seront diverses et plus elles remettront en cause le cadre même de pensée des thèses sur la communisation, pour générer un autre concept de la révolution y compris de son
moment ultime, celui de l'abolition du système
9 mars 2014 16:54
révolution ? le vivant resaisi du mort
« Outre les maux de l'époque actuelle, nous avons à supporter une longue série de maux héréditaires provenant de la végétation continue de modes de production qui ont vécu, avec la suite des rapports politiques et
sociaux à contretemps qu'ils engendrent. Nous avons à souffrir non seulement de la part des vivants, mais encore de la part des morts. Le mort saisit le vif ! »
Karl Marx, Préface à la première édition du Capital 1867
le moment vient poser nouvellement ses questions : pourquoi une révolution est-elle nécessaire, rupture dans la continuité ? pourquoi ne plus la représenter comme
saut dans l'inconnu d'après capitalisme, fantasme romantique et nihiliste, radical se payant de mots ? comment la positivité du combat communiste franchit-elle le pas d'abolir la négation capitaliste ? et si se
présentaient d'autres écarts déjà-là mais non vus, non attendus, non entendus dans l'amnésie de qui oublie le mouvement de la vie, du vif qui met à mort sa mort ? des écarts qui ne portent pas à détruire seulement mais à « se
construire le monde » par, dans et pour la sauvegarde du vivant ?
8 mars
avec Silvia Federici
THE WEALTH OF THE COMMONS, A WORLD BEYOND MARKET & STATE, FEMINISM AND THE POLITICS OF THE COMMONS Silvia Federici 2011

WOMEN, LAND STRUGGLES, AND GLOBALIZATION: AN INTERNATIONAL PERSPECTIVE Silvia Federici
2004 dans le communisme comme combat : réflexions et luttes pour la révolution
ce texte est inclus dans Revolution at Point Zero, House Work Reproduction and Feminist Struggle
(PDF) présenté ci-dessous. Il comporte quatre parties
:
Women Keep the World Alive / Women and Land: A Historical Perspective
Struggles for Subsistence and against "Globalization" in Africa, Asia, and the Americas / The Importance of the Struggle
dans le cadre, de la perspective du combat communiste ici conçu comme lutte initiale, son intérêt est de montrer le lien entre d'une part l'analyse
historique du capitalisme à ses origines (Caliban et la sorcière), l'importance de la reproduction de la population par les femmes, et d'autre part l'actualité de cette question dans les luttes et la place qu'y tiennent les
femmes, particulièrement en Afrique, en Asie et aux Amériques (nombre d'exemples sont d'Amérique du Sud, comme on le voit dans la vidéo. Voir aussi cet entretien récent en espagnol « La cuestión de la reproducción es esencial no solo para la organización capitalista del trabajo, sino para cualquier proceso genuino de transformación social » traduction souhaitée)
dans le zonage actuel du monde, on peut considérer que relèvent du même mouvement les luttes en France telles que 'femmes exploitées, sans papiers, des quartiers du 9.3'. C'est par conséquent en toute
logique que ces éléments trouvent ensemble leur place ici
Revolution at Point Zero, House Work Reproduction and Feminist Struggle (PDF) > la reproduction du capital, de la domination masculine, et des identités délétères
le livre à paraître Caliban et la Sorcière est paru en anglais il y a 10 ans : PDF (en attendant la sortie en français pour l'anniversaire de Lénine, on peut toujours regarder les
images)
autres textes plus récents Free access online articles (traductions souhaitées)
en 2012 paraît une compilation présentant l'intérêt d'être plus en prise sur le temps présent, avec la reproduction dans la globalisation
capitaliste et l'enjeu des 'communs' dans les luttes des femmes 2 heures avec Silvia Federici (un avantage, on la comprend en anglais aussi bien que les immigrés italiens dans les film de gangsters)

En voici le sommaire :
-
Part I: Theorizing and Politicizing Housework
Wages against Housework (1975)
Why Sexuality Is Work (1975)
Counterplanning from the Kitchen (1975)
The Restructuring of Housework and Reproduction in the
United States in the 1970s (1980)
Putting Feminism Back on Its Feet (1984)
-
Part II: Globalization and Social Reproduction
Reproduction and Feminist Struggle in the New International
Division of Labor (1999)
War, Globalization, and Reproduction (2000)
Women, Globalization, and the International Women’s
Movement (2001)
The Reproduction of Labor Power in the Global Economy
and the Unfinished Feminist Revolution (2008)
-
Part III: Reproducing Commons
On Elder Care Work and the Limits of Marxism (2009)
Women, Land Struggles, and Globalization:
An International Perspective (2004)
Feminism and the Politics of the Common in an Era of
Primitive Accumulation (2010)
concernant la perspective d'«abolition du genre», je rappelle mon désaccord avec le 'courant communisateur'/Théorie Communiste, et ma convergence avec ces considérations de Federici, qui distingue
différences et hiérarchisation :
Ce à quoi nous nous opposons c'est d'être contraint à exister au sein d'un schéma binaire masculin/féminin, avec la codification de formes spécifiques de comportement entre les sexes. Si "abolir le genre"
signifie cela, alors je suis complètement pour.
Mais il est absurde de considérer que toute forme de spécification par le genre doit toujours et nécessairement devenir un moyen d'exploitation et que nous devons vivre dans un monde asexué (sans genre).
Le fait qu'historiquement le genre, dans toute société fondée sur l'exploitation du travail, a été transformé en une fonction de travail et une marque de valeur sociale ne nous oblige pas à supposer nécessairement que le
sexe sera toujours un moyen d'exploitation, et que nous devrions faire semblant qu'il n'y a aucune différence entre les femmes et les hommes, ou que toute différence conduise à en abuser.
Ainsi l'idée que les identités de genre sont gelées, immuables, est injustifiée. Tous les mouvements philosophiques du XXème siècle ont contesté cette hypothèse. Dès l'instant où vous considérez qu'elles sont
des constructions sociales, vous reconnaissez également qu'elles peuvent être reconstruites. Il ne faut pas simplement les ignorer, les repousser et prétendre que nous sommes « rien ». Il s'agit de nous libérer nous-mêmes en
reconnaissant notre asservissement, parce que cette reconnaissance est la raison de notre combat, celle de s'unir et de s'organiser avec d'autres personnes.
un gauchisme intellectuel de couche moyenne européenne mâle et blanche
les thèses communisatrices, loin d'apporter quelque chose de plus aux analyses qu'elles empruntent à d'autres, les stérilisent dans la centrifugeuse de leur conceptualisation structuraliste, par
une batterie de notions pseudo-dialectiques ('écart') figeant le manque de communisme, auto-bloquant ainsi (en théorie) toute émergence de combat communiste au présent, ce que confirme leur
incapacité à entrer en tant que telles dans le concret des luttes et débats, immédiatement confrontées qu'elles sont à rompre avec l'être en miroir de leur théorie : l'activisme immédiatiste en Europe
occidentale
affaires pendantes, ou comme on dit 'barrées en couilles' ?
très bien que les "camarades communisateurs" aient pris l'initiative de traduire un premier ouvrage de Federici datant de dix ans, mais pourquoi leurs blogs et sites et staf de traducteurs 'supervisés'
(sic) ne font-ils rien pour introduire ces textes en France : un bon coup de commerce pour redresser les finances via Senonevero ? une gêne patente vu les contradictions de leur théorie avec l'engagement de Federici, moins
facile à envoyer balader qu'un Patlotch ? un excès de sexe ou de puritanisme ? une tartufferie judéo-chrétienne de plus au compte de 'Théorie Communiste', dans le genre on ne polémique qu'utile ?
la fin advenue des théories communistes blanches occidentales
en relation avec comment la race structure le capitalisme : fétichisme et
exploitation de Marx à Mbembe en passant par Roubine

la raison des soldes ?
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avec les considérations sur la place de l'esclavage dans l'histoire du capitalisme, et les formes de «travail bridé» de retour dans le capitalisme actuel, nous tenons de façon définitive que le «sujet
révolutionnaire» de la «classe ouvrière» ne reviendra plus, ni sous la forme de mouvement ouvrier mondial, ni dans une «communisation» dans laquelle le prolétariat retrouverait son unité autour de ce
concept
épuisée, la théorie de la communisation s'effondre sur sa base
c'est la thèse centrale de la communisation en tant que théorie post-prolétarienne (plutôt post-classouvrièriste) qui s'effondre. Comme déjà noté, si nous pouvons encore parler de 'prolétariat', c'est en tant que sujet
nu face au capital, dans une reconceptualisation fondamentale par rapport à la position centrale du salariat chez Marx (reste Bruno Astarian, qui a ouvert une piste avec son texte sur les
bidonvilles)
un deuxième aspect remis en cause est la structuration stricte du capitalisme actuel autour de la production de plus-value par le travail salarié
un troisième est l'attente d'écarts, susceptibles de produire un dépassement des limites du mode de production/reproduction, autour de la seule question de
l'exploitation
nous sommes bien devant un système capitaliste global, mais sa structure n'est pas fondée sur une seule contradiction binaire : entrent en jeu le rapport de classe dans la production, les femmes dans la
reproduction, et des aspects de contrainte au travail ou de rejet d'accès à ce moyen de vivre qui excèdent la vision marxiste traditionnelle
la question centrale de Théorie Communiste TC/RS, « comment une classe agissant strictement en tant que classe peut-elle abolir les classes ? » perd sa pertinence y compris dans son articulation avec la
contradiction de genre, ainsi que les thèses de la communisation dans la mesure où elles attendent la production d'événements sur ce seul critère
la fin des théories communistes blanches occidentales
la perspective de la communisation n'aura été qu'un moment théorique occidental renversant le programmatisme ouvrier et s'opposant aux alternatives démocratiques ou activistes. De ce peu d'importance au niveau mondial,
elle devient inopportune et impotente, comme en atteste le silence prolongé de des affidés
elle est désormais devenue nuisance en tant qu'elle justifie, plus qu'un combat communiste, un attentisme... communiste ? À ce titre, cette théorie est à critiquer comme l'inverse, en miroir, des alternatives
démocratiques :
le blog dndf en a pris acte en retirant mon site de ses liens resserrés sur l'anarco-communisation blanc européen, ce dont je me félicite
il existe un parallèle logique entre perte d'hégémonie occidentale dans le capitalisme mondial, et perte de pertinence des théorisations 'marxistes' occidentalo-centrées, qui ne peuvent rejouer indéfiniment la posture
universaliste de leur raison éclairante
les thèses de groupe anglais endnote sont réduites à une perspective communisatrice ayant perdu le fondement théorique que l'emprunt aux thèses françaises : leur cohérence se délite en
errance. Il n'en ressort plus guère que l'utopie négative, ou si l'on préfère, le "romantisme"
les caractéristiques avancées précédemment quant à la multiplicité du combat communiste sont à l'inverse confirmées
la question des luttes entre aujourd'hui et un éventuel processus révolutionnaire d'abolition du capitalisme est posée à nouveaux frais, comme alternative au capitalisme totalitarisme esclavagiste ou chaos social
moyen-âgeux
28 février
dialectiques du capital et de la révolution
géopolitiques du capital : pour une dialectique multidimensionnelle du
combat communiste
avertissement : métaphores, non modèles
mains et maintes fois que je te dis...
petite précision quant à l'usage que je fais de façon en apparence brouillonne d'œuvres d'art (peinture, improvisation collective...), de théories scientifiques (chaos, fractales...), voire de modélisations
articulant dialectique et complexité (Sève...)
je ne cherche pas un modèle pour appuyer une théorisation, cela sort
de mon mode de penser. Comme faisiat mine de s'interroger Victor Hugo : « Ne vaudrait-il pas toujours mieux faire des poétiques d'après une poésie, que de la poésie d'après
une poétique ? » Chaque champ d'intervention intellectuelle ou d'activités, chaque objet nécessite de le penser-faire de l'intérieur dans sa spécificité. Par conséquent, c'est à titre de
métaphores que je donne ces références, sans construire plus avant un système... de plus
le principal intérêt devrait être de suggérer, de communiquer des images mentales, des formes de représentation faisant d'elles-mêmes leur chemin dans la pensée de chacun
Roberto Matta N'abolira 1990
du monde au quartier un même modèle « L’espace du monde capitaliste restructuré est un zonage qui se
déploie de façon « fractale » à toutes les échelles : monde, continents, aires, pays, régions, métropoles, quartiers. A chaque niveau d’échelle, se côtoient et s’articulent : un noyau « surdéveloppé » ; des zones
constellées de focalisations capitalistes plus ou moins denses ; des zones de crises et de violence directe s’exerçant contre des « poubelles sociales », des marges, des ghettos, une économie souterraine contrôlée par des
mafias diverses. » RS/TC Le moment actuel, novembre 2005, Meeting n°3
sans nier la restructuration du monde capitaliste en zonage qui se déploie de façon « fractale » à toutes les
échelles, les événéments des dernières années, produits depuis 2007 dans la crise du capitalisme global et particulièrement depuis 2010, invitent à interroger sa géopolitique mondiale, ou plutôt ses géopolitiques
selon plusieurs catégories. On ne peut considérer le global comme un « modèle abstrait » indifférencié en dehors de sa distribution spatiale dans la géographie et l'histoire au présent. Quelques éléments
:
combien ?
La mondialisation capitaliste et les différents cadres de la géopolitique impériale Christian
Delarue Amitié entre les peuples 6 juillet 2010
le texte ci-dessous est choisi parmi d'autres comme point de départ. Je passe sur ses pré-supposés idéologiques
quant à la nature du capitalisme pour retenir la liste des catégories selon lesquelles se dessine une «géopolitique multidimensionnelle des dominations»
Qui dit géopolitique dit politique transnationale. La dire multidimenssionnelle signifie ne pas la réduire à l’impérialisme, ni au capitalisme même si ces dominations sont fortes. Quand aux résistances, elles
prennent le contre-pied de ces dominations et oppressions.
1. La vieille géopolitique des Etats
Le droit international positiviste ne connaît quasiment que les Etats et assez peu les peuples. Les Etats demeurent les grands acteurs reconnus des relations internationales. Des changements sont en cours. Les BRIC
- Brésil, Russie, Inde, Chine - tendent aujourd’hui à supplanter la domination des USA au plan mondial.[ce denier point tend a être dépassé par les effets de la crise dans les pays émergents]
2. La géopolitique des classes dominantes
De façon coordonnée ou non, cette géopolitique est plus capitaliste qu’impérialiste car elle porte une attaque franche contre les peuples-classe de chaque Etat sans exception au nord comme au sud.
L’intensité de l’attaque est variable ainsi que les modalités mais il n’en demeure pas moins que la lutte des classes dominantes est mondialisée. Ce qui ne signifie pas que les Etats n’ont plus de rôle
dans cette « guerre de classe ». En réponse une géopolitique des peuples-classe menée par les internationales ouvrières et le mouvement altermondialiste antisystémique peine à se construire.
3. La géopolitique contre les minorités nationales ou ethno-culturelles
On évoque ici les « peuples sans Etat », les minorités nationales implantées pour partie sur un ou même plusieurs Etats comme les kurdes. Ces peuples ne cessent de se faire entendre y compris de façon armée pour
défendre leurs droits . Les projets défendus sont variables allant de la libération nationale couplée a du fondamentalisme religieux a la perspective socialiste soucieuse des droits humains. Dans le premier cas la dynamique
scissionniste peut aboutir à la casse des structures de sécurité sociale nationale et de service public nationaux dans l’autre cas il peut s’agir d’une revendication de droits culturels ou linguistique
compatibles moyennant des entorses mineures avec l’existence de services publics nationaux et d’une sécurité sociale nationale. Cette géopolitique est différente de la géopolitique pro-israélienne ou de la
géopolitique du monde musulman qui se rattache peu ou prou à la géopolitique campiste dite du Choc des civilisations.
4. Le campisme et la géopolitique issue du Choc des civilisations
Cette géopolitique met l’accent depuis Samuel Huttington et le 11 septembre 2001 sur les dimensions démocratico-civilisationnelles pour invalider l’Orient arriéré au profit de l’Occident libre et
moderne . Elle n’a pas qu’un effet idéologique néfaste au niveau du racisme réactivé . Elle a aussi des effets en termes de militarisme accru. Cette stratégie sert de justification aux interventions militaires dans
les pays du Sud en fonction d’intérêts matériels plus ou moins tangibles. Il n’en est pas moins vrai qu’il existent des fous furieux de l’Islam radical obsédés de sexo-séparatisme et de théocratie. On en
oublierait qu’il existe aussi de part le monde des juifs pro-sionistes, pro-israéliens tout aussi peu recommandables quoique placés du côté occidental et qui sont d’ailleurs défendus par les gouvernements des USA et
de l’Union européenne.
5. Les géopolitiques continentales et transcontinentales
. En Europe il y a eu une géopolitique vers les PECO (1) comme une géopolitique des Etats dominants : axe franco-allemand
. Au sein des Amériques on peut lire une géopolitique de subordination de l’Amérique latine aux intérêts des USA et de sa classe dominante
. La Chine s’implante en Afrique et vient concurrencer la politique impériale de la France
6. La géopolitique des oppressions sexistes, xénophobes et racistes
La crise capitaliste a des effets sociaux qui portent non seulement sur les classes dominées - les travailleurs salariés et les paysans - mais aussi et surtout contre l’autre moitié de l’humanité : les
femmes. Ces dernières subissent partout plus fortement que les hommes la régression des droits sociaux et de l’égalité de l’accès à ces droits.
La période actuelle a pour autre caractéristique une forte xénophobie contre les migrants dont le nombre est croissant. Le racisme sous de multiples formes génère des discriminations qui s’ajoutent aux
inégalités sociales . Avec la diffusion de la thèse du choc des civilisations, la haine des musulmans, de tous les musulmans et dans tous les pays du nord, se profile avec force derrière le combat contre le fondamentalisme
islamique implanté dans certains pays d’Orient
Ce racisme - à comprendre comme une colère qui se trompe d’objet - freine la construction des solidarités et des mobilisations entre les peuples-classe.
cette géopolitique multidimensonielle offre une description concrète de ce qui est conceptualié de façon générale dans Tel Quel, le moment révolutionnaire comme conjoncture
Une "unité" de rupture « Il faut reconnaître actuellement une multiplicité de contradictions, multiplicité que
l’on peut également désigner comme multiplicité des formes d’apparition par lesquelles seulement la contradiction dans son unité (le mode de production capitaliste comme contradiction en procès) existe. La contradiction
dans son unité n’est rien d’autre que la totalité de ses attributs : son essence est son existence même.
Les contradictions qui opposent les classes moyennes, les chômeurs et précaires, les masses excédentaires des périphéries ou des banlieues, le « cœur stable » de la classe ouvrière, les ouvriers employés
mais constamment menacés, etc., au capital, à sa reproduction, à l’exploitation, à l’austérité, à la misère, etc., ne sont pas identiques entre elles et encore moins à la contradiction entre les femmes et les hommes.
De même, la classe capitaliste n’est pas un bloc unique et homogène, ni les nations ou ensemble régionaux structurant le cours mondial de la valorisation du capital. Il serait même d’une simplification extrême que de
considérer que ces deux ensembles de contradictions (celles internes à « ceux d’en haut », celles internes à « ceux d’en bas ») ne s’interpénètrent pas, que le prolétaire brésilien est étranger au conflit que
son capitalisme émergent entretient avec les Etats-Unis et les « vieux centres du capital » et que les hommes contre les femmes ne puissent être également des prolétaires contre l’exploitation capitaliste.»
Dans son mouvement, dans les formes qu’elle prend et abandonne, la lutte révolutionnaire se critique elle-même. C’est parce que cette lutte, jusqu’à son terme, est scindée entre d’une
part, ce qui demeure un mouvement objectif qui n’est pas une illusion, les contradictions du mode de production capitaliste, et, d’autre part, dans cette objectivité, la pratique de son abolition qui le désobjective,
qu’elle demeure structurellement idéologique. Elle vit de la séparation de l’objet et du sujet. C’est parce que la dissolution de l’objectivité constitue un sujet en tant que tel, et qui se considère
ainsi, que l’idéologie (invention, liberté, projet et projection) est inhérente à sa définition et son action*.
* Il faut cependant être très vigilant au statut accordé à cette distinction entre sujet et objet, aucun des deux ne tient son existence de lui-même ou même de leur réciprocité. En effet, la lutte du
prolétariat et même la révolution ne sont pas l’irruption d’une subjectivité (plus ou moins libre, plus ou moins déterminée) mais un moment du rapport du mode de production capitaliste à lui-même à
l’intérieur de lui-même, ceux qui voient là de l’objectivisme oublient seulement que le prolétariat est une classe du mode de production capitaliste et que celui-ci est lutte des classes. On ne peut isoler la
question du rapport entre la situation objective et la subjectivité de l’auto-contradiction du mode de production capitaliste. Le sujet et l’objet dont nous parlons ici sont des moments de cette auto-contradiction
qui dans son unité passe par ces deux phases opposées (unité de moments promus à l’autonomie).
N’ayant aucune base objective développée précédemment, le communisme est une production prise dans la contradiction d’un rapport contradictoire objectif dont le dépassement doit se produire alors
comme la formalisation consciente et volontaire d’un projet car le procès de la révolution récuse toujours son état présent comme étant son aboutissement. Projet idéologique car il récuse son fondement objectif dans son
état présent comme étant sa raison d’être, il place le futur, le devoir-être, comme compréhension du présent et comme pratique dans le moment actuel.
« Il y a de l’aléatoire, de la rencontre, des choses de l’ordre de l’événement dans une conjoncture : un dénouement qui se produit et se reconnaît dans l’accidentel de telle ou telle
pratique. Ainsi une conjoncture se présente comme ce qui arrive dans la mesure où “ce qui arrive” forme la condition particulière de ne pas savoir “ce qui peut arriver”, elle est le moment où peut
s’exercer la puissance de faire de “ce qui est” plus que ce qu’il contient, de créer en dehors des enchainements mécanistes de la causalité ou de la téléologie du finalisme. » Cette puissance est projet,
elle est idéologie.
Dans l’objectivité du processus révolutionnaire, le communisme est projet, c’est la forme idéologique du combat dans laquelle il est mené jusqu’au bout.
le croisement de ces deux approches nous indique les pistes suivant lesquelles peut se construire, en articulation sur plusieurs lignes de fronts, le combat communiste global susceptible d'être à la hauteur
de l'adversité capitaliste, elle-même démultipliée sur plusieurs fronts catégoriels dans l'espace et la polyrhytmie de leurs dynamiques entrelacées
fausses pistes
pour autant il n'y a pas plusieurs mondes, mais leur unité capitaliste face à laquelle opposer une unité de combats communistes
combien ?
je refuse ente autres le modèle indifférencié dans lequel me semble se noyer l'existence (à faire émerger) de deux camps antagonistes :
la complexité de rhizomes selon les lignes (de fuites) de Deleuze, dont ne se dégage aucune dynamique de changement historique radical, comme on a pu le constater chez ceux qui ont cru s'appuyer sur cette
philosophie post-moderne, et l'inscrire dans une perspective anti-capitaliste impuissante : c'est la démultiplication des contradictions «dialectiques» de l'altermondialisme démocratique, qui écarte de fait toute dialectique de
la totalité quelle qu'elle soit
comment ?
pour une DIAlectique pluridimensionnelle
la question est celle de l'inscription de ces divers champs d'affrontement dans leur surdétermination par une contradiction dialectique globale, à deux pôles opposés - laissons ici de côté la
question de savoir ce qui est contradiction, antagonisme ou opposition
pour reprendre la formulation de RS/TC en exergue, « reconnaître actuellement une multiplicité de contradictions, multiplicité que l’on peut également désigner comme multiplicité des formes d’apparition
par lesquelles seulement la contradiction dans son unité (le mode de production capitaliste comme contradiction en procès) existe», c'est réconnaître « la contradiction dans son unité [qui] n’est rien d’autre
que la totalité de ses attributs : son essence est son existence même »
Matta Comment une conscience se fait univers
(peut-être) 1992
un combat communiste pluridimensionnel
alors nous pouvons approuver la chute « dans l’objectivité du processus révolutionnaire, le communisme est projet, c’est la forme idéologique du combat dans laquelle il est mené jusqu’au
bout », mais seulement après ce détour par lequel nous reconnaissons la multiplicité, la pluridimensionnalité des fronts sur lesquels se mène le combat communiste global, avec la nécessité d'une subjectivation
révolutionnaire, dans la convergence d'un affrontement binaire vers une «unité de rupture», comme enjeu immédiat : lutte initiale
24 février 2014 17:08
renverser la perspective 2
avec Jacques Camatte contre ses
critiques post-prolétariennes
peintures de Patrick Hughes Reverspective

négation de la négation du discours théorique, la poésie au service de la révolution, ou Debord renversé
« Guy Debord : la révolution au service de la poésie » Vincent Kaufmann
2001
Femmes profondes de passion et de lutte
Doux amis à la rage d’amour
Je vais le cœur rempli de vous
Á la rencontre de vos traces.
Giorgio Cesarano 21 Janvier 1975

« Pas un mot sur les « modalités » de la lutte ? C'est que trop de mots se sont
trop longtemps interposés en lieu et place de la lutte. Si la critique suggérait à quiconque ce qui est à réaliser, ce serait pour retomber dans la fosse dérisoirement ouverte devant les
scènes des théâtres. À chacun d'agir par lui-même, avec ses pairs : dans la mesure où il ne se conciliera pas avec lui-même, ainsi que les évènements le déterminent à être, il sera avec tous,
dans la lutte de tous. Pas un mot sur ce qui est à réaliser afin que chacun sache, pour soi, s'enflammer dans la passion unitaire de la création, de l'amour et de la participation. « Nous ne
craignons pas les ruines », dit Buenaventura Dunuti. «Nous hériterons de la terre, c'est certain. Nous portons en nous un monde nouveau, et ce monde grandit à chaque instant qui passe. ? grandit même
maintenant que je suis en train de vous parler.» Manuel de survie, Critique de la passivité Giorgio Cesarano
1974 0 Je ne suis pas «moi», moi.
1 La critique est le paradoxe qui fait, en la montrant possible, se saisir la praxis de ce qui la rend vraie, et dévoile son impossibilité manifeste d'être dans l'ordre du
discours.
1.1 La critique est la négation du discours pratiquée, avec ses moyens contre ses fins.» hors marges Giorgio Cesarano

Jacques Camatte a-t-il été compris par ses critiques post-prolétariennes ?
les penseurs post-prolétariens critiquant Camatte, particulièrement Théorie Communiste, ont beaucoup insisté sur sa formule, il est vrai ambigüe, de «quitter le monde», mais l'accusent
d'abandonner purement et simplement la perspective révolutionnaire d'abolition du capital. En voient-ils la preuve dans cette autre peu claire : «l'échappement du capital». Ils font comme
si...
tout en considérant que les débats sur la valeur ont pris un coup de vieux, j'avoue mon
incompétence pour rentrer dans ces considérations théoriques, et je me demande bien jusqu'où peut aller Astarian sur l'abolition de la valeur mise au centre de la problématique de l'abolition du capital par la
communisation
toujours est-il que traiter Camatte en chien crevé est un coup bas de plus au compte de qui se sera distingué pour éliminer la concurrence théorique et se présenter comme la théorie
adéquate à son temps. Qu'ils courent après leurs ombres, il n'y a plus de soleil communisateur à l'horizon. La structure s'est coincée la bulle dans la totalité de leurs
cervelles
ils nous diront encore que ni Camatte, ni moi ne « produisons théoriquement la révolution», alors qu'eux ne le font
que dans leur fantasme, en comblant leur manque d'un raisonnement par l'absurde, comment le prolétariat n'ayant plus d'identité de classe va-t-il s'auto-abolir en la recréant dans l'unité le moment venu... ils n'ont en
main qu'une utopie négative, une religion communiste
De Chirico Architecture métaphysique 1915-20
?
il n'y a pas à se perdre en théorisations, conjectures et conjonctures, mais à savoir ce que nous pouvons faire ici et maintenant pour rendre possible une issue communiste au capitalisme
c'est au présent que je parle de combat communiste, de mener la lutte
initiale en dépassant notre passivité, et parce que nous n'avons pas d'autre choix, de faire comme si elle pouvait mener à la révolution
aujourd'hui, je trouve dans la pensée de Jacques Camatte, sans équivalent par sa profondeur de champ, de quoi nourrir mon questionnement inscrit dans la perspective communiste > le CAPITAL CONTRE le VIVANT, la RÉVOLUTION POUR la VIE
n'est-elle que de hasard, cette convergence ancienne avec Giorgio Cesarano, poète et critique communiste ?
quant à l'auto-subjectivivation d'un sujet révolutionnaire, nous revoilà au cœur de notre lutte
initiale

éclairages
Wikipédia : « Jacques Camatte est un écrivain français, théoricien marxiste et membre du Parti communiste international (PCInt),
parti italien de gauche communiste influencé par Amadeo Bordiga, qui dénonce l'URSS en tant que pays capitaliste et vise à reconstruire un « vrai » léninisme. Suivant les thèses du Parti communiste italien primordial (sous la
direction de Bordiga), il refuse toute participation au système électoral et considère généralement la démocratie comme une perversion de la lutte des classes et un moyen d'oppression. Camatte quitte le PCI en 1966 pour protester
contre son tournant « militantiste » et pour défendre la pureté de la théorie révolutionnaire dans son journal Invariance.
Après la collecte et la publication d'un grande quantité de documents historiques relevant des courants de la gauche communiste et l'analyse des écrits de Marx les plus récemment découverts, Camatte
abandonne la perspective marxiste au début des années 1970, considérant que le capital était devenu totalitaire structurellement, ne laissant aucune place et personne en dehors de son influence, et qu'il avait réussi à façonner
l'humanité à son profit, que la classe ouvrière, incapable de changer sa situation, n'était rien de plus qu'un aspect du capital, qu'un mouvement futur ne pourrait consister qu'en une lutte entre l'humanité et le capital
lui-même, plutôt qu'entre les classes.
Pour Jacques Camatte en effet, "de nos jours, de façon palpable, fascinante et tragique s'impose à tous la faillite
de la prophétie apocalyptique de Marx : L'émancipation de l'humanité grâce à l'assaut des prolétaires aux citadelles du capital qui, soit a fait faillite, soit ne s'est pas présenté au rendez-vous de l'histoire." Au
début des années 70, avant de quitter ce monde, il affirmait, dans la revue Invariance, que l'humanité s'est enfoncée dans l'errance avec le développement, qui finit par décomposer et cannibaliser l'humanité et le prolétariat
lui-même, avec l'assentiment du marxisme qui prête à ce développement un potentiel libérateur en propageant "l'illusion de pouvoir diriger l'essor des forces productives dans une autre voie que celles qu'elles avaient
empruntées "; que "le mode de production capitaliste, qui devait obligatoirement - afin de pouvoir subsister- annihiler la négation qui le rongeait", était parvenu à englober la contradiction qui l'opposait au travail
salarié, et que le marxisme avait permis l'universalisation du mode de production capitaliste, en jouant vis-à-vis de celui-ci le même rôle que le christianisme avait joué pour l'empire
romain.
En relevant que le prolétariat, dont le mouvement négateur était désormais terminé, "n'a jamais posé réellement une société
antagonique à celle du capital", il faisait l'hypothèse que "le cycle de la classe prolétarienne est désormais terminé, d'une part parce que ses objectifs ont étés réalisés, d'autre part parce qu'elle n'est plus, à
l'échelle mondiale, déterminante", que "surtout après 1945, le prolétariat classe révolutionnaire s'est survécu grâce à son mythe", alors qu'en réalité, ses mouvements ne servaient plus qu'à régénérer le
capitalisme, "un peu à la façon des révoltes paysannes dans le mode de production asiatique ", et que les luttes conduites sur la base du vieux mouvement ouvrier n'étaient plus bonnes qu'à liquider les restes d'un monde
déjà condamné, comme si chaque poussée révolutionnaire forçait le capitalisme à aller de l'avant, à passer à un stade ultérieur de son développement. Il pronostiquait ainsi l'irrésistible épuisement du phénomène révolutionnaire en
occident.
Ce pessimisme sur la perspective révolutionnaire s'accompagne de l'idée que nous pouvons « quitter le monde », vivre
plus proches de la nature et cesser de nuire aux enfants et de déformer leur esprit naturellement sain.»
voir aussi Quarante ans plus tard, retour sur la revue Invariance, Temps Critiques novembre
2012

22 février 13:30
que ne pas faire pour faire ?
Bartleby
dire ce qu'on fait, faire ce que dit, banalité de base qui devrait être
engagement et gage de performativité en paroles et en actes des communistes révolutionnaires. Communistes parce que s'incrivant dans la perspective d'abolition du capital, révolutionnaires parce
que considérant que cela nécessitera une rupture du type révolution, et non des petits pas, une transition démocratique radicale ou étatiste
le 'démocratisme radical' n'a pas dit son dernier mot : blancs benêts et bonnets rouges
si les belles heures des 'mouvements sociaux' altermondialiste, en tant que mouvement de masse international, sont passées, les illusions demeurent et les tentatives de relance ne vont pas manquer. Le Colloque de
Nanterre, Penser l'émancipation, montre les contradictions qui traversent les ex leaders de ce mouvements en France - dirigeants d'ATTAC, dirigeants, élus et idéologues des partis d'extrême gauche - auxquels s'ajoutent quelques
figures de la nouvelle génération, y compris sur les questions du genre et de la 'race'
la vision, voire le projet d'une alternative démocratique se présentera encore sous le nom de
'communisme', comme en témoignent le programme de ce colloque, la forte présence d'ex-leaders trotkistes aujourd'hui proches du 'Front de Gauche', et les grands écarts du PCF et des contenus de sa presse,
l'Humanité...
on ne peut avoir un pied dans le camp politico-électoraliste, un pied dans celui des luttes portant à conséquences
par conséquent, il est nécessaire de faire la clarté sur ce qu'on appelle encore 'communisme', sur le critère 'révolution ou pas', 'transition démocratique' ou pas, et ceci quelles que soient les chances de succès de
cette idéologie de recréer un mouvement international hégémonique, qui sont faibles dans la mesure où la dynamique historique, la crise aidant, n'est plus de ce côté
la tentation alternative en habits veufs, radicale en paroles plus qu'en actes, sera toujours présente, et toujours comme contre-révolution
le 'courant communisateur' a du plomb dans l'aile
I'm crazy 'bout your walk
le 'courant communisateur' n'aura été qu'un moment cherchant à l'aveugle et de façon prématurée la jonction d'une théorie et de pratiques séparées. Théorie Communiste, son fer de lance rouillé, n'a cessé
de créer la confusion, par sa théorie auto-contradictoire et les pratiques qui en ont découlé au sein des revues Meeting et SIC
s'étant tiré une balle dans le pied en digne héritier de l'ultra-gauche, manquant de pratique, le 'courant communisateur' s'est raté
non à la lutte désarmante
au-delà du constat de rupture de Théorie Communiste
« Le projet Sic, pour nous, est mort [...] un malade que l’on aurait pu, il est vrai, maintenir encore quelque
temps sous perfusion. [...] Les divergences doivent être clarifiées, on ne peut faire l’économie de la dispersion actuelle, elle est nécessaire et bienvenue. La forme « d’être ensemble » s’est
révélée prématurée et parfois contre-productive. [...] La perspective d’une revue internationale n’est pas définitivement close, mais il faut de la décantation à la fois entre nous et dans
l’histoire … qui est longue. » TC Fin de parti(e) 6 octobre 2013
c'est 'le courant communisateur' lui-même qui est moribond sur la base où il
s'est constituée il y a une dizaine d'années, comme corpusculaire et groupusculaire, sans aucun effet ni dans les luttes ni dans les esprits, au-delà de ceux qui l'animaient où le contemplaient
passivement
la «dispersion» est actée et définitive, les «divergences à clarifier» n'ont pas à l'être entre ex·participants de la revue SIC, et «la perspective d'une revue internationale» entre eux est à
écarter
toutes ces pré-visions sont à reléguer au musée de la théorie post-prolétienne en même temps que la pensée molle post-post-moderne
1982
Tirez pas sur l'ambulance
J' suis déjà dans le trou
Tirez pas sur l'ambulance
Je suis presque à genoux
Dites-moi qui de vous n'a pas dit
"Tout va très bien, merci"
En attendant le retour du guerrier fatigué
Le plein d'excuses dans son café
seul 'post' à penser et faire : le post-capitalisme
il n'y a plus à opposer de façon contorsionniste 'immédiateté' future de la révolution et 'immédiatisme' activiste dans les luttes
à 'parler au présent de communisation' en déplorant l'incompréhension que produit sa théorie même
il y a des tâches communistes immédiates dans une lutte initiale sans autre finalité que produire en actes le dépassement du capital
la nécessité d'un mouvement social communiste international
The Communist International published a theoretical magazine in a variety of European languages from 1919 to 1943
c'était en fait le journal de propagande de la Troisième Internationale, le Komintern à direction soviéto-russe
il nous faut prendre acte de l'échec programmé de toute tentative de créer du mouvement communiste soit au seul niveau
local soit au niveau global
ce constat est ancré dans ce que nous observons par exemple en Ukraine. Non qu'il y aurait dans ces événements une frange exprimant en actes ou en paroles la nécessité d'une révolution communiste (du moins à ce jour
n'en ai-je pas entendu parler), mais parce que les contradictions entre jeunes émeutiers sans espoir, enragés contre l'État et opposition politique voulant prendre la direction du pays, sont aussitôt exploitées au niveau
international par les dirigeants politique du capitalisme mondial, serait-ce dans la concurrence.
c'est à cela que tient la nécessité d'émergence d'un mouvement communiste articulant les niveaux local(s) et
global
dire «mouvement communiste internationale», vue la connotation historique de ces mots, suppose d'écarter clairement l'idée d'un parti, d'une organisation ou d'un réseau visant à en
prendre la direction, ou pire la création d'une entité internationale, une sorte d'ATTAC communiste révolutionnaire
et non à l'nsémination artificielle
cela étant, le moment dépassé de l'altermondialisme indique des possibles... à conditions d'assumer les clivages, les ruptures et
les affrontements inhérents à la période qui s'ouvre, telles que je les ai soulignés et souhaités dans il va falloir choisir 1 2&3 ou à propos du Colloque 'Penser l'émancipation'
l'enjeu n'est pas de créer un 'courant communisateur' nouveau, identifiable et sectaro-identitaire, auto-référentiel à coups d'échanges de textes de loin en loin, sorte d'avant-garde théoricienne, assurant en coulisses
et coups lisses sa promotion séparée des luttes mêmes sur lesquelles il pense fonder son discours
l'enjeu est de diffuser 'bio-politiquement' un état d'esprit et de pratiques sans avoir à étiqueter ceux et celles qui en seraient partie prenante et constituante
oui au communisme en réseau
bref 'le parti' au sens relativement informel, c'est-à-dire des individus communistes dans l'esprit rénové du Manifeste du Parti Communiste de Marx et Engels en 1848, un passage
qui, aux «mouvement ouvrier», «partis ouvriers» et à «la conquête du pouvoir politique» près, n'a pas pris une ride
II Prolétaires et Communistes « Quelle est la position des communistes par rapport à l'ensemble des prolétaires ? Les communistes ne forment pas un parti distinct
opposé aux autres partis ouvriers. Ils n'ont point d'intérêts qui les séparent de l'ensemble du prolétariat. Ils n'établissent pas de principes particuliers sur lesquels ils voudraient modeler le mouvement
ouvrier.
Les communistes ne se distinguent des autres partis ouvriers que sur deux points :
1. Dans les différentes luttes nationales des prolétaires, ils mettent en avant et font valoir les intérêts indépendants de la nationalité et communs à tout le prolétariat.
2. Dans les différentes phases que traverse la lutte entre prolétaires et bourgeois, ils représentent toujours les intérêts du mouvement dans sa totalité.
Pratiquement, les communistes sont donc la fraction la plus résolue des partis ouvriers de tous les pays, la fraction qui stimule toutes les autres; théoriquement, ils ont sur le reste du
prolétariat l'avantage d'une intelligence claire des conditions, de la marche et des fins générales du mouvement prolétarien. Le but immédiat des communistes est le même que celui de tous les partis ouvriers : constitution des prolétaires en classe, renversement de la domination bourgeoise, conquête du pouvoir politique
par le prolétariat.
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